Les lombalgies chroniques sont une condition qui touche tellement de monde que cela représente une charge importante tant de souffrances pour tous ceux qui sont en sont atteints, que pour la société en termes de dépenses pour la Sécurité Sociale et les entreprises en arrêts maladie. Le nombre de thérapies qui affirment être efficaces pour traiter les maux de dos ou lombalgies chroniques est nombreux. Mais les deux principaux sont les manipulations de la colonne vertébrale et l’exercice physique.

Une étude [1] a déterminé l’efficacité de la manipulation vertébrale contre la prescription d’exercices physiques pour les patients qui ont été diagnostiqués avec une lombalgie chronique. Il s’agissait d’une revue systématique des études existantes, et seules celles qui respectaient les standards de la recherche médicale, c’est-à-dire randomisées et contrôlées qui comparaient côte-à-côte la manipulation de la colonne vertébrale à l’exercice physique dans deux groupes, ont été inclues dans l’échantillon.

Les études sélectionnées provenaient des bases de données scientifiques Cochrane, Medline et Embase. Les recherches ont inclus des études qui avaient été publiées jusqu’en aout 2014. Les principaux critères retenus étaient 1) des individus atteints de lombalgie chronique qui durait depuis au moins 12 mois ou plus, 2) une manipulation vertébrale réalisée par un professionnel de la santé reconnu, 3) de l’exercice physique prescrit pour le traitement de la lombalgie et enregistré/suivi par un praticien, 4) des résultats cliniques mesurables de réduction de la douleur, de l’handicap ou de l’amélioration de la fonction, 5) des études cliniques randomisées et contrôlées. La qualité méthodologique de tous les articles sélectionnés était déterminée par un critère rigoureux et précis (Physiotherapy Evidence Database – PEDro).

Seules trois études randomisées et contrôlées respectaient les critères d’inclusion de cette revue systématique. Les résultats utilisés dans ces études reposaient sur des échelles éprouvées et connues (Disability Indexes, Pain Scales, etc.). Une étude a trouvé que la manipulation de la colonne vertébrale était plus efficace que le sport, mais les résultats de l’autre étude indiquaient le contraire. La troisième étude a trouvé que les deux interventions provoquaient des effets identiques sur le long terme.

Les auteurs de la revue de conclure qu’il n’existe pas de preuve concluante en faveur de la manipulation vertébrale ni de l’exercice physique comme étant plus efficace dans le traitement des lombalgies chroniques. Il faut plus d’études pour explorer davantage quelle intervention est la plus efficace.

Lorsqu’il existe un nombre incalculable de traitements pour un problème de santé donné, chaque individu doit se poser la question de savoir si ces traitements sont tous efficaces, ou bien s’ils sont tous aussi inefficaces les uns que les autres. Malheureusement, la présente étude ne répond pas à cette question, mais il est fort possible que la seconde éventualité soit plus vraie que la première.

Si l’on considère la quantité d’argent dépensée dans le traitement des lombalgies chroniques, il est assez surprenant de voir que trois études de bonne qualité seulement soient disponibles, qui ont comparé deux des traitements les plus souvent utilisés pour cette condition. Il est tout aussi surprenant de constater le simple fait que nous ne puissions pas dire, sur la base de ces données, laquelle des deux thérapies est la plus efficace.

Quelles sont les conséquences à tirer de cette information scientifique ? Manifestement que nous avons besoin de plus d’études de bonne qualité.

Que faut-il faire alors en attendant pour tous ceux qui souffrent de lombalgies chroniques ? Lorsque deux traitements sont aussi efficaces l’un que l’autre (ou, ici, peut-être aussi inefficaces l’un que l’autre), il faut prendre en compte l’autre critère important qu’est la sécurité et les coûts du traitement. Des soins chiropratiques ou ostéopathiques réguliers (ces pratiques ont recours à la manipulation vertébrale sur les patients) ne sont ni bons marchés ni sans risques d’effets secondaires ; or l’exercice physique n’a pas ces inconvénients.

Considérant ces deux faits indéniables, il est difficile de ne pas recommander que jusqu’à ce que des éléments de preuve supplémentaires soient disponibles, l’exercice physique devrait être préféré à la manipulation vertébrale dans le traitement des lombalgies chroniques, et donc que le chiropracteur, ostéopathe ou tout autre rebouteux ne devrait pas constituer le premier choix pour les individus qui en souffrent.

Références :

[1] Effects of spinal manipulation versus therapeutic exercise on adults with chronic low back pain : a literature review. J Can Chiropr Assoc. Dec 2014 ; 58(4) : 456–466.

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