L’activité physique apporte de nombreux bénéfices à la santé qui vont de la diminution des problèmes cardiovasculaires et du cancer jusqu’à l’amélioration de la santé mentale et de l’humeur.
Mais contrairement à la croyance très répandue, l’exercice physique ne vous aidera pas à perdre de poids, conclusion à laquelle des scientifiques spécialisés en santé publique sont de nouveau arrivés [1]. “L’activité physique est très importante pour améliorer la santé en général et les niveaux de forme physique, mais il y a très peu de preuves qui montrent que cela peut faire plier la courbe de l’obésité,” expliquent les Docteurs Luke et Cooper dans le Journal International d’Epidémiologie.
Ces derniers étudient le lien entre l’activité physique et l’obésité depuis des années. Quand ils ont commencé leurs recherches, ils pensaient que l’activité physique prouverait son efficacité pour perdre du poids. Mais la prépondérance des preuves a montré que cette hypothèse était erronée. Si vous augmentez votre activité, votre appétit augmente aussi et vous compensez en mangeant plus. Ainsi, avec ou sans activité physique, le contrôle des calories reste l’élément clé pour maigrir ou pour maintenir son poids.
“Cette partie pourtant cruciale du message de santé publique n’est pas mis en valeur dans les recommandations pour être plus actif, prendre les escaliers et manger plus de fruits et légumes,” disent les scientifiques. “La prescription doit être précise, il n’y a qu’une manière efficace de perdre du poids : il faut avaler moins de calories.”
L’industrie agro-alimentaire a essayé de détourner l’attention des gens de la consommation de calories en favorisant la théorie selon laquelle le manque d’exercice physique serait une cause majeure d’obésité. Par exemple, des journaux ont rapporté que Coca-Cola, gros producteur de boissons sucrées, apportait son soutien à une “nouvelle solution” prétendument scientifique pour lutter contre la crise d’obésité disant que pour conserver un poids de corps sain il faut faire plus d’exercice et moins se soucier de diminuer les calories absorbées.
Or, dans leur article, les chercheurs détaillent les preuves qui montrent que l’activité physique n’est pas l’élément essentiel pour perdre du poids. Voici quelques exemples :
il est souvent affirmé que les faibles taux d’obésité en Afrique, en Inde et en Chine sont dus en partie à des habitudes quotidiennes de travail physique épuisant. Mais les preuves ne soutiennent pas cette notion. Par exemple, les Afro-Américains tendent à prendre plus de poids que les Nigériens. Pourtant, les études de Luke et ses collègues ont trouvé que, corrigés de la taille du corps, les Nigériens ne brûlent pas plus de calories par l’activité physique que les Afro-Américains.
de nombreuses études cliniques ont trouvé que l’exercice physique plus une restriction calorique conduisaient virtuellement à perdre la même quantité de poids qu’une restriction calorique seule.
des études d’observation n’ont pas montré d’association entre la dépense d’énergie et un changement de poids qui s’ensuit.
des proportions extrêmement petites de la population se situent dans des niveaux de dépense énergétique à des niveaux suffisamment élevés pour modifier l’équilibre énergétique sur le long terme.
Depuis la publication de leur étude dans le Journal International d’Epidémiologie en 2013, les preuves se sont accumulées pour montrer que l’activité physique n’influence pas le risque d’obésité, disent les chercheurs. “Alors que l’activité physique a de nombreux bénéfices, les multiples lignes de preuve mènent à la conclusion qu’une augmentation de l’activité physique est compensée par une augmentation de la consommation de calories, à moins qu’un effort conscient soit fait pour limiter cette réaction de compensation,” concluent-ils.
Références :
[1] A. Luke, R. S. Cooper. Physical activity does not influence obesity risk : time to clarify the public health message. International Journal of Epidemiology, 2014 ; 42 (6) : 1831.