L’obésité est un facteur de risque pour de nombreux troubles qui affligent l’espèce humaine. Le fait de savoir comment conserver un poids de corps sain est l’un des problèmes les plus urgents auquel notre société doit faire face. En 2025, on estime que 18 % des hommes et 21 % des femmes seront obèses dans le monde.
Rien qu’aux États-Unis, 68,8 % des gens sont déjà considérés comme en surpoids ou obèses. Le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe avec le plus de problèmes de poids – 67 % des hommes et 57 % des femmes ainsi qu’un quart des enfants sont en surcharge pondérale [1].
Afin de perdre du poids et conserver un poids de corps sain, les politiques de santé publique préconisent d’avaler moins de calories, en réduisant le contenu en calories de ce qu’on mange ou en diminuant la taille des portions [2]. Mais le fait de seulement choisir des aliments peu caloriques n’est pas nécessairement la meilleure façon de maintenir un poids de corps sain. Il y a des centaines de régimes alimentaires qui réduisent les calories ingérées pendant une période donnée et qui font donc perdre du poids. Mais le nombre de ceux qui font un tel régime à une période donnée démontre que ce n’est pas une bonne solution à long terme.
Les études estiment qu’un quart des gens essaye continuellement de perdre du poids, et font du “yo-yo” [3]. Ce régime constant pour maigrir, puis de reprise de poids ensuite, pour en reperdre plus tard, font partie d’un cycle qui se répète sans cesse pour de nombreuses personnes. Le fait de perdre du poids est plus facile que de conserver le bénéfice de cet amaigrissement, pourtant, pour des raisons évidentes de santé, nous devons conserver un poids de corps plus bas.
Lutte contre la biologie
Bien que le fait de réduire les calories puisse faire maigrir, cela ne veut pas dire que si une personne revient à son alimentation habituelle elle va conserver son nouveau poids (plus faible). En fait, les études ont montré qu’après un régime hypocalorique, entre un et deux tiers des gens reprennent plus de poids que ce qu’ils ont initialement perdu [4]. Le problème fondamental avec les régimes hypocaloriques vient de ce que le corps humain défend son poids d’origine. L’évolution a produit un corps qui anticipe une future famine, avec pour conséquence que quand vous réduisez la consommation de calories il y a des pressions physiologiques fortes pour remplacer cette perte d’énergie.
Par exemple, le régime alimentaire fait que les intestins libèrent un ensemble d’hormones qui augmentent l’appétit, modifications qui sont toujours apparentes après que le régime soit terminé [5]. La leptine – qui nous permet de nous sentir rassasiés – est toujours plus basse un an après la fin d’un régime, tandis que la ghréline, une hormone qui stimule l’appétit, reste élevée. Donc même un an après qu’un individu ait fini son régime, il se sentira plus affamé que quand il a commencé son régime, en anticipant toujours une consommation plus importante d’aliments qu’avant le régime.
Le fait de réduire la consommation d’aliments réduit aussi le taux métabolique du corps et la production de chaleur corporelle [6]. La dépense d’énergie plus basse qui en résulte permet au corps devenu plus économe de revenir plus facilement à son poids initial, étant donné qu’il faut moins de calories pour remplir les fonctions corporelles de base.
Il y a aussi de plus en plus de preuves qui montrent que le fait de se mettre au régime modifie la sensibilité aux gouts. Par exemple, ceux qui ont récemment perdu du poids évaluent le gout du sucre comme plus agréable [7].
Lorsque des versions hypocaloriques des aliments sont inconsciemment consommées, il y a une tendance subconsciente qui vise à remplacer les calories perdues en modifiant d’autres aspects de l’alimentation [8]. Dans une étude, des chercheurs ont donné des boissons sucrées avec du sucre de synthèse (genre aspartame) à des participants qui l’ignoraient et qui pensaient consommer des boissons normalement sucrées. Les scientifiques ont découvert que bien que le premier jour les participants aient consommé moins de glucides, du second au septième jour la consommation d’énergie globale n’a pas été affectée : ils ont compensé ce manque de calories provenant des boissons par d’autres aliments ou d’autres boissons [9].
Le message à retenir de ceci est que le prix pour se libérer de l’obésité est la vigilance éternelle. Lorsque l’attention initiale associée à l’alimentation se dissipe, la biologie basique s’assure que le poids soit repris. Pour ceux qui ont conscience de leur poids, le fait de compter activement les calories peut être couronné de succès, mais perdre du poids et conserver le bénéfice de cette perte ne peut marcher que si la consommation calorique fait partie des priorités quotidiennes.
Le retrait passif des calories – par exemple quand un fabricant réduit la taille des portions ou qu’un gouvernement exige que les barres chocolatées ne contiennent pas plus de 250 calories – ne sera un facteur d’influence que si l’individu enregistre sans cesse sa consommation quotidienne de calories. Sans cet engagement psychologique, la biologie humaine de base reprendra le dessus et toutes les calories perdues seront remplacées.
Références :
[1] Global, regional, and national prevalence of overweight and obesity in children and adults during 1980–2013 : a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2013. The Lancet, Vol 384, No. 9945, pp 766–781, 2014.
[2] Reducing Calorie Intake May Not Help You Lose Body Weight. Perspectives on Psychological Science.
[3] Consequences of Weight Cycling : An Increase in Disease Risk ? Int J Exerc Sci. 2009 ; 2(3) : 191–201.
[4] Mann, T., Tomiyama, A. J., Westling, E., Lew, A.-M., Samuels, B., & Chatman, J. (2007). Medicare’s search for effective obesity treatments : Diets are not the answer. American Psychologist, 62(3), 220-233.
[5] Long-Term Persistence of Hormonal Adaptations to Weight Loss. N Engl J Med, 2011 ; 365:1597-1604.
[6] Am J Clin Nutr. 1998 Sep ;68(3):599-606. Adaptive reduction in basal metabolic rate in response to food deprivation in humans : a role for feedback signals from fat stores.
[7] Weight loss and sweetness preferences : The effects of recent versus past weight loss. Physiology & Behavior, Vol 49, Iss 6, 1991, pp 1037-1042.
[8] Can artificial sweeteners help control body weight and prevent obesity ? Nutrition Research Reviews. Vol 18, Iss 1, 2005, pp. 63-76.
[9] The effects of blind substitution of aspartame-sweetened for sugar-sweetened softdrinks on appetite and mood. Marie Reid, Richard Hammersley.