Comment le régime et l’entrainement des athlètes olympiques peuvent affecter leurs performances … aux toilettes ?

Les Olympiens de l’entrainement passent par des routines sportives intenses et prolongées, qui sont souvent accompagnées par des exigences en terme d’alimentation. Des études ont montré que ces pratiques, notamment dans les sports d’endurance comme le marathon, peuvent avoir des effets secondaires sur le corps et, en particulier, sur le système gastro-intestinal.

Des chercheurs ont découvert qu’un entrainement vigoureux peut non seulement provoquer des nausées, des douleurs abdominales et de la diarrhée, entre autres symptômes physiques, mais aussi modifier la faune bactérienne dans les intestins, ce qui peut avoir des implications supplémentaires pour la santé des individus.

Sans doute l’exemple le plus extrême et célèbre de ce genre de problème gastrique est celui du marcheur Yohann Diniz. En 2016, alors qu’il faisait les 50 kilomètres lors des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro ,Diniz s’est effondré avec des selles et du sang qui coulaient le long de ses jambes, bien qu’il voulut terminer la course pour finir à la septième place.

Les douleurs intestinales

Les douleurs intestinales sont en fait très fréquentes chez les athlètes d’endurance, entre 30 % et 50 % des coureurs longue distance vivent des problèmes gastro-intestinaux à des degrés divers, d’après une étude publiée dans le journal Sports Medicine [1]. Une autre étude a montré que l’exercice intensif affectait la digestion chez des athlètes bien entrainés, et que des entrainements intenses augmentaient la fréquence des selles des individus ainsi que leur consistance [2].

Le stress produit par l’entrainement d’endurance ou des exercices extrêmes peut provoquer une réaction inflammatoire dans les intestins, ce qui peut conduire à de la diarrhée, des ballonnements et des douleurs abdominales. L’entrainement d’endurance redirige les flux d’oxygène de l’intestin vers les muscles, ce qui peut perturber le bon fonctionnement gastro-intestinal. Si les intestins n’ont plus assez d’oxygène, cela peut causer des blessures dans la muqueuse de l’intestin.

Des symptômes sérieux de diarrhée peuvent aussi provoquer une déshydratation, ce qui peut non seulement affecter la performance des athlètes mais aussi avoir des conséquences importantes pour la santé.

Les coureurs ne sont pas les seuls touchés

Alors que la détresse gastrique est reconnue comme un fléau chez les coureurs longue distance, on parle beaucoup moins des symptômes gastro-intestinaux chez les autres athlètes, comme les Olympiens, dont l’entrainement est souvent titanesque. Or, le problème pourrait bien être beaucoup plus répandu que ce qu’on suspectait, comme l’a fait remarquer le British Journal of Sports Medicine [3]. Les chercheurs ont étudié 249 athlètes de haut niveau de différents sports comprenant le cyclisme, l’équitation, le rugby, le tao kwon do et l’ultra-marathon. Ils ont trouvé que 86 % des sujets décrivaient au moins un symptôme gastro-intestinal, et que 15 % avaient un des symptômes, et parfois plus, comme étant modérément sévère ou pire. Environ 48 % ont rapporté souffrir de ballonnements abdominaux, 44 % avaient des gaz et 21 % notaient la présence de diarrhée.

Une telle prévalence des symptômes montre que les professionnels de la santé devraient davantage se préoccuper de la façon dont l’intestin est affecté par un entrainement intense et par un régime alimentaire particulier, et ceci à travers diverses disciplines sportives.

Le microbiome

L’entrainement athlétique peut aussi apporter des changements qui affectent les bactéries dans le système digestif, et ce changement peut en fait bénéficier au sportif. Chez les athlètes de tous types, il y a un effet positif où le microbiote semble changer d’une manière qui le rende plus riche, et il y a aussi une augmentation de la représentation des bactéries qui récoltent de l’énergie à partir de l’alimentation.

D’après un article publié dans le journal Oxidative Medicine and Cellular Longevity [4], l’exercice peut augmenter la diversité bactérienne et favoriser les bactéries bénéfiques. L’exercice favorise en particulier un équilibre bénéfique entre les populations de deux bactéries intestinales : le genre Bacteroides et les Firmicutes. Des déséquilibres entre ces deux groupes ont été associés à certains troubles gastro-intestinaux et à l’obésité.

Cependant, il faudra plus de recherches pour découvrir les façons dont les changements d’entrainement modifient le microbiome intestinal et comment ces glissements de l’équilibre bactérien affectent le métabolisme des athlètes, et peut-être leurs performances. La question à poser est de savoir si les bactéries font quelque-chose qui puisse profiter à l’exercice. Il y a une certaine communication entre le cerveau et l’intestin, les effets bénéfiques des bactéries sur l’exercice pourraient être associés aux changements de l’humeur et de la cognition.

Références :

[1] Sports Med. 2014 ;44 Suppl 1:S79-85. Gastrointestinal complaints during exercise : prevalence, etiology, and nutritional recommendations.

[2] Effect of heavy exercise on gastrointestinal transit in endurance athletes. Scandinavian Journal of Gastroenterology.

[3] Gastrointestinal symptoms in elite athletes : time to recognise the problem ? British Journal of Sports Medicine.

[4] Exercise Modifies the Gut Microbiota with Positive Health Effects. Oxidative Medicine and Cellular Longevity, 2017.

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