Comme l’obésité frappe de plus en plus d’individus, il n’est pas surprenant qu’un fort pourcentage d’internautes en situation de surcharge pondérale cherche des conseils en ligne à propos de la perte de poids et de l’activité physique. Or une étude publiée dans l’American Journal of Public Health [1] montre que ceux qui font des recherches sur internet trouvent en premier lieu des informations de mauvaise qualité concernant la perte de poids, ou la gestion de son poids.

L’étude révèle que la première page de résultats, en utilisant un moteur de recherche comme Google, est susceptible d’afficher des sites moins fiables au lieu de sites plus complets et de bonne qualité, et qu’elle comprend également du contenu publicitaire qui fait moult promesses irréalistes pour maigrir.

“J’ai observé ma famille et amis faisant des recherches médicales ou sur la santé, et je me suis souvent demandé : ’mais où trouvent-ils ces informations ?’ ” explique le Dr François Modave l’auteur de l’étude, de l’Université de Jackson State. “Comme les premiers liens qui apparaissent lors d’une recherche sur internet, et ce quel que soit le sujet, reçoivent pratiquement 90 % de tous les clics,” observe Modave, “ceci dirige automatiquement les consommateurs vers une information de mauvaise qualité.”

“Les agences de la santé, les institutions académiques et les organisations médicales doivent travailler plus dur afin d’optimiser leur place dans les moteurs de recherche et pour que leurs liens apparaissent plus haut,” ajoute-t-il. “Les consommateurs doivent en outre être plus critiques quand il lisent des documents en ligne. Le mieux seraient même qu’ils lisent les études originales d’où sont tirées les histoires publiées sur internet, mais ce n’est pas faisable pour la plupart des gens,” sachant en outre que la majorité de ces études sont publiées en anglais, langue que les français et francophones ne maîtrisent pas beaucoup.

En 2012, les chercheurs ont évalué 103 sites web sur des requêtes spécifiques relatives à la perte de poids et ils ont noté les contenus par rapport à leur respect des conseils tirés des études scientifiques pour maigrir et gérer son poids de corps. Les sites internet médicaux, gouvernementaux et universitaires étaient les mieux notés, avec certains blogs.

“Lorsqu’on regarde exclusivement les dimensions clés du score de qualité globale, c’est-à-dire la nutrition, l’activité physique et les stratégies comportementales, nous observons que moins d’un cinquième des sites internet a un score au-delà de 50 %”, dit le chercheur. “Nous avons aussi observé qu’aucune page ne couvrait toutes les dimensions à la fois, les options principales tout comme les options chirurgicales et pharmaco-thérapeutiques.”

“Un des défis majeurs pour les professionnels de la santé est de s’assurer que le public ait accès à une information sérieuse”, explique le Dr David Clarke de l’Université Simon Fraser de Burnaby. “Les preuves scientifiques sont généralement considérées comme étant la meilleure connaissance qui soit, mais elles peuvent être difficiles à trouver étant donné la manière dont fonctionne internet et la façon dont les gens s’en servent. C’est un peu la jungle en matière d’informations.”

Clarke reconnait la fiabilité de certains blogs concernant la perte de poids : “alors que l’étude du Dr Modave et de son équipe met en lumière ces défis quand ils concernent la perte de poids, son étude donne aussi de l’espoir parce qu’elle révèle que des blogs, dont on pourrait penser qu’ils ont les scores les plus bas en terme de qualité de l’information, étaient en fait les meilleurs, ce qui signifie que les auteurs de blogs tentent réellement de fournir une information de qualité.”

Il ajoute : “les blogs sont aussi meilleurs pour ce qui est de l’accessibilité à l’information, que les sites internet gouvernementaux, médicaux et universitaires devraient utiliser comme source d’inspiration pour améliorer leur conception. J’espère donc que l’information qui repose sur des sources scientifiques et démontrées concernant la perte et la gestion du poids prendront de plus en plus de place au dépend des contenus de faibles qualité ou sponsorisés.”

Références :

[1] François Modave, Navkiran K. Shokar, Eribeth Peñaranda, Norma Nguyen. Analysis of the Accuracy of Weight Loss Information Search Engine Results on the Internet. American Journal of Public Health, 2014 ; 104 (10) : 1971 DOI : 10.2105/AJPH.2014.302070

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