Y a-t-il une relation entre la structure de régions spécifiques du cerveau et la dépendance à la nicotine ?
C’est la question que des chercheurs de l’Université de Médecine – La Charité de Berlin ont étudié [1]. Les résultats de leurs investigations confirment et précisent celles d’autres études précédentes : une région spécifique du cortex cérébral des fumeurs est plus étroite que celle des individus qui n’ont jamais fumé de leur vie.
Cette région cérébrale est décisive pour la récompense, le contrôle de l’impulsion et la prise de décision. Les questions de savoir si le fait de fumer réduit cette région du cerveau, ou si les gens qui ont une région du cortex plus étroite à l’origine sont plus fréquemment disposés à devenir des fumeurs, ne pourra être élucidée que par des études futures plus poussées.
Pour étudier la relation entre l’épaisseur corticale et la dépendance à la nicotine, les cerveaux de 22 fumeurs et de 21 personnes qui n’avaient jamais fumé de leur vie ont été examinés à l’aide d’un tomographe à résonance magnétique. Les mesures ont fourni des images en trois dimensions de haute résolution de la structure du cerveau. Sur la base de ces données, les épaisseurs individuelles du cortex pouvaient être déterminées par le moyen d’une procédure spéciale d’évaluation.
Une comparaison des deux groupes a montré que dans le cas des fumeurs, l’épaisseur du cortex orbito-frontal médial était, en moyenne, plus petite que dans le cas des individus qui n’avaient jamais fumé. La diminution de l’épaisseur de cette région est proportionnelle à l’augmentation de la consommation quotidienne de cigarettes, et elle dépend des années depuis lesquelles les participants fumaient.
La cause et l’effet ne sont cependant toujours pas clairs. Bien qu’on sache, à partir d’expériences animales, que la nicotine modifie le développement du cerveau et provoque des dégâts dans les neurones, on ne peut pas écarter le fait que la réduction de l’épaisseur de la région du cortex frontal, trouvée dans le cas des participants de l’étude, n’existait pas déjà avant qu’ils aient commencé à fumer.
Il est possible que ce soit une prédisposition génétique à la dépendance à la nicotine. Les scientifiques veulent découvrir, dans des études futures, si la structure du cerveau des fumeurs peut redevenir normale après qu’ils aient abandonné la cigarette.
Références :
[1] Reduced thickness in medial orbitofrontal cortex in smokers. Kühn S. ; Schubert F. ; Gallinat J. Biological Psychiatry, 2010 Sept 25