Le terme abrégé de “détox”, pour “détoxication” ou “détoxification”, est une pratique qui consisterait à retirer les toxines du corps. La forme la plus connue de détox est le nettoyage du colon et du foie. La plupart des médecins considèrent toutes ces thérapies de détoxication comme de la pseudoscience qui repose surtout sur une incompréhension de la biologie de base. Les produits détox sont tout autant considérés comme un gaspillage d’argent, voire potentiellement dangereux pour certains d’entre eux.
La pratique demeure cependant fort répandue, présentée par des témoignages et promue par un nombre incalculable de sites internet et de magazines peu regardant sur la rigueur de leur contenu éditorial. Les avocats des thérapies de détoxification commencent avec la prémisse selon laquelle le corps accumule des toxines qui peuvent causer le cancer ou d’autres maladies. Le fait de nettoyer régulièrement ces toxines réduirait le risque de maladie et contribuerait à se sentir en meilleure santé, à avoir une peau plus éclatante et à avoir plus d’énergie.
Il faut d’abord faire remarquer que la détoxication décrite ici est différente de la pratique utilisée dans le cadre d’un traitement contre l’abus d’une substance. Selon le Centre de Traitement contre l’Abus des Substances, la désintoxication fait “référence à un ensemble d’interventions visant à gérer l’intoxication aiguë et à la retirer”. Une désintoxication supervisée peut empêcher des complications potentiellement mortelles qui pourraient apparaître si le patient n’était pas traité. C’est un processus qui comprend trois composantes essentielles : l’évaluation, la stabilisation et l’entrée du patient dans le traitement.
La vérité sur les toxines
Premièrement, une note sur les toxines. Une toxine est un poison ; pourtant, la toxicité, le degré par lequel quelque-chose est poison, repose sur la dose. La plupart des toxines dans le corps ne sont pas suffisamment concentrées pour être toxiques, ni pour être réellement dangereuses. Inversement, virtuellement tout élément chimique, y compris l’eau, est toxique (ou mortel) à certains dosages.
Il est vrai que le corps humain accumule des toxines à partir de la nourriture, de l’eau et de l’air ingérés. Et dans ce monde moderne d’éléments chimiques faits de la main de l’homme et de pratiques industrielles, des niveaux alarmants de toxines circulent dans nos corps. Les scientifiques ne savent pas avec certitude si cette soupe chimique intérieure est nocive ou, si c’est le cas, dans quelle mesure elle est nocive. Plus inquiétant, personne n’est immunisé, pas même les personnes qui vivent dans des régions retirées.
Ce qui est clair, cependant, c’est que les systèmes de détox, tels que les jeûnes ou les solutions de “nettoyage” extrêmes à base de jus ou de plantes, ne font aucune différence pour le retrait des toxines. Et ceci est même une bonne chose parce qu’une libération soudaine de toxines de l’endroit où elles sont stockées pourrait provoquer un choc dans le corps.
Rencontre avec le foie
La principale défense du corps contre les toxines est le foie. Tout ce que vous respirez ou avalez qui est décomposé et absorbé dans le sang passe par le foie. Le corps dépend du foie pour se réguler, pour synthétiser, pour stocker et secréter les protéines et les nutriments importants et aussi pour purifier, transformer et nettoyer les substances toxiques ou inutiles.
Alors que le foie détoxifie le sang, en transformant des éléments chimiques potentiellement nocifs en éléments solubles dans l’eau qui peuvent être transpirés ou excrétés, l’organe ne fonctionne pas comme une sorte de filtre qui deviendrait saturé par des toxines captées qui auraient besoin d’être secouées et évacuées.
Du point de vue biologique il n’existe rien de tel que le nettoyage du foie. Les toxines pourraient être complètement ou partiellement détoxifiées, elles pourraient passer à travers le foie encore et encore. Mais elles ne s’accumulent pas dans le foie. Les exceptions seraient la vitamine A, le fer et le cuivre, mais c’est rare et c’est un signe de maladie hépatique.
Au mieux, on pourrait argumenter en disant que les prétendus nettoyeurs de foie pourraient aider le foie à mieux fonctionner pour retirer les toxines. Mais il n’y a aucune étude convaincante qui confirme ces déclarations, bien que certaines études soutiennent la notion que le pissenlit et le chardon-marie pourraient favoriser la santé hépatique.
À la rencontre du colon
Le nettoyage du colon repose sur un terrain plus branlant. Des médecins de l’Université de Georgetown ont réalisé une étude en 2011 sur la littérature médicale, et ils n’ont trouvé absolument aucune confirmation scientifique de la pratique qui consiste à détoxifier le colon. La notion selon laquelle le colon serait une fosse d’aisance des toxines est ancienne … et plutôt logique en considérant ce qui se vide depuis le colon. Mais tout comme le foie, le colon n’accumule pas les toxines. De nouveau, la biologie humaine est absente ici aussi.
Premièrement, des matières fécales durcies ne bouchent pas le colon à la manière d’une plaque qui boucherait les artères. Tout gastroentérologue vous l’expliquera. Le colon est beaucoup trop humide et flexible pour que cela soit possible. Ainsi, ceci suffit à éliminer les deux principales déclarations des partisans du nettoyage du colon : selon lesquelles les matières fécales bloqueraient les toxines, et selon lesquelles cette matière fécale bloquerait l’absorption des nutriments (qui arrivent de toute façon dans l’intestin grêle).
Privées de matière fécale, il n’y a toujours aucune raison que les toxines, dans un afflux imminent depuis le corps, soient soudainement attirées vers les parois du colon. Le nettoyage du colon n’est en outre pas sans danger. Ce que vous nettoyez pourrait très bien être bénéfique pour les bactéries qui aident à la digestion. Un lavement régulier du colon et du rectum peut faire perdre cette aptitude à produire une défécation correcte, et l’on peut devenir dépendant des lavements.
Les effets secondaires les plus fréquents sont des nausées, des vomissements, une diarrhée et des douleurs abdominales. Selon la solution de lavements et la quantité d’eau utilisée, les patients peuvent subir une perte dramatique d’électrolytes. Des cas documentés de troubles médicaux sérieux ont été rapportés, comme des insuffisances hépatocellulaires et rénales, des embolies, des perforations rectales, des infections du sang et des décès de dysenterie.
À la rencontre des cellules de graisse
Un troisième schème de détoxication générale est opéré par le jeûne, à l’aide de jus de fruit et légumes, de préparations à base de plantes ou via un régime alimentaire cru. Pour faire court, il n’existe pas d’aliments ni de plantes qui attraperaient et rejetteraient magiquement les toxines hors des organes et du corps. Les toxines conservent plusieurs formes chimiques, et il n’y a pas de raison qui expliquerait comment une solution prétendument naturelle pourrait localiser et extraire tout ce qui est nocif dans le corps tout en conservant ce qui est bon.
Le régime alimentaire cru, déclaré être détoxifiant, offre un exemple particulièrement instructif. Ce régime supposerait donc que toutes les espèces végétariennes et qui mangent cru, comme les vaches, les lapins, etc., soient exonérées de toxines. Mais ces espèces sont autant chargées en toxines que les êtres humains (d’ailleurs certaines voix végétariennes s’élèvent contre les toxines présentes dans le bœuf et le lait).
L’argument le plus logique ici est que le jeûne ou les jus aideraient à brûler les cellules adipeuses, qui sont connues pour contenir des toxines. Pourtant, le corps brûle la graisse dans les cellules adipeuses, et non pas la cellule en soi. Les cellules de graisse rétrécissent, elles ne disparaissent habituellement pas. Si c’est le cas, comme dans le cas d’une famine extrême, les médecins ne savent pas avec certitude ce qui adviendrait des toxines présentes à l’intérieur.
Les toxines ne s’évacueraient pas seulement hors du corps mais iraient plus probablement de nouveau dans le foie. Il se pourrait qu’une telle libération rapide de toxines, lentement accumulées avec les années et stockées dans les cellules adipeuses, surcharge le foie et cause des dégâts sérieux.
Réduire l’accumulation
Le meilleur conseil pour diminuer votre charge toxique est de réduire votre exposition aux toxines (tabac, pollution urbaine, médicaments inutiles, alcool), de suivre un régime alimentaire sain, de boire suffisamment pour permettre aux reins, foie, poumons et glandes sudoripares de faire leur travail qui est d’éliminer le plus de toxines possibles.