Des chercheurs ont mesuré la puissance et l’efficacité chez des cyclistes de haut niveau.

Comment la performance physique change-t-elle quand nous vieillissons ? Dans quelle mesure cela est-il dû aux changements de modes d’entrainement ou d’activité plutôt qu’à l’âge en soi ? Ce sont des questions auxquelles il n’est pas facile de répondre, mais des athlètes confirmés qui ont continué à faire du sport avec l’âge ont pu être utilisés en tant que groupe test. Ces données sont issues d’une étude publiée dans l’European Journal of Applied Physiology [1], par des chercheurs français et australiens sur des triathlètes.

Cette étude est intéressante en ce que ces sportifs ont exercé sur de grandes distances pour s’assurer que les différents groupes (il y avait 10 sujets dans chaque groupe d’âge) avaient tous un niveau d’entrainement similaire. Dans ce cas, les sujets étaient des triathlètes qui faisaient jusqu’à 250 kilomètres de vélo par semaine. Le groupe qui s’entrainait le plus, celui des moins de 30 ans, faisait 260 km par semaine en moyenne, le groupe qui en faisait le moins, celui des 30 à 39 ans, courait 243 km par semaine. Soit un écart plutôt réduit.

Les chercheurs se sont surtout intéressés au rendement cycliste, qui est fondamentalement la quantité de travail utile réalisée sur le vélo divisé par la quantité d’énergie que les cyclistes ont brûlé pour produire ce travail (mesuré dans cette étude à 65 % de la puissance aérobique maximale). Les études sur des coureurs ont montré que cette efficacité de la course à pieds ne changeait pas beaucoup avec l’âge ; les études sur des cyclistes ont en revanche produit des résultats ambigus.

Cette nouvelle étude apporte des éléments de preuve solides que le rendement cycliste décline vraiment avec l’âge. Pourquoi cela ? L’une des explications possible est la “diminution de la masse musculaire, le réagencement de l’unité motrice et les altérations de recrutement de l’unité motrice qui apparaissent avec l’âge”, en d’autres termes, les caractéristiques physiques et neurales des muscles eux-mêmes.

Voici le graphique avec les modifications de VO2max et de la puissance de sprint à son maximum (mesurés dans une série de sprints de 5 secondes) à des fins de comparaison :


Ils semblent tous les deux diminuer dans des proportions identiques, d’une façon plus prononcée que l’efficacité. En fait, les baisses de la puissance du sprint maximal étaient intimement corrélées avec le déclin de la capacité aérobique et de l’efficacité : ceux qui déclinaient le plus perdaient le plus de terrain dans les trois catégories.

Alors est-ce une mesure intrinsèque du vieillissement ? Ce n’est pas si simple. Ces triathlètes confirmés sont certainement en excellente forme physique, mais ils pourraient bien négliger les types d’entrainement qui permettent de conserver la masse musculaire, la force et la puissance. En effet, une étude de 2011 [2] avait trouvé qu’un entrainement de force/musculation améliorait l’efficacité cycliste, et que les améliorations étaient plus importantes chez les cyclistes les plus âgés. Cette nouvelle étude apporte des éléments de preuve supplémentaires que l’entrainement de musculation devient quelque chose de plus en plus précieux pour les athlètes qui font de l’endurance quand ils vieillissent.

Références :

[1] Eur J Appl Physiol. 2014 Aug 15. Age difference in efficiency of locomotion and maximal power output in well-trained triathletes. Brisswalter J, Wu SS, Sultana F, Bernard T, Abbiss CR.

[2] Strength training improves cycling efficiency in master endurance athletes. Louis J, Hausswirth C, Easthope C, Brisswalter J . Eur J Appl Physiol. 2012 Feb ;112(2):631-40. doi : 10.1007/s00421-011-2013-1. Epub 2011 Jun 3.

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