La lumière dans une pièce avant de se coucher impacte la qualité du sommeil, la tension artérielle et le risque de diabète. Une étude montre que l’éclairage intérieur a un effet profondément suppressif sur l’hormone mélatonine.

Selon cette étude publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism (JCEM) [1], l’exposition à la lumière artificielle, entre le crépuscule et l’heure de se coucher, supprime fortement les niveaux de mélatonine, et pourrait impacter les processus physiologiques régulés par les signaux de la mélatonine, comme le sommeil, la thermorégulation (chaleur produite par le corps), la tension artérielle et l’homéostasie du glucose.

La mélatonine est une hormone produite la nuit par la glande pinéale dans le cerveau. En plus de son rôle dans la régulation du cycle éveil/sommeil, la mélatonine a montré qu’elle réduisait la tension artérielle et la température du corps, et a aussi été étudiée comme possible traitement contre l’insomnie, l’hypertension et le cancer. Dans notre société moderne, les individus sont régulièrement exposés à la lumière artificielle en soirée pour faire des activités professionnelles, de loisir et sociales. Cette étude a cherché à comprendre si l’exposition à la lumière, dans une pièce le soir, pouvait inhiber la production de mélatonine.

“Sur une base journalière, des millions de gens choisissent de laisser les lumières allumées avant d’aller au lit, ainsi que pendant les heures habituelles de sommeil” dit le Dr Joshua Gooley, auteur de l’étude, de la Harvard Medical School de Boston. “Notre étude montre que cette exposition à la lumière intérieure a un effet suppressif important sur l’hormone mélatonine. Ceci pourrait en retour avoir des effets sur la qualité du sommeil et la capacité du corps à réguler sa température, la tension et les niveaux de glucose.”

Pour cette étude, des chercheurs ont évalué 116 volontaires en bonne santé, âgés entre 18 et 30 ans, qui ont été exposés à la lumière artificielle ou de la lumière pâle dans une pièce huit heures avant d’aller au lit, pendant cinq jours consécutifs. Un cathéter a été posé en intraveineuse dans l’avant bras des participants pour collecter leur plasma sanguin en continu toutes les 30-60 minutes, et mesurer la mélatonine.

Les résultats ont montré que l’exposition à la lumière artificielle avant d’aller se coucher raccourcissait la durée de la mélatonine d’environ 90 minutes, en comparaison avec de la lumière terne. En outre, l’exposition à la lumière artificielle pendant les heures de sommeil habituelles supprime la mélatonine de plus de 50%.

“Etant donné que la suppression chronique de la mélatonine par la lumière a été mise en accusation comme cause de l’augmentation du risque relatif de certains types de cancer, et que les gènes récepteurs de la mélatonine ont été associés au diabète de type 2, nos résultats pourraient avoir des implications importantes pour la santé chez les travailleurs d’équipe qui sont exposés à de la lumière artificielle la nuit pendant de nombreuses années” dit Gooley. “Il faudra d’autres recherches pour confirmer la suppression de la mélatonine comme facteur de risque significatif pour le cancer du sein, et déterminer les mécanismes par lesquels la mélatonine régule le métabolisme du glucose.

Références :

[1] Exposure to room light prior to bedtime suppresses melatonin onset and shortens melatonin duration in humans. Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism.

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