Selon des chercheurs du King’s College de Londres, le fait de dormir plus longtemps chaque nuit est un moyen assez simple pour réduire sa consommation d’aliments sucrés et peut aider à avoir une alimentation plus saine [1].
Le sommeil est une variable modifiable pour différentes conditions y compris pour l’obésité et les maladies cardio-métaboliques, et nombreux sont ceux qui manquent de sommeil de nos jours en Occident.
Cette étude contrôlée et randomisée, publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition, a analysé la faisabilité d’une augmentation des heures de sommeil chez les adultes qui dorment en général moins queles sept heures recommandées par jour.
En parallèle, les chercheurs ont réalisé une étude pilote pour analyser l’impact d’une augmentation des heures dormies sur la consommation de nutriments. Ils ont trouvé que le fait d’allonger le temps du sommeil avait pour conséquence une réduction de 10 grammes de la consommation de sucres par rapport aux niveaux de départ. Les chercheurs ont aussi remarqué une tendance à la réduction de la consommation totale de glucides rapportées par le groupe qui avait augmenté son temps de sommeil.
L’auteur principal de l’étude, le Dr Wendy Hall, déclare que le fait d’allonger le temps de sommeil conduit à réduire sa consommation de sucres, plus précisément de sucre raffiné qui est ajouté dans les aliments par les fabricants ou quand on cuisine à la maison, mais aussi des sucres dans le miel, les sirops et les jus de fruit, ce qui montre qu’un simple changement de son style de vie pourrait permettre d’aider les gens à avoir une meilleure alimentation.
Les participants de l’étude qui faisaient partie du groupe devant allonger leur temps de sommeil ont eu une consultation de 45 minutes afin de les aider à dormir 1 heure et demie de plus chaque nuit. Un autre groupe de contrôle de 21 participants n’a pas modifié ses habitudes de sommeil du tout.
Chaque participant du groupe au sommeil allongé devait respecter un minimum de quatre comportements recommandés pour améliorer son hygiène de sommeil, conseils qui étaient personnalisés selon leur mode de vie (comme éviter la caféine avant d’aller au lit, mettre en place une routine de relaxation, ne pas aller au lit en ayant faim ou trop mangé) et une heure recommandée pour aller se coucher.
Pendant les sept jours qui ont suivi cette consultation, les participants devaient enregistrer leur consommation alimentaire et leurs temps de sommeil dans un journal, un capteur de mouvements à leur poignet mesurait aussi exactement la durée de leur sommeil réel, tout comme le temps qu’ils passaient au lit avant de s’endormir.
86 % de ceux qui avaient reçus les conseils sur le sommeil ont augmenté le temps passé au lit et la moitié a augmenté sa durée de sommeil (qui allait de 52 minutes à presque 90 minutes de plus). Trois participants ont réussi à atteindre le temps de sommeil recommandé situé entre sept heures et neuf heures. Il n’y avait pas de différences importantes dans le groupe de contrôle (qui n’avait rien changé à ses habitudes).
Les données ont aussi montré que cette durée de sommeil allongée pouvait être cependant d’une moins bonne qualité que dans le groupe de contrôle, les chercheurs pensent qu’il faut une période d’ajustement pour que toute nouvelle routine puisse être adoptée.
Les chercheurs commentent : “la durée du sommeil et sa qualité sont un domaine qui prend de plus en plus d’importance pour la santé des gens, et elle est associée à différents facteurs de risques pour différentes conditions médicales. Nous avons montré que les habitudes de sommeil peuvent être changées assez facilement chez les adultes en bonne santé via une approche personnalisée.”
“Nos résultats montrent aussi que le fait d’augmenter le temps passé au lit d’une heure ou plus peut conduire à faire de meilleurs choix alimentaires. Ceci renforce le lien entre les sommeils trop courts et une alimentation de mauvaise qualité qui avait déjà été observée dans des études précédentes.”
“Nous espérons étudier davantage ce lien, grâce à des études à long terme pour examiner plus en détails la consommation de nutriments et l’adhésion continue aux comportements permettant un sommeil plus long, notamment dans les populations à risque d’obésité ou de maladies cardiovasculaires.”
Références :
[1] Haya K Al Khatib et al. Sleep extension is a feasible lifestyle intervention in free-living adults who are habitually short sleepers : a potential strategy for decreasing intake of free sugars ? A randomized controlled pilot study. American Journal of Clinical Nutrition, 2018.