Les personnes qui aiment fumer quand elles boivent de l’alcool pourraient avoir plus de risques de le payer le lendemain avec une bonne gueule de bois, selon une étude publiée dans le Journal des Etudes sur l’Alcool et les Drogues [1].

Pour quiconque qui a déjà trop bu, cette combinaison le lendemain de migraine, de nausées et de fatigue est une sensation familière. Mais il apparaît que certains buveurs résistent à la gueule de bois : environ un quart des gens qui boivent suffisamment pour provoquer chez d’autres une gueule de bois n’en ont pas.

On ne sait pas avec certitude pourquoi. Mais une étude laisse entendre que le fait de fumer pourrait être l’un des facteurs qui augmente les chances d’avoir une gueule de bois.

Les chercheurs ont découvert que des étudiants étaient plus susceptibles de rapporter avoir des symptômes de la gueule de bois après un lourd épisode de boisson s’ils avaient plus fumé le jour où ils ont bu. Et cela ne venait pas simplement du fait qu’ils avaient plus fumé quand ils buvaient beaucoup.

“Pour le même nombre de verres bus, les personnes qui fument plus ce jour-là sont plus susceptibles d’avoir une gueule de bois et qu’elle soit plus intense” dit Damaris Rohsenow, chercheuse au Centre des Études sur l’Alcool et les Addictions de l’Université Brown.

Son équipe a contrôlé certains autres facteurs aussi, comme si les étudiants avaient rapporté prendre des médicaments ou de la drogue l’année passée. Et le tabagisme était en soi associé à un risque plus important de gueule de bois comparé à pas de tabagisme du tout.

Cela soulève la probabilité qu’il y ait un effet direct du tabac fumé sur les gueules de bois, dit Rohsenow.

Le “comment” n’est pas très clair. Mais d’autres recherches ont montré que les récepteurs de la nicotine dans le cerveau sont impliqués dans notre réponse subjective à la boisson, dit Rohsenow. Par exemple, fumer et boire de l’alcool en même temps stimule la libération de dopamine, un élément chimique du “bien-être”.

Ainsi, le fait que la nicotine et l’alcool soient connectés dans le cerveau pourrait expliquer pourquoi le fait de fumer est relié à la gueule de bois.

Leurs résultats reposent sur une enquête en ligne réalisée sur 113 étudiants qui ont enregistré leur consommation d’alcool et de cigarettes, et tous leurs symptômes de la gueule de bois, chaque jour pendant huit semaines. Globalement, quand les étudiants buvaient beaucoup, l’équivalent de cinq à six canettes de bière en une heure environ, ceux qui fumaient le plus le même jour avaient plus de chances de souffrir de la gueule de bois le matin qui suivait… et ils en souffraient effectivement plus.

Cela soulève la question : “et alors ?” La gueule de bois peut faire que vous vous sentiez mal, mais y a-t-il plus de dégâts que cela ?

Il y a des preuves qu’une gueule de bois modifie votre attention et votre temps de réaction à court terme, dit la scientifique. Ainsi, il serait malavisé de conduire ou de travailler si ce travail exige de l’attention pendant une gueule de bois. Personne ne sait pourtant avec certitude si les gueules de bois sont un signal d’un certain type de dommage causé au cerveau, mais on sait déjà, grâce à des études passées, que fumer aggrave les effets de la maladie sur le cerveau causée par des années d’alcoolisme.

Il y a déjà beaucoup de raisons pour éviter de fumer et de boire. Mais les chercheurs déclarent que ces résultats suggèrent que si les fumeurs se laissent aller à consommer de l’alcool, il serait bon qu’ils réduisent au moins les cigarettes.

Références :

[1] Jackson, K. M., Rohsenow, D. J., Piasecki, T. M., Howland, J., Richardson, A. E. (Jan. 2013). Role of tobacco smoking in hangover symptoms among university students. Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 74(1), 41.

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