Plus de 100 millions de personnes dans le monde seront susceptibles d’être concernées par la maladie d’Alzheimer en 2050. Vivre plus vieux n’est vraiment pas intéressant si vous ne pouvez même pas vous rappeler votre adresse, ou ne savez plus conduire une voiture. Bien que les progrès soient très lents dans la compréhension des changements cérébraux qui accompagnent l’âge et la démence, aucune médication n’a encore fait la preuve de son efficacité dans le cadre de la prévention de la maladie d’Alzheimer à ce jour. Ces dernières années cependant, certains éléments de preuves semblent faire état d’un des moyens non médical de fortifier la santé du cerveau avec l’âge : l’exercice.
Les bénéfices de l’exercice
Les scientifiques sont excités à propos de la perspective de l’activité physique et de l’exercice comme stratégie anti-Alzheimer pour plusieurs raisons. Il a été montré que l’entraînement pouvait réduire certains facteurs de risque pour la démence comme la pression sanguine, le cholestérol, les diabètes et la dépression.
Des études sur des modèles animaux ont montré que l’exercice pouvait augmenter le flux sanguin, stimuler la croissance des cellules nerveuses dans des régions associées à la mémoire, et réduire les changements pathologiques de la maladie d’Alzheimer. Les études sur des exercices et la mémoire chez les êtres humains sont prometteuses mais pas encore définitives.
Par exemple, certaines études observationnelles, mais pas toutes, sur des adultes âgés ont trouvé que ceux qui étaient plus actifs physiquement (par exemple, dans des activités comme la natation, la marche, la danse) ou qui faisaient de l’exercice au moins trois fois par semaine, avaient un risque plus faible de sénilité. D’autre part, certaines études cliniques à court-terme ont trouvé que l’exercice aérobic améliorait certaines capacités cognitives. L’inconsistance des études croisées a cependant retardé toute conclusion définitive sur la pertinence de ces découvertes. Ce qui était nécessaire, pour aller plus loin, c’était un essai clinique qui aurait testé si des exercices réguliers pouvaient produire des améliorations soutenues, sur le long terme, chez les adultes plus âgés ayant des problèmes de mémoire.
Dans une étude publiée en septembre 2008 [1], Nicola Lautenschlager, et ses collègues de l’Université d’Australie de l’Ouest, ont tenté de le faire.
Ils ont étudié 170 personnes âgées se plaignant de leur mémoire parmi, lesquelles 60% avaient des déficits objectifs de mémoire assez sévères pour être diagnostiqués comme déficit cognitif léger, une condition considérée comme précurseur de la maladie d’Alzheimer.
Sur les 6 mois suivants, la moitié des participants de l’étude ont été assignés à un programme d’exercices à la maison. Ils étaient encouragés à faire des séances d’exercices d’au moins 50 minutes par semaine (pour la plupart de la marche). On a demandé à ceux qui faisaient déjà de l’exercice avant d’entrer dans l’étude (environ 25% d’entre eux) d’augmenter leur niveau d’activité de 50 minutes de plus.
L’autre moitié devait recevoir une simple information sanitaire en tant que groupe de contrôle. A la fin des 6 mois, ceux qui ont fait des exercices ont modestement amélioré leurs capacités cognitives (un score d’environ 20% plus haut que le groupe contrôle). Le sous-groupe de gens atteints de déficit cognitif léger s’est aussi amélioré. Un an après que l’essai soit terminé, ceux qui faisaient de l’exercice avaient gardé 10% de capacités cognitives en plus comparés à ceux qui n’avaient rien fait, et avaient aussi significativement moins décliné. Un ensemble d’autres sous-tests cognitifs n’avait cependant pas trouvé de différences entre les groupes. Cette étude est importante parce que c’est la première à démontrer les bénéfices de l’exercice sur la cognition chez les personnes âgées par le biais de problèmes objectifs et subjectifs de mémoires sur 18 mois.
Des questions demeurent
Mais cette étude ne représente pas une victoire finale, et il reste des questions en suspens. L’effet taille de l’étude était trop petit pour qu’une personne moyenne soit en mesure de remarquer un bénéfice. L’envie de faire de l’exercice diminue avec le temps : peut-on motiver les gens à prolonger leurs habitudes à faire de l’exercice sur de longues périodes ?
Est-ce que les bénéfices sur la mémoire ne se font sentir que grâce à des exercices aérobics ou tout type d’activité physique peut y participer ? Cette étude n’a pas suivi les gens sur une période assez longue pour pouvoir répondre à la question : est-ce que l’exercice régulier recule le développement de la maladie d’Alzheimer ?
L’étude de Lautenschlager et al. fournit une preuve importante de principe, et peut nous aider à réaliser d’autres études afin de vérifier ces résultats préliminaires
La disponibilité de nouveaux scans du cerveau permettra directement de voir si l’exercice peut affecter la progression de la maladie d’Alzheimer chez les personnes à risque. On dit souvent que “la santé d’un homme peut être mesurée par ce qu’il prend, les pilules ou les escaliers.” Comme notre société a plutôt tendance à faire confiance aux médicaments, les stratégies visant à modifier le style de vie pour aller vers davantage d’exercice semblent encore trop “écervelées” !
Références :
[1] Effect of Physical Activity on Cognitive Function in Older Adults at Risk for Alzheimer Disease. JAMA,vol. 300 No. 9, September 3, 2008