Une recherche montre que les sucres raffinés, comme le sirop de maïs, peuvent provoquer des envies alimentaires subites et fortes qui ne sont pas très différentes de l’expérience des addictions.
Les résultats de cette étude, publiés dans l’American Journal of Clinical Nutrition [1], suggèrent que l’élévation rapide et la chute qui s’ensuit du sucre dans le sang, qui vient après avoir mangé des sucres très transformés, activent les centres de la récompense et de l’addiction dans le cerveau.
L’étude, bien que de petite taille, n’a analysé que des hommes en surcharge pondérale ou obèses, mais ses résultats peuvent être reproduits sur une population plus large, ils impliqueraient que le fait d’éviter les hydrates de carbone raffinés est une bonne stratégie pour maigrir, parce que les gens éviteraient non seulement les calories, mais aussi les puissantes fringales qu’elles induisent.
“Les sucres raffinés semblent être en mesure de provoquer des fringales plusieurs heures après leur consommation, tout du moins chez les individus prédisposés” explique David Ludwig, l’auteur de l’étude. “Le fait de limiter ces aliments pourrait empêcher les gens en surpoids de se suralimenter”. Cette étude a cherché à étudier la question de savoir si les sucres raffinés pouvaient être réellement addictifs, car cela peut avoir des implications pour ces aliments notamment sur leur limitation.
“Si l’on peut démontrer que les aliments addictifs sont susceptibles de dépasser la capacité d’un individu à réguler sa consommation, alors la possibilité de concevoir, de faire passer et de renforcer la législation pour aider et soutenir les individus dans leurs choix alimentaires pourra peut-être devenir une réalité” explique le chercheur.
Bons sucres, mauvais sucres
Le corps décompose les sucres dans le sang qui deviennent le glucose. Les céréales complètes et les hydrates de carbone dans les légumes sont plus longs à se décomposer, ce qui augmente le taux de sucre dans le sang plus lentement, tandis que les sucres raffinés comme les sirops et la farine blanche causent des élévations brusques du taux de sucre dans le sang.
La recherche suggère que les sucres raffinés sont associés à des sentiments de plaisir, mais ces études ont comparé des aliments très différents : les cheesecake contre les brocolis, par exemple. Cela rend plus difficile de discerner si ce sont les sucres, ou d’autres parties de la nourriture, qui causaient ces fringales.
Fringales de sucres
Pour démêler cette différence, Ludwig et ses collègues ont donné à 12 jeunes hommes en surcharge pondérale ou obèses deux boissons. L’une d’elle contenait de la fécule de maïs, qui a un indice glycémique faible, ce qui signifie qu’il ne cause qu’une augmentation graduelle du sucre dans le sang. L’autre boisson contenait du sirop de maïs, qui a un indice glycémique élevé. Les chercheurs ont utilisé des édulcorants artificiels sans calorie pour que les gouts des deux boissons soient identiques.
Les hommes qui ont bu la boisson à faible indice glycémique ont affiché une augmentation dramatique du sucre dans le sang après avoir consommé la boisson. Mais quatre heures plus tard, leur taux de sucre sanguin s’est effondré, et ils ont rapporté avoir très faim.
En même temps, les images du cerveau pris par imagerie à résonance magnétique (IRM) de ceux qui ont bu le sirop de maïs ont affiché une activation en augmentation de l’aire du cerveau appelée le noyau accumbens, qui a été associée à la récompense et aux envies dans des recherches passées, comparés aux hommes qui ont bu les boissons à faible indice glycémique.
Bien que cette étude n’ait analysé que des individus obèses, les études à venir pourront clarifier si le fait d’éviter les sucres transformés peut aider les personnes maigres à éviter de prendre du poids. Les auteurs ont fait l’hypothèse que la chute brutale de sucre dans le sang provoquée par les cookies, les frites ou les gâteaux pourrait non seulement stimuler la faim, mais aussi faire que l’idée de manger semble plus agréable et soit source de plaisir au cerveau.
Il y a une raison évolutionniste forte à cette association de la nourriture avec le plaisir, explique le chercheur. “Le problème apparait quand les sucres transformés modernes détournent ce système de récompense dont les fondations viennent de l’évolution, pour le démultiplier. Pour le dire simplement, nous n’avons pas évolué pour avaler des aliments sans graisse au petit-déjeuner”.
Références :
[1] Effects of dietary glycemic index on brain regions related to reward and craving in men. Am J Clin Nutr, Sept. 2013. ajcn.064113 ; First published online June 26, 2013. doi:10.3945/ajcn.113.064113.