Les programmes d’exercices physiques qui sont proposés aux personnes souffrant de démence légère à modérée ne marchent pas. C’est la conclusion d’une étude de chercheurs publiée dans le British Medical Journal [1].
Les scientifiques n’ont pas trouvé d’amélioration des aptitudes intellectuelles ni comportementales chez plus de 300 personnes de 70 ans et plus qui faisaient des exercices d’endurance ou de musculation sur une durée de quatre mois. Cependant, leur condition physique s’était améliorée.
Bien que le fait de faire de l’exercice régulier et léger était une bonne chose, les chercheurs ajoutent qu’il n’y a pas de raison qu’ils arrêtent. Mais à ce jour, les programmes d’exercices structurés et proposés pour les patients qui souffrent de démence ne semblent pas être un investissement rentable.
Valeur limitée
Dans le cadre de cette étude, 329 patients atteints de démence ont pris part à des séances de gym qui duraient entre 60 et 90 minutes deux fois par semaine pendant quatre mois. Ils passaient au moins 20 minutes sur un vélo stationnaire et soulevaient des poids tout en se levant d’une chaise. Ils étaient encouragés à faire des exercices à la maison pendant une heure de plus chaque semaine.
Le groupe qui a fait de l’exercice a ensuite été évalué et comparé à un groupe de 165 personnes souffrant aussi de démence et qui recevait uniquement les soins habituels. Le professeur Sallie Lamb, auteur de l’étude, explique que ces résultats montrent que les gens qui sont atteints de démence depuis deux à trois ans pourraient suivre des instructions simples pour faire de l’exercice afin d’améliorer leur condition physique et leur force musculaire.
Cependant, ces bénéfices ne se traduisent pas en des améliorations dès lors que les sujets souffrent de déficience intellectuelle, ni pour ce qui est des activités quotidiennes de la vie de tous les jours, ni dans le comportement ou la qualité de la vie relative à la santé.
Après 12 mois, les chercheurs ont trouvé que la déficience cognitive avait encore décliné dans les deux groupes, et que le groupe qui faisait de l’exercice faisait même pire, bien que cette différence fût très faible. Les chercheurs précisent que ces résultats n’étaient pas très surprenant étant donné que la dégénération des cellules cérébrales a débuté il y a plusieurs années, avant que les symptômes n’apparaissent comme par exemple dans le cas de la maladie d’Alzheimer.
Le message reste donc que l’exercice est bon, mais que le fait de commencer un programme d’exercices une fois que la maladie est déjà bien établie n’a qu’une valeur très limitée. Les chercheurs précisent que d’autres formes d’exercices pourraient avoir différents effets et que ceci pourrait faire l’objet de recherches futures.
Bien entendu, il y a de nombreux bénéfices à tirer de l’exercice physique autres que seulement pour la santé. Pour de nombreuses personnes, l’exercice peut être une source de plaisir et apporter des opportunités d’interactions sociales de valeur. Ces considérations peuvent s’appliquer à tous ceux qui vivent en souffrant de démence comme pour tout le monde.
L’exercice reste pourtant le meilleur moyen de réduire le risque d’être atteint de démence chez les personnes âgées en bonne santé. Mais cette étude montre qu’il faudra des études de plus grande ampleur pour trouver un programme d’exercices efficace pour la santé cérébrale chez les individus qui sont déjà touchés par la condition.
Références :
[1] Dementia And Physical Activity (DAPA) trial of moderate to high intensity exercise training for people with dementia : randomised controlled trial. BMJ 2018 ; 361.