Un consortium international a fait une percée significative dans la découverte des bases génétiques de l’obésité, en identifiant 18 sites de gènes associés à l’obésité globale, et 13 qui affectent la distribution de la graisse dans le corps.
Les études comprennent des données sur presque un quart de million de participants, la plus grande étude génétique sur les caractéristiques humaines à ce jour. L’article du consortium GIANT (Genetic Investigation of ANthropometric Traits), constitué de plus de 400 scientifiques provenant de 280 institutions de recherche dans le monde, a été publié dans Nature Genetics [1].
Joel Hirschhorn, auteur principal de l’étude déclare : “différentes personnes possèdent différentes susceptibilités à l’obésité. Certaines ne regardent pas vraiment ce qu’elles mangent, ni la quantité d’exercice qu’elles font, et ne prennent pourtant pas de poids. Tandis que d’autres luttent constamment pour conserver leur poids contre tout envol. Certaines de ces variabilités sont génétiques, et notre objectif était d’augmenter notre connaissance expliquant pourquoi certaines personnes ont différentes susceptibilités héritées face à l’obésité.”
La plupart des gènes nouvellement impliqués dans ces études n’avaient jamais été suspectés avoir un rôle dans l’obésité, les résultats des articles commencent à éclairer la biologie sous-jacente, ce qui pourrait conduire à une meilleure catégorisation et des traitements contre l’obésité dans le futur.”
L’étude a regardé les déterminants génétiques de l’indice de masse corporelle (IMC), qui est le poids d’un individu en kilos sur sa taille en mètres carrés. Les chercheurs ont associé les données de 46 études, impliquant 124000 personnes, et ont confirmé les résultats chez presque 126000 individus de plus, pour identifier un total de 32 sites génétiques associés à l’IMC, dont 18 sont nouveaux. L’une des nouvelles variantes se situe dans le gène codant une protéine réceptrice qui répond aux signaux de l’intestin pour influencer les niveaux d’insuline et le métabolisme. Une autre est près d’un gène connu pour coder les protéines qui affectent l’appétit.
“Un des éléments les plus excitants de ces travaux est que la plupart des variantes identifiées associées à l’IMC sont dans, ou proches des gènes qui auparavant n’avaient jamais été associés à l’obésité. A travers ces travaux, nous découvrons que les fondements biologiques sous-jacents de l’obésité sont nombreux, variés et largement sans caractéristiques” dit le Dr Elizabeth Speliotes co-auteur de l’étude.
Bien que les effets de chaque variante individuelle soient modestes, les individus qui portent plus de 38 variantes augmentant l’IMC étaient en moyenne plus lourds de 7 à 12 kilos que ceux qui en portaient moins de 22. Cependant, même en association, ces variantes n’expliquaient seulement qu’une petite fraction de la situation globale du poids du corps.
Les chercheurs ont découvert que l’information génétique combinée de ces variantes était légèrement meilleure que de tirer à pile ou face pour prédire si un individu serait obèse, probablement parce que de nombreux autres facteurs, à la fois génétiques et environnementaux, contribuent au poids global.
La seconde étude a regardé les associations génétiques, et notamment comment la graisse est distribuée dans tout le corps.
Des études ont montré que le stockage de graisse dans l’abdomen augmentait les risques de diabètes de type 2 et de maladies cardiovasculaires, même après ajustement de l’obésité. Au contraire, la graisse stockée dans les hanches et les membres inférieurs semble protéger contre les diabètes et la tension artérielle. Les enquêteurs ont examiné les déterminants génétiques du ratio taille sur hanches, une mesure de la distribution de graisse, en analysant les données sur plus de 77000 participants dans 32 études.
Les régions identifiées dans cette analyse ont été confrontées aux données de 29 autres études, comprenant plus de 113500 individus. Ceci a révélé 14 gènes associés au ratio taille/hanches, ajoutant 13 nouvelles régions, et confirmant la seule association déjà connue.
Sept des variations génétiques identifiées avaient des effets plus forts chez les femmes que chez les hommes, ce qui suggère qu’elles pourraient expliquer certaines des différences dans la distribution de la graisse dans le corps entre les hommes et les femmes. Bien que ces régions génétiques identifiées expliquent seulement environ 1% de la variation générale impliquée dans les ratios taille/hanches, ces découvertes insistent sur les mécanismes biologiques spécifiques impliqués dans la régulation des endroits où le corps stocke les graisses.
Les régions qui affectent la distribution des graisses impliquent des gènes concernés dans la régulation du cholestérol, des triglycérides, de l’insuline et de la résistance à l’insuline, qui pourraient améliorer la compréhension des dépôts de la graisse dans certaines régions du corps, et pourquoi ces dépôts sont plus fortement associés à des troubles métaboliques que l’obésité elle-même.
“En découvrant les gènes qui ont un rôle important et qui influencent la distribution de la graisse, et les moyens par lesquels cela est différent entre les hommes et les femmes, nous espérons pouvoir lever le voile sur des processus biologiques sous-jacents qui sont cruciaux” conclut le Dr Lindgren, chercheur.
Références :
[1] Iris Heid et al., Meta-analysis identifies 13 new loci associated with waist-hip ratio and reveals sexual dimorphism in the genetic basis of fat distribution. Nature Genetics, 2010.