Le fait de courir régulièrement à n’importe quelle période de la vie n’augmente pas le risque pour une personne de développer une arthrose du genou, ou gonarthrose, mais cela pourrait même permettre de protéger le coureur contre le développement de cette douloureuse maladie [1].
L’arthrose est la maladie la plus fréquente qui touche les articulations chez les individus vers quarante ans ou plus. Elle se caractérise par une dégradation progressive du cartilage de l’articulation – le matériau de rembourrage qui termine les os longs – et qui cause des modifications dans les structures qui entourent l’articulation. Ces modifications peuvent comprendre une accumulation de fluide, une excroissance osseuse, un desserrement et un affaiblissement des muscles et des tendons, qui peuvent tous limiter le mouvement et causer une douleur et des gonflements.
L’arthrose du genou est une forme fréquente d’arthrose et est causée par une dégradation du cartilage dans l’articulation du genou. Les facteurs qui peuvent augmenter le risque d’arthrose du genou sont le surpoids, l’âge, une blessure ou le stress sur les articulations ainsi que l’hérédité.
La recherche passée sur une connexion possible entre la course à pieds et la gonarthrose s’était principalement concentrée sur les coureurs de haut niveau masculins, ainsi ces résultats pouvaient ne pas s’appliquer à toute la population en général. Les inquiétudes sur le fait que courir régulièrement pouvait être un facteur contribuant à l’arthrose du genou se sont focalisées sur le fait que la surcharge chronique et mécanique sur les articulations des genoux pourrait être nocive. Pourtant, les coureurs ont dans la majorité des cas un poids de corps, ou un IMC, plus faible qui les protège contre le développement de l’arthrose du genou.
“Les recommandations déclarent que tous les adultes doivent pratiquer une activité physique régulière, car il y a des preuves bien établies que l’activité physique est associée à une réduction des accidents cardiovasculaires et des décès”, explique le Dr Grace Hsiao-Wei Lo, auteure de l’étude. “Cependant, l’influence de ces activités physiques sur l’arthrose du genou n’est pas claire. Étant donné que la course à pieds est une activité physique de loisir qui implique une charge répétitive, qui pourrait être nocive pour l’articulation, je me suis intéressée à l’étude de la manière dont la course à pieds régulière était associée au développement de l’arthrose du genou.”
Pour savoir si le fait de courir régulièrement augmentait le risque d’arthrose du genou pour la population en général, les chercheurs ont utilisé les données provenant d’études d’observation de plusieurs centres, l’étude Osteoarthritis Initiative. Sur les 2683 participants de cette étude, 56 % étaient des femmes, la moyenne d’âge était de 64,5 ans et l’IMC moyen à 28,6. 29 % des participants ont rapporté qu’ils avaient couru à une certaine époque de leur vie.
Les patients ont passé des radios de leurs genoux, ont eu une évaluation de leurs symptômes et devaient compléter un questionnaire concernant leur activité physique durant toute leur vie (Lifetime Physical Activity Questionnaire (LPAQ)), qui a identifié leurs trois activités physiques les plus fréquentes qu’ils pratiquaient à différentes époques de leur vie et âge. Les plages d’âge étaient de 12 ans à 18 ans, de 19 à 34 ans, de 35 à 49 ans et 50 ans et plus.
Lors de la visite mensuelle du 48° mois, des radios du genou étaient réalisées et puis évaluées pour chercher des preuves d’arthrose du genou qui ont été échelonnées en utilisant l’unité de mesure de l’échelle Kellgren-Lawrence. Les participants qui avaient un score de 2 ou plus sur cette échelle étaient considérés comme ayant de l’arthrose du genou radiographique. Les chercheurs ont aussi mesuré si les participants avaient des douleurs fréquentes au genou (symptomatique) lors de cette visite.
Après avoir collecté toutes ces données, les chercheurs ont rapporté que les coureurs, quel que soit leur âge quand ils couraient, avaient une fréquence plus faible de douleur au genou, d’arthrose du genou radiographique et symptomatique, que ceux qui ne couraient pas. Pour les individus qui ont toujours couru durant leur vie, 22,8 % souffraient de gonarthrose symptomatique comparés à 29,8 % chez les non coureurs. Les individus avec les indices de masse corporelle les plus faibles étaient les plus susceptibles d’être des coureurs réguliers. Or le fait de courir régulièrement, même à un niveau amateur ou pour le plaisir, n’augmente pas le risque de développer de l’arthrose au genou, mais cela pourrait même protéger contre la maladie, concluent les chercheurs.
“Ceci ne règle pas la question de savoir si le fait de courir ou non est nocif pour les gens qui ont une arthrose au genou préexistante”, explique le Dr Lo. “Cependant, chez les gens qui n’ont pas de gonarthrose, il n’y a aucune raison de restreindre leur activité physique de course à pieds habituelle à n’importe quelle époque de leur vie étant donné que cela ne semble pas être nocif à l’articulation du genou.”
Références :
[1] American College of Rheumatology Annual Meeting 2014, Boston.