Après seulement six semaines d’entrainements modérés, les gens deviennent plus résistants.
Si vous voulez vous endurcir, vous pouvez prendre des mesures extrêmes, comme vous plonger dans un bain glacé ou vous enfermer dans un sauna de plus en plus longtemps. Ou alors, d’après une étude Australienne [1], vous pouvez seulement aller courir ou pédaler.
Une recherche antérieure [2] avait montré que les athlètes d’endurance pouvaient avoir une tolérance à la douleur supérieure que des non sportifs, mais sans voir leur seuil de tolérance à la douleur augmenter. C’est-à-dire que les athlètes et les non sportifs commencent à ressentir quelque chose comme douloureux au même niveau, mais une fois qu’ils souffrent, les athlètes peuvent tolérer la sensation de douleur plus longtemps que les non sportifs. Ces résultats soulèvent cependant une question circulaire : est-ce que certains individus sont devenus des athlètes parce qu’ils ont naturellement une meilleure tolérance à la douleur, ou est-ce le fait d’être sportif qui les a conduits à développer une meilleure tolérance à la douleur ?
L’étude Australienne a contourné ce problème en mesurant les seuils de douleur et la tolérance à la douleur dans un groupe de non sportifs, puis a fait de la moitié d’entre eux des sportifs en les entrainant pendant six semaines, pour de nouveau mesurer leur seuil et leur niveau de tolérance à la douleur.
Les résultats ? Dans un test, les individus qui se sont entrainés ont augmenté leur tolérance à la douleur de 20%, tandis que leur seuil de douleur n’a pas augmenté. Ils ont découvert qu’une sensation douloureuse l’est toujours autant qu’avant, mais qu’ils pouvaient tenir à ce niveau de malaise pendant un temps beaucoup plus long. Les non sportifs étaient tout aussi faibles ou résistants que pendant le premier tour du test.
L’une des choses intéressantes à propos de cette étude est la faible quantité d’entraînement qui a apparemment conduit à une si grande augmentation de la tolérance à la douleur. Les gens qui sont devenus physiquement actifs ont pédalé sur un vélo stationnaire trois fois par semaine, pendant 30 minutes à chaque fois, à une intensité modérée.
Il faut également noter que certains des tests de tolérance à la douleur ont été faits sur les bras des participants. Le test de tolérance à la douleur en question consistait à résister à ce que les chercheurs appellent un “stimulus nocif ischémique” qu’ils provoquent en diminuant le flux de sang (et en augmentant la douleur) en appliquant un garrot. Bien entendu, le fait de pédaler ne cible pas particulièrement les muscles des bras, ainsi l’augmentation de la tolérance à la douleur ne pouvait pas être attribuée au fait que les sportifs se soient habitués à la douleur à cet endroit précis de leur corps.
“Ce résultat apporte des éléments de preuve d’un mécanisme central comme modulateur principal de l’augmentation de la tolérance à la douleur, et suggère une nouvelle adaptation psychologique à l’entraînement” écrivent les auteurs.
Le fait d’améliorer sa forme physique rend plus résistant, et le fait d’être plus résistant pourrait aussi permettre d’être de plus en plus en forme, spéculent les chercheurs. Pour reprendre leurs mots : “l’entraînement sportif pourrait faciliter le développement du fonctionnement du cerveau qui augmente la tolérance de ces signaux et des sensations associées, et cette augmentation de la tolérance pourrait contribuer à améliorer la performance de l’endurance.”
Références :
[1] Aerobic Training Increases Pain Tolerance in Healthy Individuals. Jones, Matthew D. ; Booth, John ; Taylor, Janet L. ; Barry, Benjamin K. Medicine & Science in Sports & Exercise.
[2] Pain Pract. 2013 Sep ;13(7):524-32. doi : 10.1111/papr.12039. 2013 . Ultra-marathon runners are different : investigations into pain tolerance and personality traits of participants of the TransEurope FootRace 2009. Freund W, Weber F, Billich C, Birklein F, Breimhorst M, Schuetz UH.