Le fait de fumer du tabac par l’intermédiaire d’un narguilé est un passe-temps qui gagne en popularité chez les jeunes, mais nombreux sont ceux qui croient faussement que le fait d’avoir recours à la pipe à eau est moins dangereux pour leur santé que de fumer des cigarettes.

Dans une étude publiée dans Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention [1], des chercheurs ont mesuré les éléments chimiques présents dans le sang et dans les urines, et ont conclu que fumer la chicha apportait différents mélanges de toxines toujours aussi nocifs.

Le Dr Peyton Jacob, chimiste chercheur, et le Dr Neal Benowitz, chercheur sur le tabac, affirment que le narguilé expose les fumeurs à des niveaux élevés de monoxyde de carbone, qui sont tout particulièrement dangereux pour le fonctionnement du cœur et du système respiratoire, et à des niveaux importants de benzène qui sont associés depuis longtemps à un risque de leucémie.

“Les gens veulent savoir si le risque est moindre s’ils passent de la cigarette à la pipe à eau tous les jours” dit Jacob. “Nous avons découvert que le fait de fumer le narguilé ne constitue pas une alternative plus sûre que la cigarette, ni qu’il s’agit d’une stratégie efficace ni moins nocive.”

Et comparés aux non-fumeurs, disent-il, “si vous fumez la chicha tous les jours, vous êtes plus susceptible d’avoir un cancer”. Fumer du tabac via le narguilé est fréquent dans les pays du Moyen Orient, mais son usage se répand de plus en plus en Occident.

Des toxines propres au narguilé

Leur étude a impliqué huit hommes et cinq femmes, tous avaient déjà une expérience de fumeurs de cigarettes et utilisaient des narguilés. Les chercheurs ont demandé aux volontaires de fumer en moyenne trois fois de la pipe à eau ou 11 cigarettes par jour.

Les niveaux de déchets de benzène ont doublé dans les urines des volontaires après avoir utilisé le narguilé en comparaison de ceux qui fumaient des cigarettes. L’exposition professionnelle au benzène a montré qu’elle augmentait le risque de développer une leucémie.

En outre, les chercheurs ont mesuré le monoxyde de carbone expiré par les fumeurs de chicha et ils ont trouvé des niveaux 2,5 fois plus importants après avoir utilisé le narguilé qu’après avoir fumé des cigarettes.

Les différences dans les flopées de toxines qui terminaient leur course dans les corps des volontaires étaient largement dues au fait que les fumeurs fumaient deux matériaux différents selon Benowitz. Les utilisateurs de narguilé fument autre chose que seulement du tabac.

“Vous brûlez surtout de la briquette de charbon de bois au-delà du tabac” dit Benowitz, “et la plupart de ce que vous fumez est une préparation fruitée humide, qui est mélangée au tabac. Elle sent bon et a bon gout.”

Cependant, dit Jacob, “en plus de délivrer des substances toxiques à partir du charbon et du tabac, la chaleur provoque des réactions chimiques dans la mixture qui produit des composés organiques volatiles toxiques et des hydrocarbures aromatiques polycycliques. Certains de ces hydrocarbures sont hautement carcinogènes et peuvent causer le cancer du poumon.”

La consommation de nicotine, le composant addictif du tabac, était moindre avec le narguilé. Parmi ceux qui n’étaient pas encore intoxiqués, le type d’utilisateur le plus fréquent de la chicha, n’est pas susceptible de causer une addiction, dit Benowitz.

En général, l’exposition à différentes toxines connues différait pour les deux modes de fumeurs. Les individus diffèrent dans la façon dont leur corps métabolise et recrache les substances toxiques, ainsi, pour une meilleure comparaison, les chercheurs ont pris les mêmes personnes fumant des cigarettes et un narguilé sur différents jours.

Références :

[1] Comparison of Nicotine and Carcinogen Exposure with Water Pipe and Cigarette Smoking. Peyton Jacob, Ahmad Abu Raddaha, Delia Dempsey, Christopher Havel, Margaret Peng, Lisa Yu, Neal Benowitz Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention.

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