Une recherche présentée lors de la conférence annuelle de la Society for the Study of Ingestive Behavior (SSIB), dont les recherches sont axées sur tous les aspects du comportement relatifs à l’alimentation et à la boisson, suggère que le comportement vis-à-vis du sommeil affecte le contrôle du poids du corps, et que la perte du sommeil a des ramifications non seulement sur le nombre de calories que nous ingérons, mais aussi sur la quantité d’énergie que nous brûlons.

Ces dernières années, un nombre croissant d’études épidémiologiques a découvert une relation entre la longueur de notre nuit de sommeil et l’obésité tout comme le diabète de type 2, ce qui suggère qu’un temps de sommeil insuffisant augmente le risque de prendre du poids et de développer du diabète.

Des travaux réalisés par des chercheurs des Universités Allemandes de Tubingen et de Lubeck et Suédoise d’Uppsala ont étudié les effets d’une privation du sommeil à court terme sur la faim, tout comme sur l’activité physique et l’énergie dépensée par le corps. L’activité physique a été mesurée par des appareils spéciaux portés au poignet qui détectent l’accélération. L’énergie utilisée par le corps a été évaluée par calorimétrie indirecte, une méthode qui estime la quantité de chaleur produite par une personne quand elle utilise de l’oxygène.

La privation de sommeil a augmenté la faim des participants, et aussi une augmentation de l’hormone de la faim qu’est la ghréline détectée dans le sang. En fait, plus la quantité de sommeil d’une personne était courte, et plus elle avait faim. Après seulement une nuit de sommeil interrompu, les volontaires se déplaçaient moins, ce qui n’était pas vraiment surprenant étant donné qu’ils étaient plus fatigués.

En outre, le fait de rester éveillé pendant une nuit complète a réduit la quantité d’énergie utilisée par le corps au repos. Cette recherche nous montre que quand nous sommes privés de sommeil, nous sommes plus enclins à avaler davantage de calories parce que nous sommes plus affamés. Ceci seul pourrait nous faire prendre du poids avec le temps. Cependant, la perte de sommeil signifie aussi que nous brûlons moins de calories, ce qui vient s’ajouter au risque de prendre du poids.

Des études en cours ont pour objectifs d’augmenter le temps de sommeil pour voir si cela pourrait nous aider dans nos efforts visant à contrôler notre poids. Tandis qu’il existe d’autres moyens avant d’avoir recours à l’amélioration du sommeil pour traiter l’obésité et le diabète, les résultats de la recherche disponible soutiennent clairement la notion selon laquelle le sommeil est impliqué dans l’équilibre entre la quantité de calories que nous mangeons et la quantité que nous utilisons à travers l’activité et le métabolisme.

Un sommeil suffisant constitue donc une part importante du plan pour perdre du poids, et devrait même être ajouté aux recommandations à côté du régime et de l’exercice physique, affirme le Canadian Medical Association Journal [1]. Les auteurs ont publié une étude qui a découvert que le temps total de sommeil et sa qualité était un indicateur de la perte de graisse chez les gens engagés dans un programme pour maigrir.

Bien que la restriction calorique et le fait d’augmenter l’activité physique soient recommandés pour maigrir, il y a suffisamment de preuves selon lesquelles un sommeil insuffisant contribue à l’obésité. Le manque de sommeil augmente le stimulus poussant à consommer plus de nourriture et augmente les hormones régulant l’appétit.

“La solution pour maigrir n’est pas aussi simple que ’moins manger, bouger plus et dormir plus’” notent les auteurs de l’article. “Cependant, un corps de preuves de plus en plus important suggère que les habitudes de sommeil ne devraient pas être négligées quand on prescrit un programme pour perdre du poids à un patient atteint d’obésité. Le sommeil devrait être inclus comme partie intégrante du style de vie qui se focalise traditionnellement sur l’alimentation et l’activité physique”.

Références :

[1] Jean-Philippe Chaput, Angelo Tremblay. Adequate sleep to improve the treatment of obesity. CMAJ, 17 Sept. 2012 DOI : 10.1503/cmaj.120876.

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