Manger correctement, et non pas des suppléments, est le meilleur moyen pour conserver une bonne santé bactériologique dans les intestins, affirme une diététicienne et chercheuse.

Tout comme pour les vitamines, il est meilleur d’obtenir les bactéries dont vous avez besoin à partir de la nourriture saine, plutôt que de prendre des suppléments souvent chers et potentiellement inefficaces, dit Gail Cresci du Collège Médical de Georgie et chercheuse.

“Les consommateurs achètent des trucs inutiles sans compter, qui ne les aident probablement pas, et qui pourraient même leur être nocifs” explique Mme Cresci, professeure assistante de chirurgie, et lauréat du titre d’Excellence 2009 de nutrition clinique de l’American Dietetic Association.

La conscience croissante des bénéfices certains que ces organismes jouent dans la maladie et la santé, a eu comme résultat une explosion des compléments alimentaires et des produits prébiotiques et probiotiques vendus directement aux consommateurs. Cela crée aussi une confusion, même chez les experts en nutrition, à propos du meilleur moyen de les utiliser, ajoute Mme Cresci, qui les prescrit seulement pour aider les patients ayant subi une opération chirurgicale à récupérer, et les étudie en laboratoire afin d’en apprendre plus sur leur potentiel.

Elle compare la bonne bactérie de votre appareil digestif à un autre être vivant à l’intérieur, qui vous aide à rester en forme. “Si vous faites du bien à vos bactéries, elles vous feront du bien” dit Mme Cresci.

Il y a environ 800 espèces de bactéries, avec plus de 7000 souches vivant dans un intestin moyen, et même si de nombreuses d’entre elles semblent identiques, elles ne le sont pas : un petit Lactobacillus acidophilus associé à certains Lactobacillus bifidus, par exemple, a montré être extrêmement bénéfique pour ce qui est d’empêcher les diarrhées causées par les antibiotiques, tandis que Lactobacillus bulgaricus avec Streptococcus thermophilus est inutile.

“Vous devez être prudent” dit mme Cresci. “Vous ne devez pas donner le même probiotique à tout le monde. C’est pourquoi elle fait des conférences aux diététiciens, médecins et à qui que ce soit intéressé pour faire une bonne utilisation de ces protecteurs de première ligne, qui attaquent les envahisseurs qui entrent dans le corps via la bouche, et aident le système immunitaire à garder un œil plus global sur le corps. Il y a de plus en plus de preuves montrant qu’un intestin en bonne santé microbien aide à conserver un poids de forme.

Des études ont montré, par exemple, que quand les bactéries d’une souris génétiquement grasse étaient placées dans une souris mince sans germes, elle gagnait du poids sans modifier sa consommation de nourriture. Malheureusement, les régimes pauvres endommagent les bactéries chez beaucoup d’entre nous, et l’utilisation excessive d’antibiotiques a également un coût, dit-elle, particulièrement les antibiotiques à large spectre qui détruisent tout sur leur passage, bonnes et mauvaises bactéries.

La diarrhée est une conséquence extrêmement commune d’un dérangement de l’équilibre naturel de l’environnement microbien de l’intestin. En général, chez les individus en bonne santé, un bon régime, riche en fibres, protéines et faible en graisses, restaurera rapidement les bonnes bactéries. Mais chez les individus les plus âgés, ou ceux avec une condition sous-jacente, les probiotiques pourraient être nécessaires afin d’éviter des problèmes potentiellement mortels comme une croissance excessive de mauvaises bactéries comme Clostridium difficile. Quand cette bactérie commence à prospérer, il peut en résulter un colon très élargi qui doit être retiré, même si environ 80% des patients décèdent.

Pour éviter un tel ravage, il est important de conserver les bonnes bactéries en stock, et qu’elles survivent pour atteindre le petit intestin. Mme Cresci parle des bactéries fragiles qui peuvent être sévèrement frappées par les liquides gastriques, ou tuées par une exposition à court terme à la chaleur ambiante.

La bonne combinaison est aussi essentielle. “Beaucoup de ces probiotiques n’ont qu’une seule bactérie, mais nous avons des milliards de colonies formant des unités dans nos intestins” dit-elle. Il y a de plus en plus de preuves qu’un des meilleurs moyens pour rapidement restaurer le complément complexe de l’intestin est d’utiliser les excréments d’individus en bonne santé. On appelle ceci la bactériothérapie fécale, quand des fèces mélangées à une solution saline, sont délivrées via un tube nasogastrique ou via le rectum.

La bonne nouvelle est que si vous mangez correctement, vous n’aurez pas besoin d’en venir à de telles extrêmes. Un bon régime doit contenir :

 30% ou moins de calories venant de graisses et où les graisses saturées ne doivent pas dépasser 10% de ces dernières. La majorité devrait provenir de graisses mono-insaturées comme les huiles d’olive ou de colza.

 25-30 grammes de fibres ; ne venant pas de suppléments, mais d’aliments riches en fibres comme les céréales complètes, les fruits et légumes frais, qui apportent aussi les vitamines et minéraux nécessaires.

 Si on les tolère, des produits laitiers pour s’assurer un apport adéquat en protéines, calcium et autres nutriments.

 Des protéines, via la viande ou les produits laitiers, les noix et haricots, qui apportent aussi des fibres et bonnes graisses.

 Nutrition Support For The Critically Ill Patient : A Guide To Practice de Gail Cresci.

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