Les chercheurs pourraient bientôt être en mesure d’ajouter un autre bénéfice à la liste déjà longue des bénéfices de l’exercice physique pour la santé : une étude préliminaire [1] suggère que quand les patients ayant survécu à un cancer font du sport pendant plusieurs semaines après avoir terminé leur chimiothérapie, leurs systèmes immunitaires se reconstituent eux-mêmes pour devenir plus efficaces, et éventuellement permettre de repousser les incidences futures de cancer. Ces résultats pourraient permettre d’expliquer pourquoi l’exercice physique peut significativement réduire les chances d’une rechute, ou diminuer les probabilités de cancer chez les personnes qui n’ont jamais été touchées par la maladie.
Les chercheurs ont analysé les lymphocytes T dans le sang de ceux qui ont survécu à un cancer avant et après un programme d’exercices de 12 semaines. Ils ont trouvé qu’une part importante de ces cellules immunitaires se sont converties d’une forme “sénescente”, qui n’est plus aussi efficace pour combattre la maladie, vers une forme “naïve” prête à lutter contre le cancer et les infections.
Exercice physique et immunité
L’auteure de l’étude, Laura Bilek, explique que des recherches antérieures ont mis à jour tout un ensemble d’associations positives entre l’exercice et le cancer, surtout que l’exercice physique peut réduire le risque d’être touché pour la première fois par plusieurs types de cancer, que cela peut souvent améliorer le pronostic des patients atteints de cancer, et peut diminuer le risque de récurrence et de rechute chez les patients ayant survécu à certains types de cancers. Cependant, les mécanismes à l’origine de ces phénomènes demeuraient inconnus
Comme d’autres études ont suggéré que le sport pouvait reconstituer le système immunitaire, en le rendant plus efficace pour lutter contre la maladie en général, Bilek et ses collègues ont décidé d’étudier comment l’exercice affectait le système immunitaire de patients atteints de cancer. Travaillant avec un groupe de 16 personnes qui ont survécu à un cancer, toutes sauf une avaient terminé leur chimiothérapie, et avec lesquelles les chercheurs se sont focalisés sur les lymphocytes T, un type de cellule immunitaire qui attaque tout un ensemble d’agents infectieux ainsi que les cellules cancéreuses.
Après une chimiothérapie, des recherches antérieures avaient montré que la majorité des lymphocytes T devenaient sénescents, avec une diminution de leur capacité à lutter contre les infections et les cancers. Cependant, le fait de reconstruire une population de lymphocytes T sensibles est critique pour pouvoir reconquérir un système immunitaire normal et la capacité à lutter contre le cancer.
Les chercheurs ont d’abord pris des échantillons de sang à chacun des volontaires pour examiner combien de lymphocytes T sénescents et naïfs ils avaient personnellement. Puis, les sujets de l’étude ont tous été enrôlés dans des programmes sportifs de 12 semaines. Tous les programmes étaient individualisés pour les participants de l’étude, en comprenant des exercices pour le coeur, pour la force et l’endurance, et des exercices de souplesse, d’équilibre et de position, en mettant l’accent sur des domaines où les patients étaient les plus faibles.
Après 12 semaines de programme, les chercheurs ont prélevé un second échantillon de sang de chaque volontaire pour faire la même analyse de lymphocytes T que la première. Les résultats ont montré que le ratio de lymphocytes T sénescents et naïfs avait évolué favorablement dans la majorité des participants, avec la plupart des personnes qui avaient récupéré de plus grands nombres de type naïfs.
“Ce que nous disons c’est qu’avec l’exercice physique, vous pourriez vous débarrasser des lymphocytes T qui ne sont pas utiles, et faire de la place pour les lymphocytes T qui peuvent être utiles” dit Bilek.
Elle ajoute que ses résultats mettent en valeur l’importance du sport pour tout le monde, y compris pour ceux qui sont touchés par un cancer et ceux qui en sont sortis. Ces deux populations pourraient bénéficier de cette “surveillance du cancer” accrue, c’est-à-dire la capacité du système immunitaire à chercher et à détruire les cancers naissants, que cette étude fait reposer sur le sport.
“Il y a une litanie de bénéfices positifs tirés du sport” dit Bilek. “Si l’exercice physique renforce effectivement le système immunitaire et améliore potentiellement la surveillance du cancer, ce n’est qu’un élément de plus dont il faut parler aux patients à propos des raisons qui font qu’ils devraient planifier une activité physique régulière dans leur journée, et en faire une priorité dans leur vie”.
Références :
[1] Effect of Exercise on T Cells in Cancer Survivors. The Integrative Biology of Exercise VI, 2012.