Le prix à payer du vieillissement s’étend à tout le corps jusqu’au niveau cellulaire. Mais les dégâts accumulés par les cellules dans les muscles vieillissant sont particulièrement sévères car ils ne se régénèrent pas aussi facilement que chez les plus jeunes et s’affaiblissent étant donné que leurs mitochondries, qui produisent l’énergie, diminuent en vigueur et en nombre.
Une étude publiée dans le journal scientifique Cell Metabolism [1] montre cependant que certains types d’entrainement peuvent inverser cette tendance et certaines des conséquences que les années font subir aux mitochondries.
L’exercice physique est bon pour tout le monde, comme on le sait. Mais les scientifiques en savent pourtant peu sur les impacts de l’exercice au niveau cellulaire et comment ces derniers peuvent différer selon l’activité et l’âge de celui qui fait de l’exercice.
Les chercheurs de la Clinique Mayo de Rochester ont réalisé une expérience sur les cellules de 72 hommes et femmes en bonne santé mais sédentaires, qui étaient âgés de 30 ans ou moins ou de plus de 64 ans. Après avoir pris les mesures de base pour établir l’état de leur condition physique, leurs niveaux de sucre dans le sang et la santé de leurs mitochondries dans leurs cellules musculaires, les volontaires ont été répartis au hasard dans des groupes pour faire des exercices différents.
Certains d’entre eux faisaient un entrainement vigoureux avec des poids et haltères plusieurs fois par semaine, d’autres suivaient un entrainement par intervalles trois fois par semaine sur des vélos stationnaires (en pédalant à fond pendant quatre minutes, repos pendant trois minutes et répétaient cette séquence trois fois de suite) ; d’autres encore faisaient du vélo stationnaire à un rythme modéré pendant 30 minutes plusieurs fois par semaine et portaient des poids légers les autres jours. Un quatrième groupe, le groupe de contrôle, ne faisait pas d’exercice du tout.
Après 12 semaines à ce rythme, les tests en laboratoire ont été reproduits. En général, tous ceux qui avaient fait de l’exercice ont pu observer des améliorations de leur condition physique et de leur aptitude à mieux réguler le taux de sucre dans le sang. Il y avait certaines différences prévisibles : les gains de masse musculaire et de force étaient plus importants chez ceux qui n’avaient fait que de la musculation, alors que les entrainements par intervalles ont eu une plus grande influence sur l’endurance.
Mais les résultats les plus surprenants ont été trouvés dans les biopsies des cellules musculaires. Parmi les sujets les plus jeunes qui ont fait des entrainements par intervalles, les niveaux d’activité ont changé dans 274 gènes, comparés à 170 gènes chez ceux qui ont fait de l’exercice plus modérément et 74 chez ceux qui ont fait de la musculation. Au sein de la cohorte des plus âgés, presque 400 gènes fonctionnent désormais différemment, comparés à 33 chez ceux qui ont fait de la musculation et seulement 19 pour les sportifs modérés.
Or, les scientifiques pensent que beaucoup des gènes modifiés, et notamment dans les cellules de ceux qui ont suivi l’entrainement par intervalles, influencent la capacité des mitochondries à produire de l’énergie pour les cellules musculaires ; les sujets qui faisaient les entrainements par intervalles ont affiché des augmentations du nombre de mitochondries et de leur santé – un impact qui était particulièrement prononcé chez les cyclistes les plus vieux.
Il semble donc que le déclin de la santé cellulaire des muscles, qui est associé à l’âge, ait été “corrigé” grâce à l’exercice physique, et surtout si celui-ci est intensif, expliquent les chercheurs. En fait, les cellules des personnes les plus âgées réagissent de façon plus robuste à de l’exercice intense que les cellules des plus jeunes, ce qui montre qu’il n’est jamais trop tard pour se (re)mettre au sport pour en tirer des bénéfices.
Références :
[1] Enhanced Protein Translation Underlies Improved Metabolic and Physical Adaptations to Different Exercise Training Modes in Young and Old Humans. Cell Metabolism, Volume 25, Issue 3, p581–592, 2017.