Des chercheurs ont découvert que parmi tous les suppléments dont se gavent les enrhumés en période hivernale, seul le zinc avait un petit effet pour conjurer les rhumes, alors que la vitamine C n’est qu’un immense gaspillage d’argent.
Des chercheurs ont analysé 67 études [1] qui avaient examiné l’efficacité des produits et remèdes de prévention du rhume, et ils ont découvert que peu d’entre eux méritent d’être portés aux nues. Ils en sont venus à la conclusion que les remèdes traditionnels comme l’échinacée, le ginseng, les inhalations et les sirops contre la toux n’apportent pas de bénéfices clairs, tandis que les antibiotiques étaient susceptibles de faire plus de mal que de bien.
Sur toutes ces études passées en revue, seul des suppléments de zinc semblaient tirer leur épingle du jeu. Des médicaments comme l’ibuprofène et le paracétamol étaient utiles pour ce qui est de diminuer la fièvre, et avaler du miel apaisait un peu les maux de gorge. Le fait de se laver les mains était aussi efficace pour éviter de propager la maladie.
Ces résultats montrent de nouveau que des millions d’euros sont gaspillés en pure perte chaque année dans l’achat de tubes et sachets de vitamine C, ou de médicaments enrichis en vitamine C, dans l’objectif d’éviter d’attraper un rhume.
“Les meilleurs éléments de preuve concernant la prévention du rhume sont de se laver souvent les mains et peut-être de prendre du zinc” explique le Dr Michael Allan, de l’Université d’Alberta. “Bien que limité en soi, le rhume est très fréquent et peut être handicapant. Il affaiblit les gens et réduit la productivité au travail, il affecte même d’autres activités de tous les jours. Son impact sur une société est très large”. Les adultes sont en moyenne touchés 2 à 3 fois par an, et les enfants de moins de 2 ans jusqu’à 6 fois par an.
Au moins deux études ont montré que les enfants qui prenaient 10 à 15 mg de sulfate de zinc tous les jours avaient des taux plus faibles de rhumes, et étaient moins absents de l’école à cause des rhumes. Bien que les études aient été réalisées sur des enfants, les chercheurs concluent “qu’il n’y a pas de vérité révélée selon laquelle le zinc ne pourrait marcher que sur les enfants et pas sur les adultes”.
Des symptômes comme les maux de gorge, le nez bouché ou qui coule, de la toux et des malaises sont habituellement à leur apogée du premier au troisième jour, et peuvent durer entre 7 et 10 jours, parfois jusqu’à 3 semaines pour les plus malchanceux. Seul un rhume sur 20 est causé par une bactérie, et la majorité est causée par un virus qui ne peut pas être traité par des antibiotiques.
La vitamine C a connu son heure de gloire dans les années 70, après que le Prix Nobel de chimie Linus Pauling ait déclaré qu’il pouvait empêcher et soulager les rhumes. C’est ensuite devenu un remède populaire, sans que Pauling n’ait aucune autorité médicale, ni preuve définitive autre que son halo de Prix Nobel.
Bien que la vitamine C soit un antioxydant pouvant neutraliser les effets des radicaux libres, et préserver les défenses du système immunitaire, une revue de Cochrane a trouvé que le fait de prendre régulièrement des compléments alimentaires de Vitamine C n’avait aucun effet sur la fréquence des rhumes, bien que cela puisse légèrement réduire la durée de la maladie.
Les chercheurs ont aussi réfuté d’autres remèdes traditionnels. “Le rôle du ginseng pour ce qui est d’empêcher les rhumes est douteux” dit le Dr Allan. “Des études sur l’exercice physique, sur l’ail et l’homéopathie n’ont pas montré de preuves de leur efficacité, pas plus que la vitamine D ou l’échinacée”.
Le compte-rendu a aussi découvert que les inhalations qui contiennent du camphre, les crèmes et les huiles au menthol et à l’eucalyptus, appliquées sur le cou et la poitrine, n’apportaient aucun bénéfice et pouvaient même provoquer des rougeurs ou des sensations de brûlure.
L’ibuprofène et l’acétaminophène étaient utiles pour ce qui est de réduire la fièvre et la douleur. Les chercheurs d’ajouter qu’il y a des éléments de preuve montrant que les probiotiques pourraient aider à empêcher les rhumes, bien que les types et les combinaisons d’organismes différaient selon les études tout comme les formules, ce qui rend difficile toute comparaison.
Références :
[1] Prevention and treatment of the common cold : making sense of the evidence. Michael Allan, Bruce Arroll. Canadian Medical Association Journal, cmaj.121442.