D’après une étude publiée dans le the Journal of the American College of Cardiology [1] , le fait d’avoir plus de graisse viscérale, notamment la “graisse cachée” qui est dans l’abdomen, est associé à des facteurs de risque nouvellement identifiés qui aggravent les maladies de cœur. Ces effets secondaires du risque cardiovasculaire étaient manifestes sur une courte période de temps mais ils persistaient même après avoir pris en compte les modifications de l’indice de masse corporelle (IMC) et la circonférence de la taille, qui sont deux mesures habituellement utilisées pour estimer si quelqu’un a un poids de corps correct ou non.
Des études passées avaient montré que les individus qui avaient de la graisse abdominale en excès autour de leur ventre, ce qu’on appelle les “poignées d’amour”, tendaient à courir plus de risques de maladies de cœur comparés au gens qui ont de la graisse ailleurs sur le corps. Cette étude ajoute des éléments à ceux déjà existants ayant montré que les dépôts de graisse locaux sont mauvais à la santé alors que d’autres montrent que la densité de la graisse viscérale (mesurée par scanner) est aussi importante que la quantité de graisse globale. En général, plus la quantité de graisse est élevée, plus l’atténuation, ou la densité de graisse, est faible dans les images des scanners.
“Ce qui est vraiment intéressant, c’est que nous avons montré qu’une augmentation de la quantité de graisse sur et autour de l’estomac et une plus faible densité de la graisse étaient associées à une aggravation des facteurs de risque des maladies de cœur, même avoir pris en compte la quantité de poids qui avait été pris,” dit le Dr Caroline Fox, auteure de l’étude. “Cela n’avait pas été démontré auparavant.”
Elle explique que les résultats sur la densité de la graisse étaient particulièrement solides : “le fait de mesurer la densité de la graisse est une nouvelle mesure sur laquelle nous travaillons toujours pour mieux la comprendre et pour justifier des études plus poussées,” dit-elle. Nous l’utilisons comme une mesure indirecte de la qualité de la graisse, et nous avons trouvé que des nombres plus faibles étaient associés à un plus grand risque de maladie cardiovasculaire.”
Elle et son équipe ont cherché à déterminer s’il y avait un lien entre les changements anatomiques de la graisse viscérale, son volume (quantité) et sa densité, et les changements dans une large gamme de facteurs de risque de maladies de cœur pendant les six ans qu’a duré l’étude. Ils ont passé en revue des scanners pour évaluer la quantité de graisse abdominale accumulée, sa localisation et sa densité chez 1106 participants.
L’âge moyen des participants était de 45 ans et 44 % étaient des femmes. Le tissu adipeux sous-cutané, la graisse juste sous la peau, qui est souvent le “petit ventre” ou les “poignées d’amour” visibles, et le tissu adipeux viscéral, qui est la graisse à l’intérieur de la cavité abdominale, ont été mesurés. Sur cette période de suivi de six ans, les participants ont eu en moyenne une augmentation de leur graisse sous la peau de 22 % et de 45 % de la graisse dans la cavité abdominale.
En général, les augmentations de la quantité de graisse et la diminution de la densité de la graisse étaient corrélés avec des changements défavorables du risque de maladie de cœur. Chaque kilo supplémentaire de graisse était associé à une augmentation de la tension artérielle, à des triglycérides plus élevés et à un syndrome métabolique. Bien que ces augmentations des deux types de graisse fussent associées à des facteurs de risque cardiovasculaire nouveaux et qui empirent, la relation était plus prononcée pour la graisse à l’intérieur de la cavité abdominale comparée à la graisse juste sous la peau.
Les individus qui avaient pris le plus de graisse abdominale ont affiché les plus fortes augmentations de risques métaboliques comme le taux de sucre dans le sang, des triglycérides élevés et un faible HDL, le “bon” cholestérol. Les chercheurs déclarent que des niveaux plus élevés de graisse sous la peau pourraient en fait avoir comme un effet protecteur parce que cela peut servir “d’évacuation métabolique du stockage des particules de graisse en excès.” La graisse de la cavité abdominale, d’un autre côté, est plus dangereuse.
Globalement, les associations restent importantes même après avoir ajusté les changements de l’IMC ou du tour de taille. Les chercheurs ont aussi groupé les participants en trois groupes selon leur volume de tissu adipeux abdominal et de changement de la densité ; ils ont découvert que ceux qui avaient les plus grandes augmentations du volume de graisse et une plus grande diminution de la densité de graisse avaient une incidence relativement plus élevée des facteurs de risque de maladie de cœur.
Ces éléments viennent s’ajouter à d’autres qui avaient déjà montré que la localisation et le type de dépôts de graisse pouvaient fournir des informations importantes sur le risque de maladie cardiovasculaire qu’on ne trouve pas en mesurant seulement l’indice de masse corporelle.
La prochaine étape pour les chercheurs sera de mieux comprendre la densité de la graisse, et d’expliquer pourquoi et comment elle est associée à ces conséquences métaboliques de l’obésité (par ex. l’hypertension, un cholestérol anormal, le diabète ou la résistance à l’insuline). De même qu’il serait important de savoir comment de la graisse moins dense, avec une augmentation de la quantité de graisse, pourrait inciter le développement de modifications cardiométaboliques nocives.
Enfin, cette étude étant une étude d’observation seulement, les chercheurs ne sont pas en mesure d’en tirer des liens de causalité. Cependant, d’autres études passées ont déjà associé la graisse abdominale à des risques plus importants de cancer, d’accidents cardiovasculaires et de décès.
Références :
[1] Jane J. Lee, Alison Pedley, Udo Hoffmann, Joseph M. Massaro, Caroline S. Fox. Association of Changes in Abdominal Fat Quantity and Quality With Incident Cardiovascular Disease Risk Factors. JACC, 2016.