Il est clair que le toucher et l’émotion peuvent être intimement liés : la caresse d’une main peut provoquer de l’excitation, du confort ou de l’aversion, tout cela dépend de qui est à l’origine du toucher et quand.
Mais une recherche publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences [1], montre que la connexion émotionnelle apparait très tôt quand le cerveau traite un toucher social.
En utilisant des scanners du cerveau pour enregistrer les réactions d’hommes hétérosexuels, une équipe de chercheurs a regardé comment les hommes réagissaient quand ils croyaient que leur cuisse recevait des caresses sensuelles de la part d’une femme séduisante, contre celles provenant d’un homme.
Ils ont découvert qu’une région du cerveau, le cortex somato-sensoriel primaire, dont on pensait qu’il ne réagissait qu’au toucher physique, réagissait plus au toucher féminin qu’au toucher masculin.
La différence n’était pas le résultat du toucher réel, car la caresse en soi était toujours délivrée par des femmes dans tous les cas. Les hommes, qui étaient soumis à une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), regardaient des vidéos qui les poussaient à croire que l’une de leur jambe était touchée par un homme ou par une femme. Les scanners des IRMf détectaient des changements dans le flux sanguin de leur cerveau.
Les hommes ont aussi rapporté que le toucher perçu comme venant des femmes était plus agréable, tandis qu’ils espéraient éviter le toucher masculin.
“Nous avons démontré que le cortex somato-sensoriel primaire – la région du cerveau qui encode les propriétés basiques du toucher comme celles de la dureté ou la douceur d’un objet – est aussi sensible à la signification sociale du toucher” explique le chercheur Michael Spezio. “On pensait généralement qu’il y avait des chemins cérébraux séparés pour la façon dont nous traitons les aspects physiques du toucher sur la peau, et la manière dont nous interprétons émotionnellement ce toucher, c’est-à-dire si nous le ressentions comme agréable, désagréable, désiré ou répulsif. Notre étude montre qu’au contraire, l’émotion est impliquée dés les premières étapes du toucher social.”
Les résultats indiquent que les perceptions sociales associées au toucher altèrent notre perception de la sensation physique.
“Rien dans notre cerveau n’est véritablement objectif” dit Christian Keysers, chercheur. “Notre perception est profondément et complètement modelée par la façon dont nous ressentons les choses que nous percevons.”
Références :
[1] Primary somatosensory cortex discriminates affective significance in social touch. aleria Gazzola, Michael Spezio, Joset Etzel, Fulvia Castelli, Ralph Adolphs, Christian Keysers. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2012.