Le sélénium est l’un des nutriments “essentiels” pour les êtres humains, ce qui signifie que nos corps ne peuvent pas le fabriquer, et que nous devons le tirer de notre alimentation. Pourtant, les êtres humains n’ont besoin que d’une infime quantité de sélénium par jour, entre 55 microgrammes, ou millionièmes de gramme.

Le sélénium a été découvert comme élément en 1817 par le chimiste Suédois Jöns Jacob Berzelius, qui a déterminé les poids atomiques de nombreux éléments, et a développé un système de symboles chimiques. On pensait au début que c’était une toxine, mais des scientifiques ont déterminé que le sélénium était un minéral essentiel dans les années 1950. D’après l’American Cancer Society, dans les années 1960, des médecins ont commencé à faire des recherches sur le pouvoir potentiel du sélénium de lutter contre les tumeurs chez les animaux.

Les scientifiques savent maintenant que le sélénium est nécessaire à la production de sélénoprotéines dans le corps, qui est une famille de protéines qui contient du sélénium sous forme d’acide aminé. D’après l’Institut Linus Pauling, 25 sélénoprotéines différentes ont été isolées dans le corps à ce jour, mais seule la moitié de leurs fonctions a été identifiée.

La recherche humaine et animale a trouvé que les sélénoprotéines étaient impliquées dans le développement de l’embryon, dans le métabolisme de la tyroïde, des défenses antioxydantes, la production de sperme, dans le fonctionnement musculaire et dans la réponse du système immunitaire aux vaccinations.

Où trouve-t-on du sélénium ?

Les plantes qui poussent dans de sol et qui contiennent du sélénium le transforment en une forme utilisable par les êtres humains et les animaux. Le sol dans le monde a différentes quantités de concentrations en sélénium. Plus la concentration en sélénium dans le sol est élevée, et plus la concentration de sélénium dans les cultures est aussi élevée. Certains sols dans des régions de Chine et de Russie sont naturellement pauvres en sélénium. Les carences en sélénium dans la région du Keshan en Chine étaient suffisamment importantes pour qu’une forme de maladie, la cardiomyopathie (maladie de Keshan), se développe. Des programmes gouvernementaux Chinois, qui ont ajouté une supplémentation en sélénium dans l’alimentation dans les années 1970, ont permis de réduire les cas de maladie de Keshan. Les faibles niveaux de sélénium en Chine, au Tibet et en Sibérie pouvaient avoir joué un rôle dans un type particulier d’ostéoathrite appelé la maladie de Kashin-Beck.

Les faibles niveaux de sélénium sont plus fréquents chez les gens sous certaines conditions dans le monde, ce qui soulève des questions et des espoirs sur le fait que des suppléments de sélénium pourraient être bénéfiques à la santé.

Le sélénium comme supplément

Le sélénium est l’un des éléments nutritionnels connu pour avoir des propriétés antioxydantes, ce qui veut dire qu’il joue un rôle dans les réactions chimiques qui empêchent les radicaux libres d’endommager les cellules et l’ADN. Les radicaux libres sont des molécules instables provenant des toxines de l’environnement, ou de déchets du métabolisme du corps humain. Les suppléments antioxydants, comme le sélénium, sont souvent vantés comme pouvant prévenir les maladies cardiovasculaires, le cancer et la perte de la vue.

Les suppléments de sélénium en particulier sont supposés aider les gens qui souffrent d’asthme, et réduire le risque d’arthrite rhumatoïde et de maladie cardiovasculaire. Les niveaux de sélénium baissent avec l’âge, ainsi, certains ont déclaré que le sélénium pouvait ralentir le processus de la vieillesse, le déclin cognitif et la démence sénile. Des niveaux faibles en sélénium sont aussi impliqués dans la dépression, dans l’infertilité masculine, dans la faiblesse du système immunitaire et les problèmes de tyroïde.

Le sélénium est présenté comme pouvant ralentir la progression du VIH et contrecarrer l’effet poison des métaux lourds. Certains shampoings utilisent du sulfure de sélénium comme traitement local, cependant, cette forme de sélénium peut causer des cancers si elle est ingérée. Certains déclarent que les suppléments de sélénium peuvent améliorer les migraines, nausées et les symptômes de vertigo venant de la tension intracrânienne. Il est aussi avancé qu’il améliorerait les troubles de la digestion dans le tube digestif, surtout chez les enfants.

Est-ce que les suppléments de sélénium sont efficaces ?

Contre le cancer ?

Les études sur d’importantes populations et sur une durée donnée ont trouvé une corrélation entre les individus qui mangent beaucoup de sélénium et un risque plus faible de certains cancers, notamment de cancers de la vessie, de la prostate, des poumons et certains cancers gastro-intestinaux. Plus de 100 petites expériences sur des animaux ont montré que les suppléments de sélénium réduisaient le nombre de nouvelles tumeurs, d’après une analyse de 2004 publiée dans le British Journal of Nutrition.

D’après l’American Cancer Society, les régions du globe avec des sols riches en sélénium tendaient à avoir les taux les plus faibles de décès par cancer que les régions avec les sols les plus pauvres, particulièrement en ce qui concerne les cancers du poumons, de l’œsophage, de la vessie, du sein, du colon, du rectum, du pancréas, des ovaires et du col de l’utérus. Mais ces tendances ne prouvent cependant pas que le sélénium soit un facteur sous-jacent dans le taux de survie d’un cancer.

Des études contrôlées, dans lesquelles des groupes de personnes ont reçu soit des suppléments de sélénium soit un placébo, ont découvert des résultats contradictoires sur les propriétés anti-cancer du sélénium. Une étude publiée dans le journal BJUI sur plus de 1300 hommes et femmes atteints d’un cancer de la peau a trouvé que le groupe d’hommes qui prenait des suppléments de sélénium avait aussi 52% de cas de cancer de la prostate en moins. Mais une étude plus grande sur plus de 35000 hommes, la Selenium and Vitamin E Cancer Prevention Trial (SELECT), a trouvé que les suppléments de sélénium n’avaient pas d’influence sur le risque de cancer de la prostate. La Clinique Mayo ne recommande d’ailleurs pas de prendre des suppléments de sélénium, car aucune donnée scientifique de vient corroborer son efficacité.

Contre les maladies cardiovasculaires ?

Des études préliminaires ont montré que le sélénium jouait un rôle dans la santé cardiovasculaire. Il réduisait l’inflammation et empêchait les plaquettes (les cellules sanguines dans le sang) de s’agréger, ce qui peut causer la formation de caillot. Les caillots peuvent provoquer des crises cardiaques, des attaques, une insuffisance rénale, embolie pulmonaire et d’autres problèmes.

D’après l’Université du Maryland, une carence en sélénium pourrait empirer l’athérosclérose (le durcissement des artères). Les études animales ont montré qu’une supplémentation en sélénium après une longue période de carence inversait les dégâts chez des souris. Pourtant, les résultats sur des êtres humains ont donné des résultats mitigés.

Certaines études d’observation, dans lesquelles les médecins suivaient des patients sans les avoir répartis au hasard dans un groupe prenant le supplément ou un placébo, ont trouvé que plus les niveaux de sélénium dans le sang étaient bas, et plus le risque de tension et de maladie de coeur était élevé. Mais d’autres études n’ont pas trouvé de lien significatif entre les niveaux de sélénium et les maladies cardiovasculaires. Certaines études d’observation ont même trouvé la tendance inverse : des niveaux plus importants de sélénium étaient associés à une plus mauvaise santé cardiovasculaire [1].

Dans une étude clinique [2], des chercheurs ont assigné plus de 450 adultes plus âgés à prendre soit un placébo, soit différentes quantités de suppléments de sélénium pendant six mois. Ils ont découvert que les gens qui prenaient le sélénium avaient des niveaux de mauvais cholestérol plus bas, et que le groupe qui prenait les plus fortes quantités de sélénium (300 µgr) a aussi affiché des niveaux plus élevés de HDL, le “bon” cholestérol.

Cependant, une revue de la Collaboration Cochrane a conclu que considérées dans leur ensemble, les preuves des études sur le sélénium, qui totalisent un total de presque 20000 personnes sur 12 études, ne confirmaient pas que le fait de prendre des suppléments de sélénium était un moyen d’empêcher les maladies cardiovasculaires. Cependant, les chercheurs notaient que la grande majorité des participants était constituée d’hommes vivant aux États-Unis, où les habitants ont déjà beaucoup de sélénium dans leur alimentation.

Références :

[1] National Institutes of Health’s Office of Dietary Supplement.

[2] Annals of Internal Medicine. 2011.

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