Qui n’a pas déjà lu ou entendu dire qu’il existe des liens importants entre notre alimentation et certains cancers. Les preuves en faveur de cette affirmation semblent plutôt consensuelles. Pourtant, ces liens sont très complexes et prêtent souvent à confusion.
La consommation de fruits est-elle bénéfique pour la prévention du cancer ?
Une analyse a par exemple montré qu’une consommation de fruits (notamment les agrumes) et de légumes pouvait être bénéfique pour la prévention du cancer du pancréas [1], la consommation de céréales complètes a montré qu’elle réduisait les risques et l’ajout de vitamine B9 aux céréales complètes pourrait apporter plus de protection encore. La viande rouge, cuite à hautes températures, devrait être évitée et remplacée par de la volaille ou du poisson. Les graisses doivent être limitées. L’utilisation de curcuma et d’autres flavonoïdes devrait être encouragée dans l’alimentation.
Une autre analyse scientifique des études [2] a cependant indiqué qu’il n’existait pas de preuve définitive qui ait conclut que des aliments isolés constituent un facteur de risque indépendant, contrairement à l’adoption de types d’alimentation contre le risque de cancers. Le risque de cancer du côlon dérivé d’une consommation de viande est influencé à la fois par la consommation totale de viande et sa fréquence. L’interaction des composés phénoliques sur les voies métaboliques et de signal semble exercer un effet inhibiteur sur la prolifération des cellules métastasées et les tumeurs, et provoquer l’apoptose des différents types de cellules cancéreuses, comprenant celles du colon, des poumons, de la prostate, du cancer hépatique ou du sein.
Une troisième revue de la littérature scientifique [3] a conclu qu’une consommation de légumes crucifères protégeait contre le cancer du côlon, tandis qu’une quatrième analyse [4] suggère que le modèle du régime Méditerranéen, composé principalement de fruits, de légumes, de poisson et de soja, est associé à une réduction du risque de cancer du sein. Il n’y avait pas de preuves d’une association entre les modèles traditionnels de l’alimentation et le risque de cancer du sein.
À partir de ces messages contradictoires provenant de la littérature scientifique, une industrie s’est développée qui vend toutes sortes de régimes alimentaires et de compléments alimentaires supposés lutter contre le cancer, pour des patients désespérés ou des consommateurs déboussolés. Ils promettent plus qu’une simple prévention contre le cancer, et laissent même parfois planer le doute sur le fait que leur régime sera capable de traiter le cancer.
Régime cétogénique et cancer : que doit-on savoir ?
Les vendeurs du régime cétogénique déclarent qu’il est capable d’épuiser les cellules cancéreuses jusqu’à ce qu’elles meurent, et qu’il serait ainsi en mesure de restreindre le développement des tumeurs. D’autres affirment qu’un corps plus alcalin rendrait plus difficile la croissance des tumeurs. Le régime de Johanna Budwig serait supposé être préventif en tant que traitement alternatif. La thérapie Gerson “réactiverait naturellement” les capacités du corps à se guérir tout seul, et ce sans effets secondaires. Il s’agirait d’un traitement puissant et naturel qui stimulerait le système immunitaire du corps pour guérir du cancer, de l’arthrite, des maladies cardiovasculaires, des allergies et de tant d’autres maladies dégénératives.
Le Dr. Max Gerson a développé sa Thérapie Gerson dans les années 1930, qui était d’abord un traitement visant à traiter ses migraines, et éventuellement contre des maladies dégénératives comme la tuberculose de la peau, le diabète et surtout le cancer ! Le concept de la macrobiotique a aussi eu son heure de gloire. Car il s’agirait plus que d’un régime contre le cancer, ou toute autre maladie, car il viendrait de la Chine Ancienne et ses croyances selon lesquelles toute vie, y compris l’Univers, serait le fruit d’un équilibre entre deux forces opposées, le Yin et le Yang ! Comment ne pas comprendre que des patients désespérés d’apprendre qu’ils sont atteints d’un cancer, mus par le désir trop compréhensible de s’en sortir, ne tombent pas entre les griffes de bonimenteurs au jargon pseudoscientifique ?
Mais que disent vraiment les éléments de preuves scientifiques sur ces régimes ?
Une équipe de recherche allemande [5] a évalué ces régimes qui sont supposés lutter contre le cancer : fruits et légumes crus, alimentation alcaline, macrobiotique, régime de Gerson, de Budwig et faibles en hydrates de carbone et régime cétogénique. Leurs recherches élargies de la littérature scientifique disponible sur le sujet n’a pas trouvé de preuves cliniques qui confirment l’efficacité de ces régimes alimentaires.
En outre, les comptes rendus de cas concrets et les données précliniques font ressortir les dangers possibles de certains de ces régimes alimentaires. Les auteurs de conclure qu’étant donné l’absence de preuve de bénéfices de ces régimes contre le cancer, et les dangers potentiels d’une malnutrition, les oncologues devraient davantage alerter leurs patients touchés par un cancer sur ces régimes à la mode mais inutiles.
En d’autres termes, tous les régimes alimentaires prétendument contre le cancer ne sont pas confirmés par des éléments de preuves scientifiques, leur efficacité comme traitement ou même en tant que moyen de prévention contre le cancer, est inexistante. Ajoutons à cela qu’ils peuvent même être potentiellement nocifs.