Quand nous faisons de l’exercice physique, l’oxydation des graisses et des glucides de notre corps dépend de l’intensité et de la durée de l’activité réalisée. Or une étude a analysé les effets de la consommation d’un alcaloïde, la p-synéphrine, sur la combustion des lipides mais réfute toute valeur “miraculeuse” des régimes car il n’est pas possible de perdre plus d’un kilogramme de graisse par mois.

Une recherche publiée dans le British Journal of Clinical Pharmacology [1] a analysé le rôle de la p-synéphrine dans la combustion des graisses pendant le repos et l’exercice. Cet alcaloïde peut être trouvé dans la nature (bien qu’à des concentrations faibles) dans une large variété d’agrumes comme les oranges, les mandarines et les pamplemousses, ainsi que dans des compléments alimentaires (à des concentrations plus importantes) sous forme d’extrait d’orange amère (Citrus aurantium).

“Il y a très peu d’information scientifique sur les effets de cette substance sur le métabolisme et sur l’oxydation des substrats d’énergie pendant l’exercice ou sur les effets secondaires d’une consommation continue de cette substance,” explique le chercheur Juan Del Coso de l’Université Camilo José Cela et auteur de l’article. À cause de sa ressemblance chimique avec l’éphédrine (qui est un stimulant du système nerveux), et l’activation des récepteurs adrénergiques β3 par la substance, elle est devenue très populaire dans le monde des compléments alimentaires, et a été inclue dans de nombreux produits pour maigrir.

“L’avantage de la p-synéphrine est sa réduction de l’activation des récepteurs β1 y β2 et par conséquent sa faible influence sur l’élévation de la tension artérielle et du rythme cardiaque, ce qui signifie que la substance a moins d’effets secondaires que d’autres stimulants d’adrénaline,” dit Del Coso. L’objectif de son étude était de déterminer les effets de la consommation de 3 mg de p-synéphrine par kilo de masse corporelle sur le métabolisme de l’énergie et le taux d’oxydation des graisses et des glucides pendant le repos et l’exercice.

Dans une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double-aveugle, 18 sujets ont réalisé deux épreuves expérimentales : l’une après avoir consommé de la p-synéphrine (3 mg/kg) et l’autre après avoir pris un placebo (test de contrôle). Une heure après avoir ingéré la substance, la dépense d’énergie et la tension artérielle ont été mesurées avant et après l’activité physique, ici en utilisant un vélo stationnaire. L’ingestion de p-synéphrine n’avait pas d’effet sur la dépense d’énergie, ni sur le rythme cardiaque ou la tension.

“Cependant, la substance a produit un changement notable dans l’utilisation du substrat pendant l’exercice : l’ingestion de p-synéphrine avant l’exercice a augmenté le taux d’oxydation de la graisse et a réduit l’oxydation des glucides à intensité faible et modérée,” expliquent les experts. En fait, la p-synéphrine a augmenté la capacité maximale des individus à brûler des graisses, bien que cela n’ait pas changé l’intensité à laquelle ce résultat a été atteint. Ces données montrent que les suppléments de p-synéphrine peuvent être utiles pour augmenter l’oxydation des graisses jusqu’à 7 grammes par heure d’exercice.

Le régime miracle n’existe pas

Le taux maximal trouvé pour l’oxydation de la graisse pendant l’exercice, ici dans le cas de cyclistes, était de 0,7 g/minute. Ce qui suggérerait que dans le meilleur scénario possible, un individu pourrait brûler 42 grammes de graisse après une heure d’exercice à ce niveau d’intensité. “Cela signifie que la perte de poids qu’un individu constate quand il commence à faire du sport ne repose pas sur de la perte de graisse, mais principalement de la perte de fluides. C’est la raison pour laquelle la majorité des “régimes miracles” et autres programmes amincissants à la mode, produisent un effet rebond dû à la récupération des fluides perdus,” expliquent les chercheurs.

Le véritable changement de poids, basé sur l’oxydation de la graisse par l’exercice (et le régime alimentaire) cause une perte réelle de 200 à 300 grammes par semaine, soit un peu plus de 1 kg par mois. “Ce devrait être l’objectif à atteindre : pour perdre un kilo par mois, mais un kilo de graisse. C’est évidemment moins accrocheur et moins séduisant que les slogans des régimes miracles, mais scientifiquement parlant, le changement efficace serait à ce niveau,” dit-il. “Cela dit, le taux de perte pourrait augmenter avec la p-synéphrine, mais toujours en associant la substance à de l’exercice.”

Les auteurs de conclure qu’il faut plus d’études pour déterminer les effets de l’utilisation de cette substance sur la production d’énergie à long terme, sur le métabolisme au repos et sur l’utilisation du substrat pendant le sport.

Références :

[1] Jorge Gutiérrez-Hellín, Juan Del Coso. Acute p-synephrine ingestion increases fat oxidation rate during exercise. British Journal of Clinical Pharmacology, 2016 ; 82 (2) : 362.

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