Le fait de savoir que les gènes sont en partie responsables de votre état de santé signifie-t-il que vous êtes moins susceptible d’être motivé pour chercher des moyens de changer vos comportements ? Selon le Dr. Suzanne O’Neill du National Human Genome Research Institute/National Institutes of Health, et ses collègues, dans l’ensemble les gens sont toujours intéressés pour savoir ce qui, dans nos habitudes, impacte notre santé.

Cependant, ceux qui ont le plus besoin de modifier leur style de vie sont les plus susceptibles de favoriser les explications génétiques pour expliquer leur maladie, et plus ils ont des comportements à risques, moins ils seront en mesure de s’intéresser aux informations relatives à un changement de leur comportement. L’étude en question a été publiée dans le journal Annals of Behavioral Medicine [1].

La réalisation du Projet sur le Génome Humain (Human Genome Project) a permis d’accumuler les informations sur les risques génétiques, associant les variantes de certains gènes à un certain nombre de conditions de santé fréquentes. Mais il y a quelques problèmes, car cette information sur les risques génétiques pourrait pousser certains individus à donner aux causes génétiques une importance injustifiée, tout en réduisant la contribution des facteurs relatifs à leur style de vie et environnementaux bien connus, ce qui conduirait à réduire leur motivation pour opérer des changements de leur comportement.

Cette mauvaise interprétation potentielle de l’information génétique peut miner les efforts de santé publique visant à promouvoir ces changements de comportements nécessaires afin d’éviter certaines maladies.

Pour identifier les liens entre l’histoire familiale, les risques comportementaux, les attributions causales des maladies et la valeur perçue de l’information mettant l’accent sur les habitudes pour la santé ou les gènes, les auteurs ont demandé à 1959 adultes américains en bonne santé de répondre à une enquête.

Celle-ci évaluait les facteurs de risque comportementaux des patients (activité physique, habitudes alimentaires, tabagisme, consommation d’alcool, exposition au soleil, consommation de multivitamines et indice de masse corporelle), l’histoire familiale, les attributions causales pour huit maladies largement évitables (certains diabètes, ostéoporose, maladies cardiovasculaires, cholestérol, hypertension, cancer du poumon, du colon et de la peau), et leurs préférences pour un type d’information donné sur la santé entre tous les autres.

Ils ont découvert que la majorité des participants reconnaissaient que les comportements étaient davantage susceptibles de causer une mauvaise santé que la génétique. Dans l’ensemble, ils étaient plus intéressés par l’information sur la santé et leur mode de vie, que génétique, pour comprendre ce qui affecte leurs chances d’avoir certaines pathologies. Cependant, comme le nombre de facteurs de risque comportementaux augmente, la tendance à favoriser les explications génétiques augmente aussi.

Les auteurs de conclure : “nos résultats mettent en lumière le fait que, bien que la plupart des gens ne mettent pas les pathologies les plus fréquentes sur le dos de la génétique, ni ne mettent en avant des attributions causales erronées pour se défendre qui cacheraient leur besoin de changements comportementaux, ceux chez qui ces changements de style de vie sont les plus importants et nécessaires sont les plus susceptibles de répondre en se défendant et en dévaluant l’information à propos des comportements face à la maladie.

Une explication possible, suggérée par les auteurs, est que les participants à risque du point de vue de leur style de vie, pourraient avoir déjà vécu une époque durant laquelle ils ont cherché à appliquer les conseils qu’ils avaient reçus sans succès. Il en résulte que ces individus pourraient, de ce fait, voir moins de valeur dans ce type d’information.

Références :

[1] O’Neill SC et al (2010). Preferences for genetic and behavioral health information : the impact of risk factors and disease attributions. Annals of Behavioral Medicine

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