Alors que la recommandation de retirer toute graisse de votre régime alimentaire était un conseil médical pendant des années, une revue scientifique d’études a montré que le fait de modifier le type de graisses que vous mangez donnera de meilleurs résultats.
Cette étude de chercheurs de l’Ecole Médicale de Norwich au Royaume-Uni, a passé en revue 48 études couvrant presque une moitié de siècle [1]. Ils ont comparé les bénéfices pour la santé des régimes alimentaires réduits en graisse, dans lesquels les graisses saturées étaient remplacées par des hydrates de carbone, aux bénéfices à la santé de ce que les chercheurs appellent des “régimes adaptés” en graisses, dans lesquels les graisses saturées ont été remplacées par des graisses insaturées, comme du poisson et des huiles végétales.
“Il n’y a pas de bénéfices frappants dans le fait de réduire la quantité totale de graisses que nous avalons quand nous remplaçons les graisses saturées par des aliments riches en féculents” dit l’auteur de l’étude, Lee Hooper. “Mais modifier les graisses de notre alimentation, en remplaçant certaines des graisses saturées ou animales par des huiles végétales ou des graisses insaturées, pourrait réduire le risque de maladie vasculaire et cardiovasculaire.”
Les chercheurs ont trouvé que quand toutes les études étaient considérées dans leur ensemble, les personnes qui réduisaient ou modifiaient leur consommation de graisses avaient une réduction des attaques ou crises cardiaque de 14%. Mais quand ils examinaient plus minutieusement les chiffres, ils ont découvert que l’impact semblait totalement provenir de la substitution des graisses saturées par des graisses insaturées. En réduisant simplement la consommation de graisse, en substituant les graisses par des hydrates de carbone, cela n’avait pas d’impact significatif.
En 2001, un groupe avait réalisé une analyse similaire de 27 études, et avait conclu que les graisses alimentaires en général devaient être réduites, et que certaines graisses saturées restantes devaient être remplacées par des graisses insaturées.
Les conclusions de la nouvelle étude mettent davantage l’accent sur le fait de remplacer les graisses saturées par des graisses insaturées, tout en remarquant qu’il n’est pas évident de savoir quelles graisses insaturées en particulier seraient les meilleures. Les chercheurs déclarent aussi qu’on ne sait pas vraiment si le fait d’ajouter des graisses spécifiques serait bénéfique pour diminuer le risque cardiaque.
Pour expliquer les meilleurs résultats des régimes alimentaires dont les graisses ont été modifiées, Hooper déclare : “ceci pourrait être dû au fait qu’un régime sans graisses est difficile à suivre, et donc si peu efficace” mais ceci ne pouvait pas être démontré par les données.
Elle ajoute que les bénéfices n’étaient pas aussi fortement démontrés pour les femmes qu’ils l’étaient pour les hommes.
“Les données suggèrent que nous bénéficierons tous, dans une certaine mesure, du remplacement des graisses saturées par d’autres graisses… pendant au moins deux années, mais pas en changeant pour un régime sans graisses du tout” dit Hooper. “La difficulté est que les données ne sont pas claires pour les femmes.” Elle explique qu’il n’y a pas d’études ayant duré plus de deux ans ayant rapporté des résultats en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires chez les femmes, comme il y en a eu pour les hommes.
Certaines études laissent des questions en suspens à propos de la nature du lien entre les maladies de coeur et la consommation de graisses saturées. Ce lien a été fait parce que les graisses saturées ont été associées à des niveaux élevés de LDL (le “mauvais” cholestérol), qui en retour a été associé aux maladies cardiovasculaires.
Mais les études n’ont pas réussi à montrer de lien concret et direct. En suivant l’une de ces étude l’an dernier, publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition [2], des chercheurs ont écrit que tandis que retirer les graisses saturées du régime alimentaire n’était pas une stratégie gagnante pour lutter contre les maladies de coeur, “la substitution de graisses polyinsaturées à la place des graisses saturées a montré ralentir le risque de maladie cardiovasculaire.”
Références :
[1] Reduced or modified dietary fat for preventing cardiovascular disease. Cochrane Database of Systematic Reviews 2011, Issue 7. Art. No. : CD002137.
[2] The role of reducing intakes of saturated fat in the prevention of cardiovascular disease : where does the evidence stand in 2010 ? Am J Clin Nutr Avr 2011 93 : 684-688.