Le fait d’acheter des aliments dont la teneur est “réduite en ceci ou cela” ne veut pas obligatoirement dire que ces produits offrent un meilleur apport nutritif global.
Des termes comme “sans graisse”, “faible en graisse ou en sucres”, “à teneur réduite en sel”, etc. sur l’emballage pourraient donner au consommateur un sentiment de confiance avant leur achat, mais ces déclarations reflètent rarement la qualité nutritive réelle de l’aliment, selon une étude publiée dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics [1].
Cette étude ravive un débat toujours d’actualité sur ce que les instances régulatrices considèrent comme étant un étiquetage sain, les producteurs et les groupes d’intérêts tentent de passer outre les règles concernant les affirmations nutritionnelles sur les emballages alimentaires ou les boissons prêtes à l’emploi pour s’affronter aux consommateurs qui veulent rationaliser leurs achats et faire les meilleurs choix possibles.
“Dans de nombreux cas, les aliments qui déclarent contenir moins de sucre, moins de gras ou moins de sel ont un profil nutritionnel qui est pire que ceux sans ce genre de déclarations,” explique Lindsey Smith Taillie, auteure de l’étude. “En fait, dans certains cas, les produits qui tendent à être plus caloriques, plus riches en sodium, en sucre ou en graisse peuvent être plus susceptibles d’avoir des déclarations sur leur teneur plus faible ou réduit en ceci ou cela.”
Par exemple, une portion de trois cookies Oreo à teneur réduite en graisse contient quatre grammes et demi de graisse par rapport aux sept grammes dans les biscuits Oreo normaux, mais les deux contiennent 14 grammes de sucre par portion, ce qui peut faire croire que la version “faible en graisse” est “plus saine”. La boisson au chocolat au lait écrémé à teneur réduite en graisse est un autre exemple. Elle a moins de graisse mais est plus riche en sucre par rapport à celle au lait entier et plus riche en sucres et en graisse par rapport aux autres boissons.
Le problème vient en partie de ce que les autorités autorisent les fabricants de boissons et d’aliments à mettre différents étiquetages pour différents aliments.
Comme pour les exemple ci-dessus, si vous êtes un consommateur qui souhaite faire des choix sains, vous supposez que “réduit” signifie qu’il s’agit d’un produit sain. Mais ce produit n’aura une teneur réduite que par rapport à l’aliment/produit de référence et pour ce nutriment spécifique – un cookie réduit en graisse, par exemple. Ce cookie peut aussi contenir plus de sucre ou plus de sel, ainsi si les consommateurs ne font confiance qu’aux affirmations sur la “teneur réduite” en quelque chose, ils pourraient en fait avoir un cookie qui est moins bon à la santé. “Les affirmations sur une réduction de tel ou tel nutriment sont trompeuses car elles se réfèrent à un seul nutriment et sont toutes relatives,” expliquent-ils.
Les aliments qui affichent des déclarations sur une teneur réduite en nutriments sont tout aussi confus mais pour différentes raisons. Les autorités acceptent une mention “faible en graisses” sur l’étiquette si cet aliment a moins de trois grammes de ce nutriment par quantité habituellement consommée comme référence. Cependant, cette référence varie selon les catégories de produits. Par exemple pour les brownies cette référence est à 40 grammes, mais de 125 grammes pour les gâteaux au fromage.
“Un brownie faible en graisse peut avoir trois grammes de graisse pour 40 grammes, tandis qu’un cheesecake sans graisse peut contenir trois grammes de graisse pour 125 grammes. Ainsi, si un consommateur essaye de trouver un aliment sans graisse pour un dessert, le brownie aura plus de gras que le cheesecake. “
Après avoir analysé les données sur plus de 80 millions d’achats d’aliments et de boissons provenant de 40 000 foyers de 2008 à 2012, les chercheurs ont découvert que 13 % des achats d’aliments et 35 % des achats de boissons possédaient une déclaration sur une teneur réduite en quelque chose (y compris ‘sans’ ce nutriment, ou réduit et limité) et que les affirmations sur une teneur réduite en graisse étaient les plus fréquentes, suivi par le “plus faible en calories”, “moins de sucres” et “faible en sodium”.
Les chercheurs ont ensuite regardé les groupes qui étaient les plus susceptibles d’acheter des aliments avec ces déclarations. Il y avait une connexion entre le statut socio-économique et les achats d’aliments. Les individus avec des revenus élevés ou moyens étaient plus susceptibles d’acheter des aliments et boissons avec ce type d’affirmations sur leur étiquettes.
Références :
[1] No Fat, No Sugar, No Salt . . . No Problem ? Prevalence of “Low-Content” Nutrient Claims and Their Associations with the Nutritional Profile of Food and Beverage Purchases in the United States. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics.