Une étude de chercheurs de l’École de Santé Publique de Harvard a trouvé qu’une sous-classe des lipoprotéines de haute densité du cholestérol (HDL), celui que l’on surnomme le “bon” cholestérol, pourrait ne pas protéger contre les maladies cardiovasculaires et coronariennes, et pourrait même en fait être nocif.
Cette étude, publiée dans le Journal of the American Heart Association [1], est la première du genre à montrer qu’une petite protéine, l’apoliprotéine C-III (apoC-III), qui réside parfois à la surface du cholestérol HDL, pourrait augmenter le risque de maladie de cœur, et que le cholestérol HDL sans cette protéine pourrait être plus particulièrement protecteur.
“Cette découverte, si elle est confirmée, pourrait conduire à une meilleure évaluation du risque de maladie cardiovasculaire chez les individus, et à des traitements plus ciblés visant à augmenter le cholestérol HDL protecteur, ou à diminuer le mauvais HDL avec cette protéine apoC-III” explique Frank Sacks, professeur de prévention des maladies cardiovasculaires et auteur de l’étude.
Un niveau élevé de cholestérol HDL est un indicateur fort d’une faible incidence de maladie cardiovasculaire. Mais des études sur des médicaments ont montré que le cholestérol HDL ne réduit pas toujours les maladies coronariennes, conduisant à l’hypothèse que le cholestérol HDL pourrait contenir à la fois des éléments protecteurs et non-protecteurs.
Les ApoC-III, une protéine pro-inflammatoire, réside à la surface de certaines lipoprotéines, à la fois HDL et LDL (lipoprotéines de basse densité ou “mauvais” cholestérol). Les chercheurs ont examiné si la présence ou l’absence d’apoC-III sur le cholestérol HDL affectait les qualités protectrices du “bon” cholestérol pour le cœur, et si son existence pouvait faire la différence entre le cholestérol HDL dans deux sous-classes, celle qui protège contre le risque futur de maladie cardiaque et celle qui ne protège pas.
Des échantillons de sang collectés en 1989 et 1990 provenant de 32826 femmes ont été analysés, avec d’autres échantillons de 1993 à 1995 de 18225 hommes. Pendant 10 à 14 ans de suivi, 634 cas de maladie de cœur ont été documentés et comparés au groupe contrôle sur l’âge, le tabagisme et la date de prélèvement du sang.
Les chercheurs ont comparé les concentrations plasmatiques en HDL total, en HDL avec l’apoC-III, et en HDL sans apoC-III, comme indicateurs du risque de maladie coronarienne.
Après avoir procédé aux ajustements sur l’âge, sur le statut vis-à-vis du tabac et autres habitudes alimentaires et du style de vie facteurs de risques cardiovasculaires, les chercheurs ont trouvé que deux sous-classes différentes de HDL avaient des associations contraires avec le risque de maladie de cœur chez les hommes et femmes apparemment en bonne santé. Le principal type de HDL, qui ne possède pas de protéine apoC-III, avait les associations protectrices du cœur attendues vis-à-vis des maladies cardiovasculaires. Mais la faible fraction (13%) de cholestérol HDL qui possède l’apoC-III présente à sa surface, était paradoxalement associée à un risque plus élevé, et non pas plus faible, de maladie coronarienne future. Ces hommes et ces femmes qui avaient le plus d’HDL avec la protéine apoC-III avaient une augmentation de 60% du risque de maladie de coronarienne.
Les résultats suggèrent que le fait de mesurer le HDL qui possède cette protéine apoC-III et le HDL sans cette protéine, plutôt que simplement mesurer le cholestérol HDL, pourrait être une mesure bien meilleure des maladies cardiovasculaires (ou de la capacité protectrice du HDL). “La réduction de la protéine apoC-III du HDL par le régime alimentaire ou des médicaments pourrait devenir un indicateur d’efficacité” conclut Jensen.
Références :
[1] Apolipoprotein C-III as a Potential Modulator of the Association Between HDL-Cholesterol and Incident Coronary Heart Disease. Majken K. Jensen, Eric B. Rimm, Jeremy D. Furtado, Frank M. Sacks, Journal of the American Heart Association, 2012.