Cela fait des années que de nombreuses personnes affirment que la méditation peut changer la façon dont on se comporte vis-à-vis des autres, et que cela nous rend plus empathique, mais une recherche montre que ce n’est pas le cas.
Cette étude, par des scientifiques de l’Université de Conventry au Royaume-Uni, de l’université Massey en Nouvelle-Zélande et celle de Radboud aux Pays-Bas, a passé en revue plus de 20 études qui avaient étudié les effets de différents types de méditation, comme celle de la pleine conscience et de la bienveillance, sur les sentiments et les comportements sociaux.
L’analyse initiale avait indiqué que la méditation avait un impact globalement positif. Les chercheurs déclarent que la méditation faisait que les personnes se sentaient modérément plus compatissantes ou empathiques par rapport à celles qui n’avaient fait aucune autre nouvelle activité émotionnellement engageante.
Cependant, une analyse plus poussée a révélé qu’elle ne jouait aucun rôle important pour ce qui est de réduire l’agressivité, les préjugés ou améliorer la manière dont quelqu’un est socialement connecté aux autres. Le résultat le plus inattendu de cette étude était cependant que les résultats les plus positifs concernant la compassion avaient des défauts méthodologiques importants, les niveaux de compassion dans certaines études n’augmentaient que si le professeur de méditation était aussi l’auteur du compte-rendu qui était publié.
Globalement, ces résultats montrent que les améliorations modérées rapportées par les psychologues dans les études précédentes, pourraient être le résultat de faiblesses et de défauts méthodologiques, disent les chercheurs. Leur recherche, publiée dans le journal Scientific Reports [1], ne comprenait que des études randomisées et contrôlées, celles de meilleure qualité, dans lesquelles les méditants étaient comparés à d’autres individus qui ne faisaient pas de méditation.
Toutes ces études ont utilisé des techniques de méditation séculières dérivées du bouddhisme, comme la méditation de la pleine conscience et la méditation de la bienveillance, mais aucune autre activité associée telle que le yoga ou le tai-chi.
Les chercheurs déclarent : “la popularisation des techniques de méditation, comme la pleine conscience, bien qu’elles soient enseignées sans croyances religieuses, semblent tout de même offrir l’espoir d’un monde meilleur ou d’une amélioration de soi. Nous voulions savoir quelle était la puissance de ces techniques pour ce qui de modifier les sentiments des individus et leurs comportements vis-à-vis des autres.”
“Malgré les espoirs importants des pratiquants et les études passées, notre recherche a trouvé que les défauts méthodologiques ont grandement influencé les résultats trouvés. La plupart des résultats positifs initiaux ont disparu quand les groupes de méditation étaient comparés à d’autres groupes qui réalisaient des tâches qui n’avaient pas de rapport avec la méditation. Nous avons aussi trouvé que l’effet bénéfique de la méditation sur la compassion a disparu si le professeur de méditation était aussi l’auteur des études. Ceci révèle que les chercheurs pourraient avoir involontairement déformé leurs résultats.
“Rien de tout cela n’invalide bien entendu les déclarations du Bouddhisme ou des autres religions à propos des valeurs morales et éventuellement du potentiel changement de vie qui reposent sur leurs croyances et pratiques. Mais les résultats de notre recherche sont bien loin des déclarations populaires faites par les méditants et certains psychologues.”
“Pour mieux comprendre l’impact réel de la méditation sur les sentiments et sur le comportement des gens, il faut d’abord s’occuper des faiblesses méthodologiques que nous avons découvertes, en commençant par les attentes élevées que les chercheurs peuvent avoir à propos de la puissance de la méditation.”
Références :
[1] Ute Kreplin, Miguel Farias, Inti A. Brazil. The limited prosocial effects of meditation : A systematic review and meta-analysis. Scientific Reports, 2018.