Les stéroïdes anabolisants sont des hormones synthétiques dérivées de l’hormone mâle humaine qu’est la testostérone. L’utilisation des stéroïdes a été suspectée dans de nombreux sports comme le cyclisme, mais aussi et surtout dans d’autres sports comme le bodybuilding, l’haltérophilie et la force athlétique (powerlifting) où la construction de la force, plutôt que l’endurance, est primordiale
Une équipe de chercheurs a examiné l’impact de l’utilisation de stéroïdes anabolisants sur les compétiteurs de force athlétique, plusieurs années après qu’ils aient cessé de prendre leur produits. Les chercheurs ont trouvé que tandis qu’il n’y avait plus de traces physiques d’anabolisants, des modifications dans les épaules et les quadriceps apportaient toujours un avantage aux culturistes des années plus tard.
La recherche a été dirigée par Anders Eriksson et Lars-Eric Thornell assistés de Christer Malm, du Département de Biologie Médicale Integrative, de l’Université d’Umea en Suède, de Patrik Bonnerud du Département de Science de la Santé de l’Université de Technologie de Lulea en Suède ; et de Fawzi Kadi du Département d’Education Physique et de la Santé d’Orebro en Suède [1].
L’expérience
La force athlétique est un sport de force, nécessitant l’utilisation de lourds haltères pour réaliser trois répétitions de chaque exercice : le squat, le développé couché et le soulevé de terre. Il ressemble sur certains points à l’haltérophilie, mais là où l’haltérophilie est un sport dynamique, la force athlétique est statique.
Les powerlifteurs (ceux qui s’adonnent à la force athlétique) se concentrent sur la force, ce qui exige d’avoir de gros muscles. Les principales fibres musculaires du corps sont de plusieurs types : type I, type IIA et type IIB. Le type I est le plus faible et le plus lent, mais c’est celui qui a le plus d’endurance. Le type IIA est le plus rapide et le plus fort, mais qui a le moins d’endurance. Les muscles humains sont un continuum de types de fibres. Pour les powerlifteurs, les fibres de type IIB, les plus puissantes, sont les plus fréquemment utilisées. L’utilisation de stéroïdes anabolisants peut ajouter plus de noyaux au muscle, et augmenter la taille des fibres musculaires.
Les chercheurs ont examiné les données de deux muscles : le vaste externe, que l’on trouve dans le quadriceps, et le trapèze, muscle des épaules et du cou. Chaque muscle est un élément clé pour la force athlétique.
Trois groupes ont été examinés. Un groupe était constitué de sept powerlifteurs qui avaient consommé des stéroïdes anabolisants dans le passé pendant longtemps, mais avaient arrêté il y a quelques années. Un autre groupe était constitué de powerlifteurs n’ayant jamais pris d’anabolisants. Le troisième groupe était celui des athlètes prenant toujours des stéroïdes. Les chercheurs ont examiné la distribution des fibres musculaires, la superficie des fibres, le nombre de myonuclei sous-sarcolemmaux et internes par fibres, les récepteurs androgènes exprimant les myonuclei, le nombre de cellules satellites par fibres et la proportion de fibres déchirées dans chaque muscle pour chaque individu.
Résultats
Les chercheurs ont trouvé que plusieurs années après l’arrêt des stéroïdes anabolisants, et sans entraînement de force ou peu, l’intensité de la région des fibres musculaires, le nombre de noyaux par fibres dans le quadriceps était toujours comparable à celui des athlètes qui s’entraînaient toujours avec autant d’intensité. Ils ont aussi découvert que les superficies des fibres de l’épaule-cou étaient comparables à celles d’athlètes s’entraînant intensément, et que le nombre de noyaux par fibre était même plus élevé que celui trouvé dans le groupe utilisant des anabolisants.
Conclusion
Selon le chercheur responsable de l’étude, le Dr. Eriksson : “Il est possible que le nombre élevé de noyaux que nous avons trouvé dans le muscle puisse bénéficier à un athlète qui continue ou qui reprend un entraînement de force, parce que l’augmentation des myonuclei ouvre la possibilité d’accroître la synthèse des protéines, ce qui produit de la masse musculaire.” Il ajoute : “A partir des caractéristiques entre les powerlifteurs dopés et les non dopés, nous concluons qu’une période de prise de stéroïdes anabolisants est un avantage pour un powerlifteur en compétition, et ce même plusieurs années après qu’il ait arrêté toute prise de produits dopants.”
Références :
[1] Anabolic Steroids Withdrawal in Strength Trained Athletes : How Does It Affect Skeletal Muscles ? American Physiological Society (2008, Oct 3).