Des athlètes pourraient mettre leurs vies en danger en se dopant avec des médicaments prescrits, prévient le Professeur de Sciences Biomoléculaires Declan Naughton de l’Université de Londres. Il met en garde les sportifs masculins et féminins contre la tentative d’essayer d’améliorer leurs performances en prenant des médicaments connus comme étant des nitrites, et ce sans suivi médical.
Lors d’une conférence sur le dopage dans le sport, il a alerté sur le fait qu’ils pourraient souffrir de tout un ensemble d’effets secondaires allant des convulsions au coma, ou qui pourraient même les tuer.
Le Professeur Naughton est l’un des premiers scientifiques à avoir découvert les effets bénéfiques du nitrite. Ceux-ci peuvent comprendre un traitement pour le coeur et les problèmes sanguins, et pourraient avoir un potentiel futur dans le traitement de maladies inflammatoires comme l’arthrite rhumatoïde, et certains cancers où un meilleur apport de sang aide à délivrer de l’oxygène et des médicaments.
“A partir de la recherche actuelle sur les niveaux d’abus de drogues augmentant la performance par les athlètes, la consommation de ce médicament par la communauté sportive est un réel problème” dit-il.
“Le nitrite a un énorme potentiel en tant que traitement contre les maladies caractérisées par un apport sanguin inadéquat, mais s’il est pris en supplément sans autre forme de supervision médicale, le nitrite pourrait conduire à un certain nombre d’effets secondaires comme des collapsus cardiovasculaires, un coma, des convulsions et la mort.”
Le professeur Naughton déclare que les effets secondaires potentiellement dangereux du nitrite ont bien été établis et sont documentés dans le guide médical Martindale, qui contient des informations sur les drogues utilisées dans le monde médical. Bien que les athlètes soient régulièrement testés sur les médicaments interdits, le nitrite n’est pas encore sur la liste des substances interdites par les autorités internationales sportives, et les athlètes ne risquent pas d’actions disciplinaires pour en avoir pris. Le Professeur Naughton dit qu’il serait difficile de faire respecter une interdiction parce que de faibles doses peuvent être retrouvées dans des aliments tels que les viandes fumées et la laitue et qu’il est rejeté du corps par les urines.
Prenant la parole à la même conférence, le Dr Andrea Petroczi, de l’Université de Kingston, déclare que ses recherches sur les médicaments accélérateurs de la performance suggèrent qu’il y a une possibilité selon laquelle les nitrites pourraient être consommés par des athlètes.
Elle a analysé l’information provenant des bases de données britanniques de la Sport’s Drug Information, qui permet aux athlètes, entraîneurs et médecins du sport de passer en revue le statut de la plupart des produits pharmaceutiques anglais enregistrés lors des jeux olympiques de 2008 à Beijing. Selon ses résultats, le Dr Petroczi a découvert que la consommation de médicaments de type Viagra a pratiquement doublé durant les mois précédent les jeux olympiques comparée aux deux années précédentes.
Elle a aussi rapporté que certains athlètes ne prenaient pas moins de 26 drogues et suppléments différents en une journée. “Les études utilisant les déclarations faites par les athlètes durant les contrôles anti-dopage ont soulevé deux problèmes majeurs : une augmentation de l’utilisation de médicaments pour traiter l’asthme et l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens” dit-elle.
Le Professeur Naughton et le Dr Petroczi ont rappelé le besoin d’une meilleure information et éducation chez les athlètes afin de les prévenir sur les dangers d’avoir recours à des substances pour augmenter leurs performances.
Bibliographie :
Dictionnaire du dopage : Substance, procédés, conduites, dangers. Jean-Pierre de Mondenard.