Des anthropologues de l’université de Cambridge ont montré que la masse musculaire était en mesure de prédire le taux de perte de chaleur par les mains pendant une exposition au froid, alors que la masse totale du corps, la stature et la masse grasse ne sont pas de bons indicateurs.

Selon Stephanie Payne, l’auteure de cette étude publiée dans le Journal of Physical Anthropology [1] : “les mains ont un ratio de surface sur volume important, ce qui peut représenter un défi pour maintenir leur équilibre thermique dans des conditions froides. Nous voulions étudier l’influence de la taille du corps et de sa composition sur la perte de chaleur et le réchauffement des mains, afin de déterminer si ces deux paramètres affectaient la température des mains et leur dextérité dans des conditions froides.”

Ces résultats permettent de mieux comprendre la thermorégulation (la capacité du corps à réguler sa température), selon les chercheurs. “Nous avons toujours pensé que la graisse (qui agirait comme un isolant) était le facteur le plus important pour la thermorégulation, mais ce sont en fait les muscles qui jouent ce rôle vital. Le corps est un système incroyable, dynamique, qui utilise les muscles pour produire de la chaleur afin de garder le reste du corps au chaud, y compris les mains.”

Des volontaires ont pris part à cette étude. Après que leurs statistiques vitales aient été prises et la composition de leur corps analysée afin de mesurer leur quantité de graisse et de muscle corporelle, chaque volontaire a plongé ses mains dans de l’eau glacée pendant trois minutes. Le taux auquel les mains des volontaires se sont réchauffées a été mesuré et enregistré en utilisant une caméra d’imagerie thermique.

Les volontaires étaient des individus d’origine Européenne, âgés entre 18 et 50 ans. La chercheuse explique : “beaucoup de populations dans le monde ont développé des adaptations vasorégulatrices pour faire face au froid. Certaines populations réduisent le flux sanguin dans les mains très rapidement pour s’assurer de retenir leur chaleur interne corporelle, tandis que d’autres, comme par exemple les Inuits, ont des impulsions périodiques de sang vers les mains pour lutter contre les engelures.” La chercheuse fait actuellement des recherches sur les populations humaines à travers le monde et notamment sur celles de l’Himalaya.

Les conclusions de son étude pourraient peut-être s’appliquer à la fabrication des vêtements, en prenant en compte la masse musculaire plus faible des femmes et des enfants, afin de leur faire des vêtements plus épais pour affronter le froid.

Références :

[1] Stephanie Payne, Alison Macintosh, Jay Stock. Body size and body composition effects on heat loss from the hands during severe cold exposure. American Journal of Physical Anthropology, 2018.

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