Si vous pensiez que le fait de rester au lit les week-ends pouvait vous permettre de rattraper le manque de sommeil de la semaine, il va falloir changer d’habitude. Une étude [1] a découvert que rester de longues périodes sans dormir pouvait conduire à une sorte de “dette de sommeil”, qui ne peut tout simplement pas être “remboursée” par un petit somme en extra de temps en temps
L’étude a cependant impliqué un petit nombre de participants, ainsi il faudra d’autres recherches pour en vérifier les résultats.
De tels manques de sommeils chroniques pourraient éventuellement interférer avec les performances d’une personne dans des tâches exigeant de la concentration, ce qui est particulièrement notable la nuit quand le cycle naturel du corps d’éveil/sommeil ne permet pas d’être au mieux de sa forme.
Quiconque ayant déjà passé une nuit blanche sait combien un manque de sommeil peut être handicapant à court terme. En effet, des études ont montré qu’après 24 heures sans dormir, les performances d’une personne pouvaient s’effondrer au même niveau de quelqu’un qui serait ivre.
Mais qu’en est-il si ces insomniaques ne dormaient pas assez de la semaine ? Les auteurs de l’étude en question ont porté leur attention sur le manque de sommeil à long terme, et ont examiné si les effets d’un tel manque à long terme pouvaient être effacés par une période de repos allongée.
Étudier le sommeil
Les chercheurs ont mis en place un calendrier de sommeil pour neuf jeunes adultes : rester presque 33 heures en éveil, suivi par 10 heures de sommeil, un cycle équivalent à environ 5,6 heures de sommeil pour 24 heures. Les participants ont continué ce cruel rythme pendant trois semaines, ce qui fait qu’ils ont été considérés comme étant privés de sommeil. L’étude avait aussi un groupe contrôle de huit adultes qui n’étaient pas privés de sommeil.
Les sujets devaient périodiquement réaliser une tâche nécessitant une performance afin de tester leur capacité d’attention et de temps de réaction.
Les sujets qui manquaient de sommeil réalisaient en général leurs tâches aussi bien que ceux qui avaient suffisamment dormi si le test était donné tôt dans la “journée”, juste deux heures après que le sujet se soit réveillé de son long repos. Ce résultat était vrai pour les trois semaines de l’étude, suggérant qu’une longue période de roupillon pouvait temporairement compenser le manque de sommeil chronique.
Cependant, les sujets étaient significativement moins performants dans les tests qui étaient donnés plus tard dans leur “journée”, après 30 heures passées éveillés, quand l’étude progressait en durée. Par exemple, les sujets ont travaillé de façon médiocre dans le dernier test de la journée de la troisième semaine, par rapport au test de la première semaine. Tandis qu’ils avaient une réaction médiane en temps de 667 millisecondes dans le test de la première semaine, celui-ci a augmenté de 2,013 millisecondes la semaine 3. Les sujets semblaient avoir développé une dette de sommeil, tout ce manque de sommeil était réellement embrouillant pour eux.
Comment ces résultats pourraient se traduire dans la vraie vie : un individu qui est constamment en manque de sommeil pendant la semaine pourrait essayer de rattraper ce retard pendant les week-ends. Alors que cet individu pourrait sentir qu’il a récupéré après ce temps de repos, l’étude suggère que la prochaine fois qu’il essayera de rester sans dormir, ses performances pourraient commencer à se détériorer.
Les résultats suggèrent aussi que des manques de sommeil à court et à long terme pourraient réellement agir sur le cerveau de deux façons différentes.
Le soleil fait une différence
Il a aussi été découvert que la dette de sommeil était plus remarquable les périodes nocturnes pendant lesquelles le sujet ne dormait pas. L’étude suggère que ceci pourrait être dû aux effets de notre cycle naturel d’éveil/sommeil, ou rythme circadien.
Ce cycle est en phase avec les périodes de jour/nuit que nous vivons quand le soleil se lève et se couche. Notre tendance naturelle à vouloir être éveillé pendant le jour pourrait masquer les signes de dette de sommeil quand il fait jour. Mais cet effet protecteur pourrait disparaitre en même temps qu’arrive la nuit, expliquent les chercheurs.
Les résultats sont particulièrement applicables aux personnes qui travaillent de nuit et en équipe, ce qui pourrait les priver de sommeil pendant des périodes assez longues. “Le manque de sommeil chronique pourrait rendre ces individus vulnérables aux accidents et erreurs”, disent les chercheurs. Ce qui fait qu’il faudrait prévenir des conséquences fâcheuses éventuelles d’un manque de sommeil chronique.
Références :
[1] Uncovering Residual Effects of Chronic Sleep Loss on Human Performance. Science Translational Medicine, D. Cohen, W. Wang, J. Wyatt, R. Kronauer, D.Dijk, C. Czeisler, E. Klerman.