Une étude suggère que les personnes qui tendent à se souvenir de leurs rêves réagissent aussi plus fortement que les autres quand elles entendent leur nom quand elles sont éveillées.

Tout le monde rêve pendant son sommeil, mais tout le monde ne se souvient pas de son escapade mentale le lendemain, et les scientifiques ne savent pas avec certitude pourquoi certaines personnes s’en souviennent plus que d’autres.
Pour le découvrir, des chercheurs ont utilisé l’électroencéphalographie pour enregistrer l’activité électrique dans les cerveaux de 36 personnes pendant que les participants écoutaient un fond musical, et entendaient occasionnellement leur propre prénom [1]. Les mesures cérébrales ont été prises pendant des périodes d’éveil et de sommeil. La moitié des participants était surnommée les “mémorisateurs forts”, parce qu’ils se souvenaient de leurs rêves presque tous les jours, tandis que l’autre moitié, les “mémorisateurs faibles”, déclaraient ne se rappeler de leurs rêves qu’une fois ou deux par mois.

Quand ils dormaient, les deux groupes ont montré des modifications identiques de leur activité cérébrale en réaction à l’audition de leur nom, qui étaient prononcés suffisamment doucement pour ne pas les réveiller.

Cependant, quand ils étaient éveillés, les mémorisateurs forts ont montré une diminution plus soutenue des ondes cérébrales appelées “alpha” quand ils entendaient leurs noms par rapport aux mémorisateurs faibles.

“C’était plutôt surprenant de voir une telle différence entre les groupes pendant l’éveil” dit l’auteur de l’étude Perrine Ruby, neuroscientifique au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon. La différence pouvait refléter des variations dans les cerveaux des mémorisateurs forts et faibles qui pouvaient avoir un rôle dans la façon dont ils rêvent aussi, dit-elle.

Qui se souvient de ses rêves

Une théorie bien établie suggère qu’une diminution des ondes alpha est un signe que les aires du cerveau ont été inhibées par une réaction à des stimuli extérieurs. Les études ont montré que quand les gens entendent un bruit inattendu ou ouvrent leurs yeux, et que plus de régions cérébrales deviennent actives, les ondes alpha diminuent.

Dans cette étude, comme attendu, les deux groupes ont affiché une diminution des ondes alpha quand ils ont entendu leurs noms pendant qu’ils étaient éveillés. Mais les mémorisateurs forts ont montré avoir une diminution plus prolongée, ce qui pourrait être un signe que leurs cerveaux deviennent plus largement activés quand ils entendent leurs noms.

En d’autres termes, les mémorisateurs forts pourraient enclencher plus d’aires cérébrales quand ils traitent les sons pendant qu’ils sont éveillés, comparés aux mémorisateurs faibles, expliquent les chercheurs.

Quand les gens sont endormis, les ondes alpha se comportent de façon contraire, elles augmentent quand un bruit soudain est entendu. Les scientifiques ne savent pas avec certitude pourquoi cela se passe ainsi, mais l’une des idées est que cela protège le cerveau pour qu’il ne soit pas entravé par les bruits pendant le sommeil.

En effet, les participants de l’étude ont affiché une augmentation des ondes alpha en réaction aux bruits pendant le sommeil, et il n’y avait aucune différence entre les groupes. Une possibilité pour expliquer cette absence de différence pourrait être que les mémorisateurs forts vivent une augmentation plus grande des ondes alpha, tellement élevée que cela les a réveillés.

Le temps passé éveillé pendant la nuit

Les chercheurs ont vu que les mémorisateurs forts se réveillaient plus fréquemment pendant la nuit. Ils étaient en moyenne réveillés pendant 30 minutes la nuit, tandis que les mémorisateurs faibles étaient éveillés pendant 14 minutes. Cependant, dit Ruby, les deux types sont dans une plage normale, ni l’un ni l’autre groupe ne présente d’anomalie”.

Ensembles, les résultats suggèrent que le cerveau des mémorisateurs forts pourrait être plus réactif aux stimuli comme les sons/bruits, ce qui pourrait les réveiller plus facilement. Car une personne pourrait mieux se rappeler de ses rêves si elle se réveille immédiatement pendant ou après celui-ci, dit Ruby.

Cependant, le fait de se réveiller la nuit ne peut compter que pour une partie des différences que les individus affichent dans le souvenir de leurs rêves. “Il y a encore tant à apprendre” conclut-elle.

Références :

[1] Alpha reactivity to first names differs in subjects with high and low dream recall frequency. Frontiers in Psychology, 4:419.

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