Il n’y a plus aucun doute que l’exercice modéré régulier est associé à tout un ensemble de bénéfices pour la santé. Parmi ces bénéfices, on peut parler de l’amélioration de la mémoire et de l’intellect, et sans doute d’une diminution du risque de développer une démence.

L’une des récentes études [1] à avoir montré cette corrélation implique des jeunes et vieux adultes qui portaient un appareil pour enregistrer leurs pas. Le nombre de pas qu’ils faisaient durant toute l’étude a ensuite été corrélé avec leur performance à des tests neuropsychologiques. Les chercheurs ont trouvé que pour les adultes les plus âgés, mais pas pour les plus jeunes, plus d’activité physique était corrélé avec une meilleure performance cognitive générale, mais surtout avec la reconnaissance des visages et des noms.

Il s’agit d’une petite étude sur 60 sujets seulement au total, et ce n’est qu’une étude de corrélations. Il est possible que les adultes plus vieux en meilleure santé soient physiquement plus actifs et cognitivement plus alertes grâce à leur forme physique sous-jacente. Des adultes cognitivement plus actifs pourraient aussi être physiquement plus actifs, la démarcation entre la cause et l’effet est plausible de multiples façons.

Cependant, nous avons une littérature scientifique abondante pour pouvoir mieux explorer cette question. Par exemple, les études qui ont analysé les effets de l’exercice cardiovasculaire [2] ont trouvé que cela améliorait immédiatement certains types de fonctionnements cognitifs. Il y a une certaine complexité pour interpréter la recherche cela dû au fait qu’il y a tant de sous-questions à trier. Les études peuvent analyser tous les adultes, les adultes les plus vieux seulement, les adultes en bonne santé, ceux qui souffrent d’une altération minimes de leurs facultés mentales, ou qui souffrent de démence. Ils peuvent analyser tous les exercices, ou des exercices cardiovasculaires. Et il y a un grand nombre de résultats cognitifs qui peuvent être mesurés.

L’analyse de la recherche

Une revue Cochrane de 2008 [3] a conclu : “Il y a des preuves qui montrent que les activités physiques qui améliorent la condition cardiovasculaire sont bénéfiques pour la fonction cognitive chez les adultes âgés en bonne santé, avec des effets observés sur le fonctionnement moteur, la vitesse de réflexion, le fonctionnement de la mémoire différée ainsi que l’attention auditive et visuelle. Cependant, la majorité des comparaisons n’a pas produit de résultats importants.

Ils appellent de leurs voeux une plus grande standardisation chez les chercheurs, en se focalisant sur quelques tests cognitifs seulement pour que les résultats puissent être plus facilement comparables.

Une revue de 2015 [4] a également conclu : “les résultats indiquent que l’exercice physique pourrait bénéficier au fonctionnement cognitif chez les adultes plus âgés qui souffrent de troubles cognitifs légers, comprenant des améliorations de la cognition globale, de la fonction exécutive, de la mémoire, de l’attention et de la rapidité de traitement. L’exercice physique pourrait aussi impacter positivement la physiologie du cerveau qui vieillit. Cependant, les preuves qui entourent les caractéristiques des programmes d’exercices physiques efficaces en termes de type d’exercice, d’intensité, de durée et de fréquence restent limitées.

Les nouvelles études continuent de trouver des corrélations, et même des causes dans des études dans lesquelles certains types d’activité physique améliorent certaines mesures cognitives. Une revue de 2014 a conclu : “des études sur des sujets âgés atteints de trouble cognitif léger ont rapporté certains effets positifs de l’activité physique sur la cognition, principalement sur la cognition globale, la fonction exécutive, l’attention et le souvenir différé”. Ils font cependant aussi remarquer qu’il faut des études plus rigoureuses avec des interventions futures pour mieux établir la cause et l’effet.

Les revues font aussi plusieurs remarques constantes, il ne semble pas y avoir d’association constante entre l’activité physique et l’amélioration de certains types de fonctionnement cognitif chez les adultes plus âgés qui sont soit en bonne santé ou qui ont des troubles cognitifs minimes. Les données pour les adultes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer tendent vers la négative. À cause du grand nombre de variables, la littérature est assez difficile à interpréter, et tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut des études plus rigoureuses pour clarifier quels types d’exercices sont vraiment bénéfiques (si les bénéfices sont spécifiques à certains types d’exercices en particulier).

La meilleure image

La leçon à retenir ici est de comprendre dans quelle mesure il est difficile de répondre à une question clinique spécifique par de la recherche de bonne qualité. Même une question qui semble plutôt simple au premier abord – est-ce que l’exercice améliore la mémoire ou le fonctionnement cognitif ? – s’avère être très complexe et difficile à répondre. La recherche scientifique préliminaire affiche des résultats qui sont très variables, mais qui tendent vers une direction. Cette littérature scientifique préliminaire est plus utile pour indiquer s’il cela vaut la peine de faire des recherches plus rigoureuses, et elle permet aussi de savoir comment concevoir des études plus rigoureuses.

Finalement, après des années et de nombreuses études ayant trait à cette question traitée de différentes manières, une image plus claire commence à émerger. De nouveau, les résultats ont besoin d’être interprétés avec prudence en comprenant les limites de la recherche clinique.

L’exercice régulier vous aide probablement à mieux penser

Il y a donc probablement un effet bénéfique de l’activité physique sur le fonctionnement cognitif chez les adultes plus âgés qui sont soit en bonne santé ou qui souffrent des symptômes des troubles cognitifs légers. Les bénéfices pour ce qui est de la démence véritable sont moins clairs, mais ils n’ont pas été clairement réfutés. Étant donné ce que nous savons à propos de la physiologie de l’exercice, un bénéfice est très plausible. En outre, il y a tout un ensemble d’autres bénéfices bien établis, et les risques de faire de l’exercice modéré régulier sont faibles. Ainsi, il semble évident de recommander de faire de l’exercice pour la santé mentale et générale.

Les futures recherches pourront peut-être clarifier, ou pas, quels types d’exercice apportent le plus de bénéfices. Cela peut ne pas faire beaucoup de différence, il se peut qu’en fait tout exercice soit meilleur que d’être sédentaire.

Références :

[1] Int Neuropsychol Soc. 2015 Nov ;21(10):780-90.Physical Activity Is Positively Associated with Episodic Memory in Aging. Hayes SM, Alosco ML, Hayes JP, Cadden M, Peterson KM, Allsup K, Forman DE, Sperling RA, Verfaellie M.

[2] J Int Neuropsychol Soc. 2015 Nov ;21(10):791-801. Acute Exercise Improves Prefrontal Cortex but not Hippocampal Function in Healthy Adults. Basso JC, Shang A, Elman M, Karmouta R, Suzuki WA.

[3] Cochrane Database Syst Rev. 2008 Apr 16 ;(2):CD005381. Physical activity and enhanced fitness to improve cognitive function in older people without known cognitive impairment. Angevaren M, Aufdemkampe G, Verhaar HJ, Aleman A, Vanhees L.

[4] J Psychosoc Nurs Ment Health Serv. 2015 Nov 18:1-11. How Exercise Influences Cognitive Performance When Mild Cognitive Impairment Exists : A Literature Review. Cai Y, Abrahamson K.

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