Une recherche suggère que contrairement à un conseil alimentaire populaire, le fait de mâcher du chewing gum n’aide en rien les individus à moins manger ni à perdre du poids.
En fait, l’étude publiée dans le journal Eating Behaviors [1] montre que le chewing gum pourrait conduire les gens à manger des chips, des cookies et des friandises au lieu de fruits et légumes. Cela vient de ce que le menthol, l’élément chimique à l’origine du goût “menthe fraiche” de certains types de gommes, altère le goût des fruits et légumes.
Cette modification chimique est la même raison qui fait que “quand vous vous lavez les dents et puis que vous buvez ensuite un jus d’orange, il a mauvais goût” explique Christine Swoboda, co-auteure de l’étude.
Une solution pour maigrir ?
Le chewing gum peut aider à tester la performance, et les gommes sucrées au xylitol pourraient réduire les infections auriculaires chez les enfants. Et parce que cela pourrait susciter des pensées de nourriture et provoquer une production de sucs digestifs, certaines personnes faisaient l’hypothèse que le chewing gum pourrait augmenter la faim. Mais les scientifiques ont aussi fait l’hypothèse du contraire : que le fait de mâcher du chewing gum pouvait rassasier les gens et, en conséquence, réduire leur consommation de nourriture. Pour mettre cette affirmation à l’épreuve, un fabricant de chewing gum a proposé de financer une recherche scientifique sur le sujet.
Mais malgré des affirmations du contraire, seules quelques études ont étudié si le chewing gum aidait à maigrir, et ces dernières ont trouvé des résultats contradictoires, dit Swoboda. “Nous nous sommes intéressés au fait de savoir si cela aidait vraiment à perdre du poids” explique la chercheuse.
Mauvais gout
Pour le savoir, les scientifiques ont demandé à 44 volontaires de jouer à un jeu de type “machine à sous” en échange de nourriture. Certains participants ont joué pour des mandarines, oranges ou du raisin, tandis que d’autres ont joué pour des chips ou des M&Ms.
Avant de jouer, la moitié des participants a mâché soit des gommes à mâcher aux fruits, soit à la menthe forte. Ceux qui avaient mâché les gommes à la menthe étaient beaucoup moins susceptibles de jouer pour des fruits, ce qui suggère qu’ils étaient moins motivés pour les obtenir quand ils mâchaient du chewing gum. Les gommes au goût de fruit ont affiché un effet plus faible qui n’était statistiquement pas significatif.
Dans une seconde expérience, les chercheurs ont demandé à des participants de tenir un journal de leur alimentation enregistrant ce qu’ils mangeaient. A certaines époques, on demandait aux participants de mâcher un chewing gum à la menthe avant chaque repas et grignotage pendant une semaine, alors qu’à d’autres époques ils devaient simplement enregistrer leur consommation alimentaire.
Quand ils mâchaient un chewing gum, les participants mangeaient moins de repas. Mais cela ne se traduisait pas en moins de calories : au lieu de cela, les gens tiraient moins de nutriments de leur alimentation mais environ la même quantité de calories.
Il se peut que le menthol dans la menthe, qui interagit avec les nutriments dans les fruits et les légumes pour créer une saveur amère, détourne les gens des aliments sains, explique Swoboda.
Les gens “mangent moins de fruits et légumes, parce que dans leur tête, ils pensent ’je dois mâcher du chewing gum avant chaque repas, est-ce que je veux réellement un gouter ou un fruit ?’ ” dit-elle. “Alors qu’ils étaient susceptibles de se dire ; ’je suis si affamé que je vais avaler ce double cheeseburger et il aura le même gout’”.
Effet à long terme ?
Ces résultats sont intéressants, mais ils ne révèlent pas comment le chewing gum peut modifier les habitudes alimentaires des individus à long terme. En outre, on sait que le fait de tenir un carnet alimentaire est une mesure très imprécise des calories. Les individus ne sont pas très doués pour ce qui est de rapporter avec précision ce qu’ils mangent, et traduire cela en calories peut être source d’erreurs.
Références :
[1] Acute and chronic effects of gum chewing on food reinforcement and energy intake. Eating Behaviors, Volume 14, Issue 2, 2013, pp 149-156. Christine Swoboda, Jennifer Temple.