Une revue des recherches publiées révèle des incohérences dans les comparaisons entre le lait conventionnel et le lait biologique.
Les consommateurs pensent que le lait de vache biologique est différent du lait produit conventionnellement et que ces différences justifient le prix plus élevé du lait biologique. Dans une revue publiée dans le journal scientifique Journal of Dairy Science [1], des chercheurs de Nouvelle Zélande ont découvert que les différences entre le lait biologique et conventionnel ne sont pas si tranchées.
Passant en revue presque 200 publications, les chercheurs ont conclu que les études contrôlées qui ont été réalisées ayant étudié s’il existait des différences entre le lait produit biologiquement et conventionnellement ont été jusqu’à maintenant très ambiguës, notamment à cause de la complexité de ce domaine de recherche et du nombre important de facteurs et de variables qui peuvent influencer la composition du lait. “Cette revue présente l’un des traités les plus détaillés à ce jour sur la composition du lait biologique contre le lait conventionnel,” commente Matt Lucy, Professeur de Science Animale à l’Université du Missouri.
“Quand on compare la composition du lait biologique à celle du lait conventionnel (surtout les acides gras du lait), les études précédentes avaient généralement comparé la production laitière biologique, dont la production provient de vaches nourries dans les champs, à la production laitière conventionnelle qui vient de vaches nourries de façon plus industrielle. Les différences observées dans la composition du lait sont en réalité dues aux différents régimes alimentaires des vaches (i.e. les pâturages contre les aliments industriels) plutôt que d’une comparaison entre le système d’élevage biologique et le système d’élevage conventionnel,” explique Don Otter, l’auteur de l’étude.
Étant donné qu’il y a de nombreux facteurs qui affectent la composition du lait, il est difficile de tous les contrôler quand on compare la production de lait biologique à la production conventionnelle. Selon les scientifiques, “le terme de ’biologique’ n’est pas universel quand il est appliqué à la production laitière ; et dans une large mesure, il est simplement défini par des régulations qui diffèrent d’un pays à un autre. ’Conventionnel’ est fondamentalement tout ce qui n’est pas ’biologique’.
Cependant, dans de nombreuses parties du monde, la production laitière conventionnelle est associée à des niveaux élevés d’alimentation par céréales, par le recours à des races de vaches qui produisent des volumes importants de lait, et par l’application de larges quantités de fertilisants (élevage intensif), alors que la production laitière biologique est limitée aux pâturages et à l’alimentation par fourrages, avec des faibles quantités de fertilisants, et le recours à des races mélangées ou minoritaires. La grande majorité des différences rapportées entre le lait biologique et conventionnel vient de ce que mangent les vaches et de leur race, et ne vient pas du fait d’être en soi biologique ou conventionnel.
Ainsi, en termes de nutriments dans le lait, il n’y a rien de distinct entre le lait biologique qui le rende unique, du lait produit conventionnellement une fois que les différents facteurs qui influencent la production de lait sont comparés et ajustés. Si la génétique de l’animal, sa santé, son alimentation, sa méthode d’élevage ou son environnement diffèrent, alors il en sera de même pour la composition du lait produit.
Références :
[1] Organic and conventionally produced milk – An evaluation of factors influencing milk composition. B.H. Schwendel, T.J. Wester, P.C.H. Morel, M.H. Tavendale, C. Deadman, N.M. Shadbolt, D.E. Otter. Journal of Dairy Science, Volume 98, Issue 2.