Sur les vingt dernières années, les meilleurs marathoniens sont devenus plus petits, plus légers … et plus rapides.
Ce n’est un secret pour personne que les chronos des marathons, contrairement à la plupart des autres compétitions d’athlétisme, sont devenus de plus en plus rapides ces dix dernières années. Parmi les 20 marathoniens masculins les plus rapides de tous les temps, le chrono de 2008 de Haile Gebrselassie est le plus ancien de la liste ! Beaucoup de débats se sont engagés sur les raisons expliquant ceci, mais l’article le plus récent publié à ce sujet est celui de chercheurs du sport Français, publié dans le Journal of Sports Sciences [1], qui examiné tout un ensemble de facteurs démographiques, morphologiques et environnementaux des marathoniens.
Leur recherche a collecté les données sur les 100 meilleurs marathoniens de chaque année depuis 1990 pour les hommes, et depuis 1996 pour les femmes. Il y a certaines tendances prévisibles, comme l’augmentation régulière de la domination des coureurs Africains, et le rôle clé des bonnes conditions météorologiques pendant la période des marathons au printemps et en automne. Mais le plus intéressant est les données concernant la taille et le poids des coureurs.
Selon leur article, ces données ont été collectées à partir du site Internet de l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme (IAAF). Bien qu’il puisse y avoir des défauts dans leur méthode de collecte de ce genre de données (est-ce que les poids ont été collectés le même mois voire la même année que le marathon couru ?), ces éléments permettent d’avoir une tendance globale. Et cette tendance est particulièrement évidente. Ci-dessous le poids (moyenne de l’écart type en plus ou en moins) des 100 meilleurs hommes année par année.
C’est une baisse tout à fait claire. En 1990, le poids moyen des 100 meilleurs marathoniens était de 59,6 kg, en 2011 celui-ci pesait 56,2 kg. Il s’agit d’une baisse importante. Ils sont aussi devenus plus courts, de 1,73 mètre à 1,70 mètre. La baisse du poids ne s’explique pas entièrement par la baisse de la taille, étant donné que leur indice de masse corporelle (IMC) a aussi diminué de 19,83 à 19,42. Il est important de noter qu’il y a une large gamme de valeurs représentées, depuis un IMC rapporté à 15,78 (valeur qui peut faire douter de la précision des données) à 23,05.
Le livre de David Epstein, The Sports Gene, a un large chapitre consacré à l’augmentation de la spécialisation des types de corps pour différents sports. Il semble que nous ayons ici un exemple classique de cette action. Comme les auteurs de l’article le disent, des structures corporelles plus petites permettent aux coureurs de dissiper plus efficacement la chaleur, ce qui leur donne un avantage quand ils essayent de maintenir l’incroyable travail énergétique nécessaire pour tenir le rythme d’un marathon de classe mondiale.
Enfin, il est aussi intéressant de noter la rapidité d’action de cette pression sélective dans la modification de la taille caractéristique des meilleurs marathoniens.
Références :
[1] J. Sports Sci. 2013 Nov 5. Marathon progress : demography, morphology and environment. Marc A, Sedeaud A, Guillaume M, Rizk M, Schipman J, Antero-Jacquemin J, Haida A, Berthelot G, Toussaint JF.