Une étude à long terme a utilisé l’IRM pour cartographier les modifications du stockage de la graisse dans le corps, et montre les différents effets des modes de vie sur la réduction de la graisse.
Cette étude, publiée dans le journal Circulation [1], a donc eu recours à l’imagerie par IRM pour localiser les divers changements dans plusieurs lieux de stockage de la graisse corporelle pendant 18 mois durant lesquels les sujets suivaient un régime alimentaire de type méditerranéen et faible en glucides, avec ou sans exercice physique modéré.
Cette étude randomisée et contrôlée, réalisée à l’Université Ben-Gurion en collaboration avec les universités de Harvard et de Leipzig, a cherché à évaluer comment des stratégies distinctes de modes de vie différents allaient impacter les dépôts de graisse (adipeux) dans le corps. Pour cartographier ces dépôts, les chercheurs ont collecté une quantité importante d’IRM de corps entiers à six mois et à 18 mois, chacun avec 300 points de marquage, sur des individus en surpoids ou obèses, hommes ou femmes.
“Le fait de peser les patients ou d’utiliser des tests sanguins pour détecter ces changements n’avait jusqu’à maintenant pas donné d’images très précises, notamment de la façon dont les différents dépôts de graisse sont impactés, de façon disproportionnée, par l’alimentation et l’exercice,” dit le Professeur Iris Shai, auteur de l’étude. “Ces résultats montrent que l’exercice modéré associé à une alimentation de type méditerranéen/faible en glucides peut aider à réduire la quantité de certains dépôts de graisse, même si on ne perd pas beaucoup de poids pendant l’effort.”
Dans cette étude, même avec une perte de poids modérée, le groupe suivant le régime méditerranéen/faible en glucides était bien plus supérieur que le groupe suivant un régime faible en graisse pour ce qui était de réduire certains bassins de stockage de la graisse, comprenant la graisse viscérale (abdominale), intra-hépatique (foie), intra-péricardique (cœur) et les graisses pancréatiques. Cependant, les dépôts de graisse sinus-rénaux (reins), fémoraux-intermusculaires et cervicaux (cou) n’étaient modifiés que par la perte de poids et non par les changements spécifiques du mode de vie.
Les différents dépôts de graisse ont affiché des réactivités très différentes suite aux interventions, à côté de pertes de poids modérées à long terme. En général, les réductions de dépôts de graisse les plus importantes étaient hépatiques (-29 %), viscérales (-22 %) et intra-péricardique (-11 %). Les dépôts de graisse intermusculaires pancréatiques et fémoraux n’ont été réduits que de un à deux pourcents.
“Dans cette étude nous avons appris qu’une perte de poids modérée, mais persistante, pouvait avoir des effets bénéfiques importants sur les dépôts de graisse relatifs au diabète et aux maladies cardiovasculaires,” explique le Professeur Shai. Une alimentation de type méditerranéen, riche en graisses insaturées et faibles en glucides, était une stratégie plus efficace qu’un régime iso-calorique faible en gras pour inverser de façon importante les sites de stockage de la graisse morbide.
L’étude sur 18 mois a inclus 278 adultes sédentaires dans un lieu de travail isolé qui recevaient un repas contrôlé. Les participants ont été répartis au hasard dans un groupe recevant une alimentation méditerranéenne/faible en glucides +28 gr de noix par jour ou iso-calorique/faible en graisse avec ou sans entrainement sportif supervisé modéré au moins trois fois par semaine.
Cette étude vient à la suite de deux autres de 2008 et 2012 qui avaient trouvé que les régimes alimentaires de type méditerranéen/faible en glucides étaient efficaces pour améliorer l’état cardio-métabolique et pour inverser l’athérosclérose de la carotide (Circulation 2010). À partir de ces résultats, les chercheurs ont voulu savoir si c’était la redistribution interne de la graisse dans le corps, plutôt que les différences légères de perte de poids entre les régimes, qui pouvait mettre en évidence les bénéfices importants à la santé attribués aux régimes méditerranéens.
Les chercheurs ont aussi découvert que la baisse de la graisse hépatique et de chacun des dépôts de graisse abdominale avait des conséquences spécifiques sur la santé. Après avoir contrôlé plusieurs paramètres, le fait d’éliminer de la graisse viscérale ou hépatique était indépendamment associé à une amélioration du profile lipidique. Le fait d’éliminer de la graisse sous-cutanée en profondeur était associé à une amélioration de la sensibilité à l’insuline, et éliminer la graisse sous-cutanée superficielle était neutre, excepté dans le cadre d’une association avec une réduction de l’hormone leptine.
“En conclusion, disent les chercheurs, cette étude démontre que le fait d’améliorer la qualité nutritionnelle et d’être physiquement actif peut améliorer les risques cardio-métaboliques à travers les modifications des dépôts de graisse viscérale/ectopique qui ne se reflètent pas dans les changements du corps seul ni de son apparence.”
Références :
[1] Effect of Distinct Lifestyle Interventions on Mobilization of Fat Storage Pools : The CENTRAL MRI Randomized Controlled Trial. Circulation. 2017.