Des chercheurs de l’Université McGill, du King’s College de Londres et de GlaxoSmithKline ont identifié deux allèles génétiques chez les Caucasiens qui, ensemble, provoquent une augmentation étonnante sept fois plus importante du risque d’être touché d’alopécie chez les hommes.
Environ un tiers des hommes est touché par la calvitie à l’âge de 45 ans. Économiquement et socialement il s’agit de quelque chose de considérable : les dépenses de greffes de cheveux aux USA seuls dépassaient les 115 millions de dollars en 2007, alors que les revenus globaux des thérapies médicales pour lutter contre la calvitie dépassaient les 405 millions de dollars.
L’alopécie androgénétique chez les hommes est la forme de calvitie la plus souvent rencontrée, où les cheveux commencent par être perdus au-dessus des tempes, résultant en une ligne de cheveux en forme de M. Les estimations suggéraient que plus de 80% des cas étaient héréditaires.
Cette étude a été dirigée par le Dr. Vincent Mooser de GlaxoSmithKline, le Dr. Brent Richards de la Faculté de Médecine de l’Université McGill et le Dr. Tim Spector du King’s College. Associés avec des collègues d’Islande, de Suisse et des Pays-Bas, les chercheurs ont réalisé une vaste étude sur les associations génomiques auprès de 1125 hommes caucasiens qui ont été évalués sur leur type de calvitie [1]. Ils ont trouvé que deux variations génétiques, auparavant inconnues, sur le chromosome 20, augmentaient substantiellement le risque de calvitie. Ils ont ensuite confirmé leurs découvertes chez 1650 autres hommes caucasiens.
“Je présume que l’alopécie androgénétique masculine est causée par la même variation génétique chez les non caucasiens.” dit Richards, professeur assistant en épidémiologie génétique, “mais nous n’avons pas étudié ces populations, donc nous ne pouvons l’affirmer avec certitude.”
Bien que les chercheurs considèrent leur découverte comme étant une avancée majeure dans le domaine de l’alopécie, ils rappellent que cela ne veut pas dire qu’un traitement contre la calvitie soit imminent.
“Nous n’avons fait qu’identifier une cause.” dit Richards. “Traiter l’alopécie nécessite plus de recherches. Mais, bien entendu, le premier pas pour trouver un moyen de traiter la plupart des conditions est d’abord d’en identifier la cause.”
“Un diagnostic précoce avant de perdre ses cheveux pourrait conduire à des thérapies intéressantes, qui seraient plus efficaces que de traiter une calvitie déjà bien avancée.” ajoute Spector, du King’s College et directeur de l’étude de cohorte sur les jumeaux en Angleterre.
Les chercheurs étaient déjà conscients qu’une variation génétique sur le chromosome X était associée à cette forme d’alopécie.
“C’est l’idée que la calvitie est héritée du côté maternel de la famille.” explique Richards. “Cependant, il a été reconnu qu’il devait y avoir plusieurs gènes causant l’alopécie masculine. Jusqu’à maintenant, aucun n’avait pu être identifié. Si vous possédez à la fois cette variante génétique à risque que nous avons découvert sur le chromosome 20, et la variante non associée sur le chromosome X, vous avez un risque sept fois plus important d’être chauve.”
“Ce qui est étonnant c’est qu’un homme sur sept possède les 2 variations génétiques. Ce qui représente 14% de la population totale !”
Cette découverte met encore plus au ban les pseudo solutions des charlatans de la calvitie, qui continuent à vendre très cher des produits “miracles” à base de plantes ou d’huile pour lutter contre quelque chose qui est génétique, sous couvert d’explications pseudoscientifiques et de beaux schémas inutiles.
Les alopécies : de la clinique au traitement. Pierre Bouhana.
La chute des cheveux : Mieux comprendre pour mieux traiter. P. Scolan.
Références :
[1] Male-pattern baldness susceptibility locus at 20p11. Richards et al., Nature Genetics., Oct. 12, 2008