Les compléments alimentaires de sélénium pourraient être nocifs pour les gens qui ont déjà un apport suffisant de ce minéral via leur régime alimentaire, ce qui est le cas de la majorité des occidentaux, et qu’il pourrait même augmenter le risque de diabète de type 2.
L’utilisation de suppléments de sélénium est devenue très répandue ces 10 dernières années, à cause notamment de la croyance selon laquelle le sélénium pourrait réduire les risques de cancer et d’autres maladies. Mais le “zèle d’une consommation excessive de sélénium peut avoir des conséquences inverses” explique l’auteur de l’étude publiée dans The Lancet [1], Margaret Rayman.
Ceux qui en consomment assez dans leur alimentation ne devraient pas prendre de suppléments de sélénium, conclut Rayman. Les gens en ont déjà bien assez avec les céréales, les fruits de mer et autres produits que l’on retrouve communément dans le régime alimentaire occidental.
Un zèle excessif
Bien que les compléments alimentaires de sélénium aient été vendus pour une multitude de conditions, leur popularité est le résultat d’études observationnelles. Cependant, les résultats des études cliniques qui ont cherché à confirmer l’efficacité des suppléments sont contradictoires.
Rayman a passé en revue les études sur le sélénium depuis 1990. Elle affirme que les résultats contradictoires proviennent probablement du fait que les suppléments n’apportent des bénéfices que quand la quantité de sélénium dans le régime alimentaire d’un individu est insuffisante.
La recherche a associé une faible consommation de sélénium, ou des faibles niveaux dans le sang, avec un risque plus important de décéder sur une période donnée, à une fonction immune médiocre et un déclin cognitif. Une consommation plus élevée de sélénium, ou des niveaux plus importants de sélénium dans le sang, ont été associés à une augmentation de la fertilité, à des effets antiviraux et à une protection contre certains cancers.
Mais cette analyse montre que des niveaux trop élevés peuvent aussi apporter leurs lots d’effets délétères.
Précisément, Rayman a découvert que les personnes qui ont des niveaux élevés avaient aussi un risque plus important de diabète de type 2. Le lien pourrait s’expliquer par le fait que le sélénium est incorporé dans une protéine, appelée GpX1, qui affecte la façon dont l’insuline fonctionne dans les cellules, dit-elle.
Le sélénium dans l’alimentation
Le sélénium est naturellement présent sous forme de trace minérale dans les sols et dans l’eau et est utilisé par les plantes. Les aliments qui ont les concentrations les plus élevées en sélénium sont les abats et les fruits de mer, mais le minéral se retrouve aussi dans les céréales, la viande rouge et à un moindre niveau dans les produits laitiers, les fruits et les légumes.
Selon cet article, les recommandations de consommation de sélénium est en moyenne de 60 microgrammes par jour pour les hommes, et de 53 microgrammes par jour pour les femmes.
“Les implications sont claires : les individus dont la concentration en sélénium dans le sérum ou le plasma sanguin est déjà à 122 µg/L ou plus, c’est-à-dire une large proportion de la population, ne devraient pas prendre de sélénium en supplément” écrit Rayman, faisant remarquer que les données proviennent d’échantillons de sang prélevés et faisant partie de la grande étude nationale américaine sur la santé et la nutrition du Centers for Disease Control and Prevention.
Références :
[1] Selenium and human health. Margaret Rayman, The Lancet, doi:10.1016/S0140-6736(11)61452-9.