Le pyruvate, une cétone et un acide alpha cétonique, apparait naturellement dans le corps quand le glucose est converti en énergie. Cela fait partie du cycle de Krebs, qui est une chaîne de réactions complexes dans laquelle les nutriments sont métabolisés pour fournir de l’énergie. Des hautes doses de pyruvate semblent stimuler la décomposition de la graisse dans le corps. Il n’est de ce fait pas surprenant que le pyruvate soit utilisé dans toutes sortes d’aides pour mincir, et si l’on en croit les publicités pour des prétendus “brûleurs de graisse”, le pyruvate serait le ticket d’entrée pour ceux qui veulent désespérément maigrir.
Une telle publicité pour ce genre de produit affirme par exemple “que le sodium de pyruvate et le potassium de pyruvate, peuvent agir comme stimulant du métabolisme, en venant s’ajouter au processus de thermogenèse. Des études ont découvert que le pyruvate réduisait le stockage des graisses dans le corps et qu’il transformait la source des aliments en calories qui sont ensuite brûlées sous forme de production de chaleur. Dans l’une de ces études, on a injecté trois brûleurs de graisse comprenant du pyruvate à des rats, et les rats ayant reçu le pyruvate brûlaient une plus grande quantité de graisse en augmentant leur taux métabolique au repos. Avec un métabolisme plus élevé, le corps brûlait plus de graisse chez ces individus, ce qui fait du pyruvate une excellente source pour gérer son poids.“
Alors peut-être que le pyruvate marche pour les rats, mais est-ce qu’il aide réellement tous ceux d’entre nous qui voudraient perdre quelques kilos ? Certaines études semblent répondre oui à cette question, tandis que d’autres disent le contraire. Que peut-on en conclure ? Il ne peut y avoir qu’une solution : il faut faire une revue systématique de la totalité des études disponibles, et cette analyse existe.
L’objectif de cette revue sytématique [1] était d’examiner l’efficacité du pyruvate pour ce qui est de réduire le poids du corps. Des recherches élargies de la littérature ont identifié 9 études randomisées, contrôlées contre placébo dont 6 respectaient les critères scientifiques de rigueur exigée. Toutes présentaient cependant des faiblesses méthodologiques. La méta-analyse a révélé une différence statistiquement significative de 0,72 kg du poids du corps avec le pyruvate comparé au placébo. La magnitude de cet effet est faible, et sa pertinence clinique est de ce fait incertaine. Les effets secondaires comprenaient des gaz, des ballonnements, de la diarrhée et une augmentation du cholestérol LDL (le “mauvais” cholestérol).
La conclusion de l’étude est claire : les éléments de preuve issus des études cliniques randomisées ne montrent pas de façon convaincante que le pyruvate est efficace pour maigrir. Des éléments de preuve limités existent sur la sécurité du pyruvate. Les études futures impliquant l’utilisation de ce supplément devront être plus rigoureuses et mieux rapportées.
Les suppléments de pyruvate sont populaires, les individus qui veulent maigrir sont poussés faussement à croire qu’ils sont efficaces. Les bodybuilders, tout comme les autres athlètes, ont tendance à en consommer parce qu’il est affirmé par les vendeurs que le pyruvate est capable de réduire la graisse du corps et d’augmenter la capacité à utiliser l’énergie de manière plus efficace. Aucune de ces hypothèses ne repose sur des preuves solides. Mais sans se soucier outre mesure des preuves disponibles, toute une industrie sait bien exploiter la crédulité de ses concitoyens.
Étant donné que ces “brûleurs de graisse” ne sont, en plus, pas bon marché, mieux vaut opter pour une méthode plus économique et qui a fait ses preuves pour maigrir : manger un peu moins et bouger un peu plus. Évidemment cette solution est (trop) simple, mais c’est la seule qui vaille.
Références :
[1] Crit Rev Food Sci Nutr. 2014 ;54(1):17-23. doi : 10.1080/10408398.2011.565890. Pyruvate supplementation for weight loss : a systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials. Onakpoya I, Hunt K, Wider B, Ernst E.