Des chercheurs ont réfuté le mythe selon lequel les sportifs de l’extrême seraient des drogués du risque, de l’adrénaline et de vrais casse-cous suicidaires.

Cette recherche a été publiée dans le journal of Psychology of Consciousness : Theory, Research and Practice [1] par les Professeurs Eric Brymer et Robert Schweitzer qui montrent que les sports de l’extrême sont des activités de loisirs dans lesquelles une erreur ou un accident mal gérés ont pour conséquence la mort, comme dans le BASE jumping, le surf sur grandes vagues ou encore l’escalade libre.

« Les sports de l’extrême se sont développés tel un phénomène mondial, et nous assistons à un intérêt et à un engagement sans précédent dans ces activités, » explique Brymer. « Alors que le nombre de participants dans les équipes traditionnelles et les sports individuels comme le golf, le basketball ou les sports de raquettes semble avoir décliné ces dernières années, le nombre de participants dans les sports extrêmes explose, ce qui en fait une industrie multimillionnaire. »

Le Professeur Brymer déclare que jusqu’à maintenant il y avait une grande incompréhension sur ce qui motivait les gens à prendre part à ces sports de l’extrême, et beaucoup en ont fait une activité pour les drogués de l’adrénaline. « Notre recherche montre que les gens qui font des sports extrêmes sont tout sauf des irresponsables casse-cous suicidaires. Ce sont des individus très entrainés qui ont une connaissance parfaite d’eux-mêmes, de l’activité qu’ils pratiquent et de leur environnement pour vivre une expérience qui puisse améliorer et changer leur vie, » dit-il.

« L’expérience est très difficile à décrire, comme il peut être très difficile de décrire l’amour. Cela fait que le participant se sent vivant, où tous ses sens semblent mieux fonctionner que dans la vie de tous les jours, comme s’il transcendait les façons quotidiennes d’être et de percevoir son propre potentiel. Le BASE jumper, par exemple, parle de pouvoir voir toutes les couleurs, les coins et recoins des montagnes quand elles s’approchent à plus de 300 km/h, les grimpeurs de l’extrême se sentent flotter et danser avec la montagne. Ces individus évoquent le temps qui ralentit et comme une fusion avec la nature. »

Le Professeur Schweitzer déclare que le fait de comprendre les motivations des sports de l’extrême était important pour comprendre les êtres humains. « Loin des hypothèses qui se focalisent sur la prise de risque traditionnelle, la participation aux sports de l’extrême facilite des expériences psychologiques plus positives et exprime des valeurs humaines telles que l’humilité, l’harmonie, la créativité, la spiritualité et un sens vital qui enrichit la vie de tous les jours, » dit Schweitzer.

Il ajoute que comme les participants aux sports de l’extrême ont beaucoup de mal à exprimer leurs expériences sous forme de mots, cette recherche a eu recours à une nouvelle approche pour comprendre les données. « Au lieu d’une approche basée sur une théorie qui pourrait faire des jugements qui ne reflètent pas l’expérience vécue par ceux qui s’adonnent aux sports de l’extrême, nous avons adopté une approche phénoménologique pour nous assurer que pouvions les comprendre, » dit-il.

« Cela nous a permis de nous concentrer sur des expériences vécues en direct dans les sports extrêmes, dans l’objectif d’expliquer les thèmes qui sont cohérents avec l’expérience des adeptes de ces sports. En faisant cela, nous avons été en mesure de conceptualiser de telles expériences comme représentant potentiellement les efforts situés à l’extrémité de l’action humaine, qui est de faire des choix pour s’engager dans une activité qui puisse, dans certaines circonstances, conduire à la mort.

« Cependant, de telles expériences ont montré qu’elles étaient au contraire l’affirmation de la vie et la possibilité de la transformer. Les sports extrêmes ont le pouvoir d’induire des états de conscience qui ne sont pas ordinaires, qui sont immédiatement puissants et importants. Ces expériences enrichissent la vie des participants et leur apportent un autre aperçu de ce qu’être humain veut dire. »

Références :

[1] Brymer, Eric ; Schweitzer, Robert D. Psychology of Consciousness : Theory, Research, and Practice, Vol 4(1), Mar 2017, 63-7.

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