Des chercheurs de l’École de Médecine Perelman font remarquer que l’Indice de Masse Corporelle (IMC), qui repose sur le poids et la taille d’un individu, n’est pas un outil de mesure assez précis de la quantité de graisse, et qu’il ne prend pas en compte des facteurs importants qui contribuent à la santé ou à la mortalité, tels que la distribution de la graisse, la proportion de muscle par rapport à la graisse ni les différences de sexe et ethniques dans la composition du corps.
L’obésité prédispose au diabète, aux maladies cardiovasculaires, à l’apnée du sommeil, au cancer et à d’autres maladies. Bien que plusieurs études aient montré une augmentation de la mortalité chez les personnes obèses, d’autres études ont suggéré que l’obésité protégeait contre les décès toutes causes ainsi que contre les décès dus aux maladies chroniques comme le diabète, l’insuffisance cardiaque et les attaques. Ce paradoxe “obésité-mortalité” suggérant une influence bénéfique de l’obésité a généré son lot de controverses.
Dans un article publié dans le journal Science [1], des chercheurs débattent sur le défi d’étudier la santé et les risques de mortalité associés à l’obésité.
“Il y a un besoin pressant d’outils précis, pratiques et abordables pour mesurer la graisse et le muscle, et de biomarqueurs qui puissent mieux prédire les risques de maladie et de mortalité” dit le Dr Ahima, co-auteur de l’étude. “Les avancées pour améliorer la mesure de l’obésité et les facteurs qui y sont associés aideront à déterminer le poids optimal pour un individu, en prenant en compte des facteurs comme l’âge, le sexe, la génétique, la forme physique, les maladies préexistantes tout comme des marqueurs sanguins et des paramètres métaboliques modifiés par l’obésité”.
L’IMC obèse est fortement associée à une augmentation substantielle du risque de développement du diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancer et autres maladies chroniques, ce qui conduit à une mortalité plus élevée. Cependant, des études ont montré que certaines personnes avec un IMC obèse avaient amélioré leur profil métabolique et réduit leur risque cardiovasculaire, tandis qu’un sous-ensemble de gens avec un IMC normal sont métaboliquement en mauvaise santé et ont un risque de mortalité plus important.
Les chercheurs notent que le véritable impact de l’obésité pourrait ne pas être correctement apprécié parce que les études de population décrivent souvent des associations entre l’IMC et la santé et les risques de mortalité, sans évaluer comment la perte ou la prise de poids, volontaire ou non, modifiait ces résultats.
“Les recherches à venir devront plus se focaliser sur des explications moléculaires, et plus précisément sur la façon dont les facteurs métaboliques modifiés par l’obésité changent le développement du diabète, des maladies cardiovasculaires, du cancer et des autres problèmes de santé, et influencent l’état de santé et la mortalité” termine le Dr. Mitchell Lazar.
Références :
[1] The Health Risk of Obesity—Better Metrics Imperative. R. S. Ahima, M. A. Lazar, Science, 2013 ; 341 (6148) : 856 DOI : 10.1126/science.1241244