Il existe toutes sortes de croyances sur les causes expliquant comment les boissons énergisantes pour les sportifs augmentent la performance des athlètes, tout spécialement lors d’événements sportifs d’endurance tels que les marathons. Mais selon une étude pour le moins étonnante, ce ne sont pas les calories des boissons sportives (les athlètes en profitent même s’ils recrachent la boisson plutôt qu’ils l’avalent) ni leur agréable gout (les boissons avec des arômes artificiels n’augmentent pas la performance).
Au lieu de cela, Ed Chambers de l’Université de Cambridge et ses collègues suggèrent, dans un article du Journal of Physiology [1], que les hydrates de carbone dans la boisson s’associent aux récepteurs de la bouche qui en retour activent les centres du plaisir et de récompense du cerveau, incitant les athlètes à se pousser eux-mêmes plus dur sans réaliser combien ils forcent davantage lors de l’épreuve.
Pour leur étude, les scientifiques ont préparé des boissons contenant soit du glucose (un sucre), de la maltodextrine (un hydrate de carbone sans gout) ou de l’eau plate mixée avec des arômes artificiels pour qu’ils aient le même gout. Huit cyclistes d’endurance ont rincé leurs bouches pendant 10 secondes avec l’une des trois boissons, puis ont fait du vélo stationnaire.
Résultats : les athlètes qui ont trempé leur bouches avec les boissons au glucose ou à la maltodextrine ont surperformé ceux à l’eau plate aromatisée de 2 ou 3%, avec des pulsations en moyenne plus élevées et une dépense plus importante, même s’ils disaient ne pas sentir avoir fait plus d’efforts.
Chambers explique : “La plupart des bénéfices provenant des hydrates de carbone dans les boissons sportives sont apportés par un signalement direct de la bouche au cerveau plutôt que par un apport d’énergie aux muscles en action.”
Ceci a été confirmé par l’imagerie neuronale. En utilisant l’IRMf pour enregistrer l’activité du cerveau après que les athlètes rincent leurs bouche avec l’une des trois boissons, les scientifiques ont trouvé que le glucose et la maltodextrine augmentaient l’activité dans les régions associées à la récompense ou au plaisir (le cortex cingulaire antérieur et le striatum).
L’eau artificiellement aromatisée ne le faisait pas. Ils proposent que le sucre ou les hydrates de carbone se fixent dans les récepteurs de la bouche, causant une cascade de signaux qui activent ces régions du cerveau, avec comme résultat que les athlètes ne se sentent pas s’entraîner plus dur qu’ils ne le faisaient, contribuant à plus d’endurance et de dépense énergétique. Une fois encore, c’est comme si le cerveau, et non les muscles, gouvernait de façon ultime la façon dont nous réalisons une tâche purement physique.
Les scientifiques de résumer : “les hydrates de carbone dans la bouche activent les régions cérébrales qui peuvent augmenter la performance de l’exercice.”
Références :
[1] Carbohydrate sensing in the human mouth : effects on exercise performance and brain activity. The Journal of Physiology, 587, 1779-1794.