Une grande étude, publiée dans The Lancet [1] qui a comparé l’efficacité du paracétamol au placebo contre le mal de dos, a trouvé que le paracétamol n’est pas plus efficace qu’un placebo pour accélérer la récupération suite à des épisodes de lombalgie aigüe, ni pour ce qui est d’améliorer les niveaux de douleur, l’activité, le sommeil ou la qualité de vie. Cette étude remet en question le réflexe quasi universel et automatique qui est de prendre cet antidouleur contre les maux de dos.

La lombalgie est une des principales causes d’handicap dans le monde. Les recommandations cliniques conseillent presque partout de prendre du paracétamol comme premier analgésique pour les lombalgies, malgré le fait qu’aucune étude n’ait apporté d’éléments de preuve solides qu’il soit efficace chez les gens qui souffrent de maux de dos.

L’étude PACE (Paracetamol for Low-Back Pain Study) a réparti au hasard 1652 individus (âgés en moyenne de 45 ans) qui souffraient de lombalgie dans 235 centres de soins pour qu’ils reçoivent jusqu’à 4 semaines de paracétamol en doses régulières (trois fois par jour, équivalent à 3990 mg par jour), ou à la demande (maximum de 4000 mg par jour) ou un placébo. Tous les participants recevaient aussi des conseils, étaient réconfortés et suivis pendant 3 mois.

Aucune différence dans le nombre de jours de récupération n’a été trouvée entre les différents groupes de traitement – le temps médian pour récupérer était de 17 jours dans le groupe qui prenait régulièrement du paracétamol, de 17 jours dans le groupe qui en prenait à la demande et de 16 jours dans le groupe placébo. Le paracétamol n’avait pas non plus d’effet sur les niveaux de douleur à court terme, ni sur le niveau d’handicap, ni sur l’activité, pas plus que sur la qualité du sommeil ni sur la qualité de la vie. Le nombre de participants qui a rapporté des effets secondaires était aussi le même dans tous les groupes.

“Un analgésique simple comme le paracétamol pourrait ne pas être d’une importance capitale pour la gestion de la lombalgie” explique l’auteur de l’étude le Dr Christopher Williams de l’Université de Sydney. “Les résultats montrent qu’il faut revoir cette recommandation universelle qui est de délivrer du paracétamol comme premier traitement contre les lombalgies, bien que le fait de comprendre pourquoi le paracétamol fonctionne pour les autres types de douleurs et pas pour les lombalgies sera utile pour les futurs traitements”.

Il ajoute que “en ce qui concerne la période pendant laquelle les participants de cette étude allaient mieux par rapport à ceux des autres groupes, il serait intéressant de voir si le conseil et le réconfort (tel qu’apportés dans cette étude) pourraient être plus efficaces que les médicaments pour traiter les épisodes de lombalgies aiguës”.

D’autres chercheurs font remarquer que les auteurs de cette étude doivent être applaudis pour avoir remis en cause une question de recherche sur un sujet qui n’a pas été débattu depuis une si longue période de temps. Bien que les résultats de cette étude de très bonne qualité soient clairs, le contenu des recommandations ne doivent pas être modifiés sur la base d’une seule étude, et il faudra d’autres preuves plus solides et constantes, ainsi que sur d’autres populations si besoin. En outre, tout effort pour établir si la prescription d’autres analgésiques simples apporte des bénéfices supplémentaires aux conseils et au réconfort sur le pronostic des lombalgies aigües est le bienvenu”.

Références :

[1] Efficacy of paracetamol for acute low-back pain : a double-blind, randomised controlled trial. The Lancet, 2014, 10.1016/S0140-6736(14)60805.

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